Accueil A la une Reprise des cours au Burkina: les directives des syndicats de l’éducation 

Reprise des cours au Burkina: les directives des syndicats de l’éducation 

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Ceci est une Lettre circulaire de la Fédération des Syndicats nationaux des Travailleurs de l’Education et de la Recherche (F-SYNTER), du Syndicat national des personnels d’administration et de gestion de l’éducation et de la recherche (SYNAPAGER), du Syndicat National des Travailleurs de l’ Éducation de Base (SYNATEB) et  du Syndicat des travailleurs de l’action sociale (SYNTAS), dans laquelle ils dégagent les directives à mettre en œuvre pour la bataille au sein des établissements scolaires. 

« A toute structure ;
A tout militant(e)

Le vendredi 29 mai 2020, vos organisations syndicales, conformément à leur but de défense des intérêts du système éducatif et des intérêts matériels et moraux des travailleurs, ont claqué la porte d’une rencontre d’information initiée par le MENAPLN et dont l’objectif était de demander leur accompagnement pour la mise en œuvre des décisions prises par le gouvernement au cours du conseil des Ministres du 27 mai 2020 sur la finalisation de l’année scolaire 2019-2020. Cette réaction traduit leur rejet de ces mesures qui consacreront davantage la dégradation de la qualité de l’éducation et introduiront des iniquités entre les élèves. Nos organisations se sont toujours battu pour un système éducatif de qualité et accessible à tous les enfants de notre peuple. En outre, si elles constituent des partenaires, nous ne pouvons admettre que l’on les contourne dans les prises de décisions qui impactent l’institution éducative et les conditions de travail des acteurs du système éducatif. Pire, elles ne peuvent servir de faire valoir par un gouvernement et qui plus est, s’illustre par une répression haineuse des travailleurs. Depuis le 5 mai 2020, le Ministre Ouaro, au cours d’une audience à laquelle il nous avait convié, a indiqué que le gouvernement nous reviendra avec une réponse sur nos préalables portant sur le rétablissement sans condition des suspensions des salaires des travailleurs et le remboursement de toutes les sommes coupées ; l’établissement de la responsabilité de tous ceux qui ont travaillé à la prise de ces mesures illégales, criminelles contre les travailleurs. Sans nous revenir sur la question, il affirme devant la presse qu’il a transmis notre préalable au gouvernement et que lui il continue de mettre en œuvre leur plan de reprise des cours. Une façon de dire que cette question est sans aucune importance pour lui. Cela est inadmissible et inacceptable. Chaque militant(e) et travailleur(e) doit comprendre que le gouvernement ne nous laisse d’autre choix que celui de la lutte. Il doit aussi comprendre que ladite lutte se mène sur différents fronts. Par la présente Lettre circulaire, les Bureaux nationaux dégagent les directives ci-dessous à mettre en œuvre pour la bataille au sein des établissements :

1. L’exigence de la prise de mesures barrières dans tous les établissements à savoir la disponibilité des masques comme l’a annoncé le gouvernement (2 masques par enseignant et par élève), la disponibilité de dispositifs de lavage des mains et le respect de la distanciation d’au moins un (1) mètre entre les apprenants. Le non-respect de l’une ou l’autre de ces barrières doit conduire au refus de rentrer dans les classes ;

2. L’exigence du retour de tous les élèves dans les établissements pour une exécution des programmes à une hauteur nécessaire à leur bonne formation en vue d’achever et surtout d’achever convenablement l’année scolaire 2019-2020 pour tous ;

3. La non-participation ou mise en œuvre de tout mécanisme d’évaluation des apprenants sans une levée des préalables posés par nos organisations syndicales ;

4. La non-participation à tout conseil de classe ou d’enseignants du fait que les règles codifiant les normes de passage ou de redoublement dans les établissements sont bafouées par les décisions édictées par le conseil des Ministres du 27 mai 2020. Le gouvernement a pris la lourde responsabilité, par ces décisions, de mettre de côté les instances statutaires de fonctionnement des établissements et qui planchent sur les décisions relatives aux modalités de passage ou non des élèves en classe supérieure. Les professionnels de l’éducation doivent s’abstenir d’accompagner cette forfaiture qui banalise leur outil de travail, sape la qualité du système éducatif et introduit de l’iniquité entre les apprenants ;

5. L’exigence des droits des personnels de l’éducation, notamment du privé, victimes de la fermeture des universités et établissements et la prise de mesures pour leur accompagnement ;

6. L’organisation de rencontres avec les parents d’élèves, les élèves, quand les conditions le permettent, afin de leur expliquer les enjeux de la situation. Il s’agit de leur faire percevoir et comprendre que nos organisations ne s’opposent nullement à un achèvement de l’année scolaire. Au contraire elles se battent pour qu’elle s’achève mais qu’elle s’achève correctement dans l’intérêt des élèves. Autrement, à partir de la rentrée scolaire prochaine, seuls les élèves dont les parents ont les moyens de leur prendre des « répétiteurs » pourront s’en sortir. Nous ne pouvons être complices de la construction d’une école élitiste.

Camarades, nous sommes à un tournant important. Seule notre détermination, notre organisation et notre mobilisation nous permettront d’arracher des acquis sur le terrain, de défendre le système éducatif et d’améliorer nos conditions de vie. L’heure n’est ni à des calculs égoïstes, ni à du sentimentalisme naïf !

Les structures et militant(e)s sont invités à une mise en œuvre correcte de ces directives.
Seule la lutte paie ! »

30 Mai 2020

Pour la F-SYNTER
Souleymane BADIEL
Secrétaire Général

Pour le SYNAPAGER
Windyam ZONGO
Secrétaire Général

Pour le SYNATEB
François de Salle YAMEOGO
Secrétaire Général

Pour le SYNTAS
Juste Koumara LOGOBANA
Secrétaire Général