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Russie-Ukraine: quatre colombes s’envolent de l’Afrique

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Les déflagrations de la guerre Russie-Ukraine n'épargnent pas l'Afrique (Ph. Amnesty International)

De sept, ils sont passés à quatre. Le nombre ne faisant pas toujours la force, les chefs d’Etat africains qui ont pris leurs bâtons de pèlerin, non pour la Mecque en pleine saison du Hadj, mais en direction de la Pologne avant de mettre, ensemble, le cap sur Boutcha en Ukraine, puis Saint-Petersbourg en Russie, sont plutôt en route dans une tentative de ramener deux voisins qui se tirent dessus à la raison.

Azali Assoumani, des Comores et président en exercice de l’Union africaine, le Sénégalais Macky Sall, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa et le Zambien Hakainde Hichilema, flanqués du Premier ministre égyptien et du ministre des Affaires étrangères ougandais qui parleront au nom de leurs chefs d’Etat respectifs, tenteront de faire cesser la pluie de bombes que fait tomber l’ours russe sur Kiev. Le Congolais Denis Sassou Nguesso, ne sera plus de la partie. Paradoxe des paradoxes, la fondation initiatrice de cette médiation qui est une mission, peut-être pas impossible, mais bien délicate, porte le nom de «Brazzaville», cette ville étant la capitale du Congo, dont Denis Sassou Nguesso est le président. Pourtant, le Congolais n’a pas, officiellement en tout cas, avancé une excuse d’empêchement majeur comme l’a fait l’Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi, et il n’a pas le Covid-19 comme son homologue ougandais, Yoweri Museveni. Le «Brazzavillois» est-il déjà convaincu de l’échec ou d’un impact dérisoire de ce périple dans les ruines ukrainiennes? A-t-il rêvé d’une intensification du conflit, surtout que Kiev annonce une contre-offensive d’envergure contre l’assaillant russe? Seul l’avenir lui donnera raison…ou tort!

Pour l’instant, dans 24 heures, les quatre messagers de la paix, venus de l’Afrique et qui, par leur démarche pacifiste, tenteront de sauver l’accord céréalier qui permet à l’Afrique d’être encore ravitaillée en blé, et autres engrais agricoles russes et ukrainiens. En grand consommateur devant l’Eternel pour qui le «consommer local», la célèbre option du révolutionnaire burkinabè Thomas Sankara, n’est, sans plus, qu’un slogan, le continent noir ressent durement les déflagrations de cette guerre, jusque dans les assiettes des ménages. Pourtant il est dit qu’«à quelque chose, malheur est bon»! Africains qu’avez-vous fait de ce proverbe légendaire, qui traverse les époques sans le moindre risque de contradiction? Au lieu de tirer profit de ce clin d’œil de la nature et saisir l’opportunité de produire ce qu’ils consomment et de consommer ce qu’ils produisent, les Africains continuent d’espérer un retour de la paix entre les deux belligérants, pour manger du pain fabriqué avec le blé russe ou ukrainien.

En tout cas, les colombes de la paix africaines, pourraient bien rencontrer oreille attentive à Saint-Pétersbourg, eux qui, dans leur grande majorité, ont refusé de voter pour les résolutions de l’ONU contre la Russie. De même, l’Afrique étant une terre très convoitée actuellement par la Russie dont les drapeaux flottent dans toutes les manifestations anti-occident, Vladimir Poutine qui s’apprête à accueillir, du 26 au 29 juillet 2023, le deuxième sommet Russie-Afrique, ne peut qu’être ouvert à cette initiative africaine.

Ce sera, du reste, l’occasion pour certains des «médiateurs», de s’acclimater aux réalités et à l’environnement de Saint-Pétersbourg, ville qui abritera, en principe, ce rendez-vous attendu avec impatience par certains dirigeants africains pour renforcer leur idylle avec le nouvel amant russe!

Par Wakat Séra