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RD Congo: le Dr Mukwege, la femme, et la présidentielle

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Le chirurgien congolais, Denis Mukwege

On dirait que les fleurs vont tenir leur promesse. Celle de voir le Dr Mukwege candidater pour la fonction suprême, en décembre 2023. Les femmes y tiennent dur comme fer. Et, à bas bruit, elles poussent la roue…

La question, en soi lancinante, reste toujours en l’air: sera-t-il candidat ou non, ce Nobel de la paix? Les femmes chrétiennes protestantes de Bukavu, un peu «à leur sauce», ont répondu à la question. Mardi 16 août, en l’église CEPAC/ SAYUNI, les fidèles féminines ont décerné au Dr Mukwege un «diplôme d’honneur», en signe de gratitude pour l’énorme travail abattu par ce dernier «en faveur de la dignité de la femme».

En dépit d’attitudes pieuses à garder en ce lieu de culte, l’atmosphère y était bon enfant. Contrairement aux usages, les organisatrices de la journée se sont confinées dans un second rôle, laissant l’invité prendre en premier la parole. Eu égard sans doute à son rang, surtout celui de pasteur. Mais pas que. En réalité, elles voulaient clôturer la séance, par en lever un coin du voile: donner la vraie signification de la circonstance.

Les amarres sont larguées

Dans son speech, aux accents mi-évangéliques, mi-humanistes, et même mi-politiques, en creux, l’homme de Dieu a appelé les femmes chrétiennes «à être utiles dans la société, mais à porter également l’évangile au loin. Sans complexe».

Cependant, l’apothéose de cette manifestation, pour ainsi dire, sera à attribuer à la prise de parole par la représentante du comité organisateur. Calme, sur un ton enjoué, mais sans détour, elle a clamé, à l’adresse du médecin: «Si vous réparez les femmes, vous pouvez aussi réparer le pays». Un appel du pied qui ne trompe personne. Mais, un appel tout maternel. 

«Anodin», pour d’aucuns;  «une allégation sans cohérence», pour les scientifiques, qui raisonnent en termes de syllogisme; «Mukwege n’est pas Dieu», pour d’autres, les cyniques invétérés. Ces genres de réactions, en pareille circonstance, n’auront rien de surprenant. Quoi qu’il en soit, les amarres sont larguées. «C’est un faible début, qui en dit long», nous aura fait comprendre notre correspondant au Canada. On y souscrit.

Plutôt, des mangues mûres

En attendant, le chirurgien ne s’est toujours pas exprimé, à ce sujet, alors même que l’insistance ne cesse de se muscler, sur les réseaux sociaux, pour lui demander de se déclarer candidat. Au point d’imaginer qu’une bonne partie du peuple irait jusqu’à lui en forcer la main.

Qu’en penser? On dirait que le prix Nobel attende que les fleurs du cerisier, la nuit prochaine, terminent totalement leur cycle d’éclosion… et que les fruits murissent! Puisque, cette fois-ci, les Congolais attendent de leur proposer des cerises mûres. Si vous voulez, plutôt, des mangues mûres (en foison en RD Congo). Et il en est pleinement conscient.

Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France