Jusqu’où ira le M23 dans sa marche d’annexion de villes et villages de la République démocratique du Congo? Question brûlante à laquelle les Forces armées régulières et les dirigeants de la RD Congo, voudraient bien pouvoir répondre, et le cas échéant, mettre fin à cette progression des troupes ennemies. Alors que tous se focalisent encore sur Goma, la capitale du Nord-Kivu, qui bat désormais pavillon M23, les rebelles eux visent désormais plus loin. Et pour les contrer, après avoir annoncé une riposte d’envergure et dénoncé l’attitude d’une communauté internationale aphone et atone qui ne se donne pas les moyens de mettre fin aux attaques du M23 que le Rwanda est accusé de soutenir, Félix Tshisekedi repose également ses espoirs sur les actions diplomatiques de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) qui multiplient les tentatives d’apaisement de la tension, malgré, chaque fois, l’absence de l’un ou de l’autre protagoniste, le Rwandais Paul Kagame, même s’il l’a toujours nié, étant pointé du doigt comme le véritable patron du M23. Sans oublier les rencontres, jusqu’à présent, improductives du Conseil de sécurité de l’ONU
Diplomatie, mais pas que! Si le temps viendra où les dirigeants de la RD Congo, notamment Félix Tshisekedi qui continue de croire qu’une guerre peut se gagner par les accusations et les discours, se rendront compte de leur échec politico-militaire, car ne faisant montre d’aucune stratégie, l’heure, est plutôt au dialogue de sourds. Et le M23 continue son avancée! La dernière trouvaille du pouvoir, qui ne sonne pas moins comme un aveu d’échec, est l’appel au front, de populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. Ou plutôt à quelles forces de défense se fier! Certes le patriotisme constitue le premier, pour ne pas dire l’atout déterminant dans une guerre contre des envahisseurs étrangers, mais que pourront réellement des hommes aux mains nues, ou armés mais sans aucune notion militaire, face à des rebelles lourdement équipés et déterminés à mettre le pouvoir central en difficulté? Comment et avec qui négocier, alors que Kigali nie toute implication dans la guerre et que Kinshasa refuse de discuter avec des rebelles? La RD Congo, mise en posture de faiblesse sur son propre territoire, va-t-elle se permettre d’offrir de la chair à canon à ses ennemis en laissant les populations affronter les combattants du M23? Que pourront ces civils qui s’enrôlent massivement, là où les professionnels des armes peinent à s’imposer?
Après le Nord-Kivu dont l’emblématique capitale, Goma, semble être tombée dans la besace du M23, le Sud-Kivu et Bukavu sont, plus que jamais, sous la menace de rebelles qui rien ne semble pouvoir arrêter actuellement. En tout cas, à défaut d’occuper le territoire national dans son entièreté, le M23, tente, et réussit plutôt bien, à se mettre en position de force, pour les négociations, si négociations il y a un jour! Et Goma continue de compter ses morts et de soigner ses blessés!
Par Wakat Séra