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Retrait de l’AES de la CEDEAO: le Burkina « saura répondre aux provocations d’où qu’elles viennent »

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Le Premier ministre burkinabè, Me Apollinaire Kyelem de Tambèla

Le Burkina Faso, Etat membre de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui a décidé le 28 janvier dernier de se retirer de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), « saura répondre aux provocations d’où qu’elles viennent ». C’est ce qu’a déclaré, le Premier ministre burkinabè, Me Apollinaire Kyélem de Tambèla, face aux opérateurs économique à qui il a expliqué les raisons qui fondent leur retrait de l’organisation de l’Afrique de l’Ouest et les perspectives pour l’avenir du Faso, ce lundi 12 février 2024, à Ouagadougou.

Le chef du gouvernement burkinabè, Me Apollinaire Kyélem de Tambèla, soutenus par une forte équipe de ses ministres, a rencontré, ce lundi 12 février 2024, à Ouagadougou, les hommes d’affaires du pays pour leur faire part du retrait de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), fin janvier dernier. « Le 28 janvier 2024, les Etats membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) se sont retirés sans délai, c’est-à-dire avec effet immédiat de la CEDEAO », a précisé le Premier ministre de la transition burkinabè qui dit comprendre que cela suscite des interrogations.

« Notre retrait de la CEDEAO n’est orienté contre personne, contre aucune institution ou contre aucun Etat. Il vise à assumer notre souveraineté et à assurer la sécurité et la prospérité des populations de notre espace », a déclaré le Premier ministre Kyélem de Tambèla, ajoutant que « toutefois, nous saurons répondre aux provocations d’où qu’elles viennent ».

Une vue du présidium

Connu pour avoir des analyses pertinentes sur l’histoire géopolitique, notamment, celle du Burkina Faso et de la sous-région, sur l’espace médiatique bien avant sa nomination en tant que chef du gouvernement, Me Kyélem, a rappelé que « nos pays ont existé avant la création de la CEDEAO (28 mai 1975). La période pendant laquelle, il y a eu le plus de mouvement de populations, plus de libre circulation, c’est avant la création de la CEDEAO ». A l’en croire, « la plupart des Burkinabè qui sont établis au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Mali, y sont allés avant la création de la CEDEAO ».

« Je rappelle que depuis le 9 mars 1960, il existe entre le Burkina et la Côte d’Ivoire une convention relative aux conditions d’engagement et d’emplois, des travailleurs burkinabè en Côte d’Ivoire. De même, existe-t-il des conventions bilatérales avec d’autres pays dans plusieurs domaines », a-t-il poursuivi.

Le retrait du Burkina de la CEDEAO « va donc nous permettre de nous réorganiser en fonction de nos intérêts et de signer des accords bilatéraux avec ceux qui le voudront dans divers domaines en fonction des intérêts réciproques. Et ce, de manière indépendante sans l’immixtion de quelque puissance que ce soit », a-t-il affirmé.

Selon lui, « rien n’empêche donc de renouveler ou d’adapter en cas de besoin nos relations avec chaque Etat membre de ce qui reste de la CEDEAO ». « Mais plus jamais, personne ne pourra encore instrumentalisée une institution quelle qu’elle soit ou un Etat quelconque pour nous imposer ou nous faire subir quoique ce soit », a fait savoir le Premier ministre. « Aucun divertissement ni aucune diversion ne saurait nous surprendre », a-t-il poursuivi.

Une vue des invités dans la salle

A cette rencontre avec le gotha des opérateurs économiques du Burkina Faso, Premier ministre, Me Apollinaire Kyélèm de Tambèla, a d’abord partagé avec son auditoire du jour, quelques réflexions sur les causes avant d’enchaîner avec les perspectives résultantes du retrait. Il a accusé la CEDEAO, l’Union africaine (UA) et la communauté internationale de n’avoir pas soutenu comme il le fallait, les Etats membres de l’AES, pour qu’ils arrivent à éradiquer le phénomène du terrorisme qui sévit dans la zone depuis maintenant plus de dix ans. Pire, il a pointé du doigt, les structures sous régionale et internationale de complicité dans cette guerre contre les hommes sans foi ni loi. « A partir de 2015, les terroristes ont pénétré le territoire burkinabè sous le regard toujours complice de l’UA, de la CEDEAO et de la communauté internationale », a-t-il soutenu.

Il dit avoir personnellement reçu des délégations de l’Union africaine et de la CEDEAO dont l’apport au Burkina Faso dans sa reconquête des territoires occupés est quasi inexistant.

« Quand elles arrivaient, leur seule préoccupation était premièrement la date qui a été fixée pour les élections et deuxièmement de rencontrer les partis politiques qui sont eux-mêmes responsables de la situation que nous vivons. Ce, sans aucun souci pour les populations martyrisées par le terrorisme ni sur les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre le terrorisme. En conséquence, j’avais donc décidé de ne plus rencontrer des délégations de l’Union africaine et de la CEDEAO », s’est-il lâché.

Pour Me Kyélem de Tambèla, le point culminant qui a renforcé leur décision sur le départ de la CEDEAO est l’intervention du président français Emmanuel Macron de façon directe dans l’Organisation sous régionale à la survenue du coup d’Etat du Niger.

Par Bernard BOUGOUM