Accueil Editorial RDC: les dernières cartouches de Kabila?

RDC: les dernières cartouches de Kabila?

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Le clergé congolais tombera-t-il devant le projet funeste de Joseph Kabila de s'ouvrir la voie de la présidence à vie? (Ph. voaafrique.com)

Après le cuisant échec de l’opération «zéro mort» pompeusement annoncée avant la marche des laïcs le dimanche 25 février, les autorités de la République démocratique du Congo ont maladroitement essayé de nier, comme elles l’ont toujours fait du reste, les deux morts enregistrés à Kinshasa et Mbandaka! Finalement,  par la voix de la ministre en charge des droits humains, le pouvoir décrié de Joseph Kabila a reconnu et regretté ces deux victimes en insistant que des enquêtes seront menées pour situer les responsabilités et prendre des sanctions. Si le ridicule pouvait tuer! Encore deux morts! La comptabilité macabre croît inexorablement dans ce combat engagé par le Comité laïc de coordination (CLC) pour amener le président congolais à respecter l’accord dit de la Saint Sylvestre. Mais Joseph Kabila qui n’en est pas à sa première, et sans doute pas à sa dernière, ruse pour s’ouvrir la voie de la présidence à vie en commençant pas s’octroyer un troisième mandat que lui interdit la loi fondamentale de son pays, reste dans sa logique de répression sanglante.

Après les marches du 31 décembre 2017, et celle du 21 janvier 2018, voici que la manifestation de ce dimanche 25 février, la troisième, marche comme la troisième chute de Jésus Christ sur la route de Golgotha pour y être crucifié, vient elle aussi, d’enregistrer ses morts et ses blessés. Et comme les fois précédentes, le pouvoir de Kabila nie que des manifestants ont été tués! A combien le président de la République démocratique du Congo (RDC) et ses sbires ont-ils fixé la barre de morts pour abandonner leur projet funeste de rester aux affaires en alignant des cadavres?

En tout cas, cette année, le chemin de croix est plus dur que d’habitude pour les chrétiens de la RDC. Malgré les appels à la raison lancés depuis le Vatican et nonobstant les mesures prises, entre autres par l’Union européenne et les Etats Unis contre certains dirigeants, Joseph Kabila reste droit dans ses bottes. Même la montée au front des protestants pour le pousser à la sortie ne le fait pas ciller. Surtout qu’il réussit bien à tenir en respect, la société civile  et son opposition. S’il a simplement appelé avec succès certains opposants à la soupe, en manipulant habilement la justice, il tient d’autres éloignés de la RDC, comme Moïse Katumbi. Même le cadavre de Etienne Tshisekedi n’a pas échappé à la loi de l’exil, le corps de l’opposant historique, à la suite de son décès le 1er février 2017, continuant de meubler un funénarium de Bruxelles, la capitale du pays des ancêtres belges des Congolais!

L’Eglise catholique sera-t-elle la prochaine victime de Joseph Kabila plus que jamais déterminé à décrocher son troisième mandat? Rien n’est moins sûr, car malgré la lenteur de la machine, le président congolais est visiblement en train de tirer ses dernières cartouches, au propre comme au figuré.

En attendant sa chute programmée, ce malgré le soutien, encore peut-être plus pour longtemps de son armée, et surtout la phobie légitime des Congolais de vivre encore les affres d’une guerre, après celle qui a conduit à la chute de feu Mobutu et la prise de pouvoir de Kabila père, Kabila fils fait feu de tout bois. Il s’accroche à un pouvoir qu’il lâchera, où qui le lâchera, c’est selon, dans un avenir probablement proche. Les Congolais n’accepteront sans doute pas encore pour longtemps de continuer à servir de chair à pâté à un régime, dont seuls les intérêts égoïstes et très personnels comptent pour les dirigeants. Pour l’instant, le chemin de croix se poursuit pour les catholiques de la RDC, avec ses morts, blessés et prisonniers!

Par Wakat Séra