Accueil A la une RD Congo: une amorce de sape pour tomber Tshisekedi

RD Congo: une amorce de sape pour tomber Tshisekedi

1
Entente et détente entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi (à gauche). Mais ça, c'était avant! (Ph. Reuters)

Tout se passe dans la logique de Joseph Kabila et de son FCC de gagner tous les votes. Il y eut été étonnant, voire surréaliste, que Thambwe Mamba, candidat de la plate-forme fidèle à l’ancien chef de l’Etat, perde le scrutin pour l’occupation du perchoir du Sénat. Mais, il l’a difficilement emporté par 65 voix contre 43 voix arrachées par Modeste Bahati Lukwebo, pour un total de 108 votants. Moins la voix de Kabila, absent à la séance. C’était le samedi 27 juillet.

Bahati Lukwebo est à féliciter avec un roulement de tambour, du fait que l’histoire retiendra qu’il aura été le premier homme politique à claquer la porte du FCC et à défier ensuite celui-ci à travers un vote.

En somme, l’ancien ministre de la justice, Thambwe Mamba, un des thuriféraires du premier cercle de Kabila, ne peut se réjouir d’un succès qui a tout d’une gloriole. Compte tenu de son âge (76 ans), de sa longue carrière politique, de sa richesse immense et de sa proximité avec le «raïs», il aurait dû faire mieux que par cette victoire poussive contre un Bahati Lukwebo, décidé à monter sur le ring et à combattre presqu’à mains nues.

Au-delà de cette décision téméraire de Bahati Lukwebo, il n’y a pas à voir que la victoire du courage d’un homme qui s’est arrêté, en se disant «ça suffit», mais la fragilité de l’édifice que Kabila est en train de construire pour se maintenir au pouvoir. L’acte du challenger de Thambwe Mamba  vient de démontrer que le FCC est une mosaïque constituée non pas de convictions politiques, mais plutôt d’illusions et de profits matériels.

Maintenant que la direction du Parlement est entièrement à la dévotion du «raïs», aussi bien  l’Assemblée nationale que le Sénat, que reste-il à faire par le FCC? L’expérience nous montre que Kabila et ses comparses ne font jamais rien au hasard. Toutes les étapes que la vie politique congolaise est en train de traverser, depuis la grande mascarade de la passation du pouvoir entre Kabila et Etienne Tshisekedi, sont réglées comme du papier à musique.

Les temps sont mûrs

La réponse est simple. Le nouveau cap pour le FCC est maintenant l’amorce d’un travail de sape pour faire tomber Tshisekedi. Jusque-là, celui-ci n’a fait que multiplier des erreurs, après avoir pensé que Kabila le laissera évoluer sans anicroche. Puisqu’il aurait été élu par le peuple, donc «président élu», sa première démarche positive aurait été celle de s’émanciper de l’ancien président -rompre unilatéralement l’accord qui les lie. Il aurait, ensuite, cherché à démontrer que la majorité ainsi gagnée par le FFC, au niveau des législatives, était pure invention, sans aucune logique. Enfin, il se serait dépensé à faire cause commune avec Lamuka.

La formule aurait marché à merveille, puisque le peuple séparé par la mésentente des leaders, réconciliés, se serait réconcilié avec lui-même, à son tour, pour exiger le départ de Kabila. Au lieu de cela, Félix Tshisekedi a cherché le serrage de boulons de son siège éjectable à l’extérieur. Y compris au Rwanda et en Ouganda, dont le regard sur la situation en RD Congo, n’est pas du tout désintéressé. Que pourront faire ces pays contactés s’il arrive que le FCC décide le destituer? Rien du tout.

Or, tel est l’enjeu de la démarche entreprise par Kabila. Pour lui, c’est le pouvoir et rien d’autre. Et le chemin royal pour y parvenir, dans le contexte actuel, restait la mise en accusation et la destitution de Tshikedi par le Parlement. La suite passe comme une lettre à la poste: modification de la Constitution et élection d’un nouveau président par le Sénat. En la personne de Kabila.

Sur le papier où dans l’imagination, tout cela semble facile à réaliser. Mais, c’est sans compter, désormais, avec un effet de criquet: le peuple dont le FFC ne tient aucunement compte.  Car, le peuple congolais de 2018 – qu’on nous le conteste ou non – n’est pas celui de 2019. En témoigne l’attitude homérique de Modeste Bahati Lukwebo. Par cette brèche s’engouffreront, sûrement, plusieurs autres kabilistes repentis. Mine de rien, les temps sont comme mûrs!

Les temps sont comme mûrs, puisqu’à consulter «les réseaux sociaux», les cris d’orfraie montent de partout, en RD Congo, et même en Afrique, pour moquer l’occupation du perchoir du Sénat par Thambwe Mwamba qui est accusé d’être un «criminel» de guerre par un juge belge.

Par Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France