Accueil Editorial RDC: Shadary et Kabila, blanc bonnet et bonnet blanc!

RDC: Shadary et Kabila, blanc bonnet et bonnet blanc!

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Ramazai Shadary, le candidat du FCC à la présidentielle de décembre prochain (DR)

Fin de suspense en République démocratique du Congo. Dans son rôle de metteur en scène parfait, Joseph Kabila vient de passer le témoin à Emmanuel Ramazani Shadary, celui qui tentera de conduire le Front commun pour le Congo (FCC) vers la conservation du pouvoir. C’est lui, le champion qui défendra les couleurs de la majorité à l’élection présidentielle prévue pour le 23 décembre prochain en République démocratique du Congo (RDC). L’oiseau rare est donc connu, dévoilé juste avant la clôture, ce mercredi 8 août, date limite de dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle. En tout cas, il n’a pas été trouvé bien loin, le précieux trésor du FCC, Shadary étant un très proche de Joseph Kabila et secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). Par cette carte, les joueurs de belote l’appelleraient la «der», Joseph Kabila donne la preuve qu’il est, et reste le maître du jeu. Et ce choix de l’ancien vice premier ministre de l’Intérieur et de la sécurité, est un signal très ostensible de provocation que Kabila adresse à la communauté internationale. Pour la simple raison que le candidat du PPRD et du FCC est sous le coup de sanction de l’Union européenne. Question: Si la candidature de Shadary est validée et que celui-ci, le cas échéant, devient président de la RDC, quel type de rapport entretiendra-t-il avec la communauté internationale? Nouveau bras de fer en perspective avec les pays européens. Les manifestations réprimées dans le sang et marches étouffées dans les cours d’Eglise, conjuguées aux sanctions et menaces de la communauté internationale, notamment de l’Union Européenne, ont-elles finalement ramené l’homme fort de Kinshasa à la raison? Sans doute.

S’il passe le tamis de la validation des candidatures, Emmanuel Ramazani Shadary aura fort à faire face à des poids lourds de l’opposition comme l’ancien président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe, dont la force de frappe est certes très à relativiser désormais, ou Félix Tshisekedi, le fils de l’autre dont le cadavre est toujours en exil en Belgique, sur fond de marchandages politiques. Mais ce ne sont pas seulement les morts qui sont interdits de retour au bercail. Fait partie des persona non grata en RDC, l’un des adversaires les plus sérieux du pouvoir en place, le richissime homme d’affaires congolais, Moïse Katumbi Chapwe étant bloqué à la frontière zambienne, avec sur sa tête le couperet de la justice qui pourrait s’abattre sur sa tête, poursuivi et condamné qu’il est pour plusieurs chefs d’inculpation. Ce harcèlement politique dénoncé par ses avocats et dans son fief de Lubumbashi où, la dernière manifestation de femmes a fait quatre morts, des blessés et plusieurs interpellations, n’a pas fait plier le pouvoir de Kabila.

Une chose est certaine, c’est déjà une victoire et un soulagement pour le peuple congolais d’aller à cette élection sans Joseph Kabila. Tout le monde, y compris le camp présidentiel redoutait des violences et un embrasement du pays si Joseph Kabila optait d’aller à ce troisième mandat de tous les dangers. L’alternance n’est pas pour autant acquise, Emmanuel Ramazani Shadary et Joseph Kabila, pouvant se révéler être «blanc bonnet et bonnet blanc». Sauf que les aspirants au changement peuvent toujours miser sur le désormais ex-pensionnaire de la Cour pénale internationale, Jean-Pierre Bemba. Que va-t-il se passer en RDC, à partir de ce mercredi 8 août 2018? On ne sait pas, sommes-nous tentés de répondre le plus trivialement du monde. La RDC reste à la croisée des chemins, la crédibilité, la transparence et l’inclusivité des prochaines élections étant une autre paire de manche.

Par Wakat Séra