Accueil A la une Sécurité énergétique: les sociétés de l’AES réfléchissent sur le sujet à Ouagadougou

Sécurité énergétique: les sociétés de l’AES réfléchissent sur le sujet à Ouagadougou

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Photo à la fin de la cérémonie d'ouverture de la rencontre des nationales d'électricité des pays de l'AES à Ouagadougou

Le ministre burkinabè de l’Energie, des Mines et des Carrières, Yacouba Zabré Gouba, a ouvert l’atelier de concertation des sociétés d’électricité des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), ce mardi 20 février 2024, à Ouagadougou. Cette rencontre se tiendra sur trois jours sous le thème: « Quelles stratégies pour sécuriser l’approvisionnement des pays de l’AES en énergie électrique ? ». Elle permettra aux participants de dresser un « tableau clinique de nos systèmes d’approvisionnement puis de rassembler les différentes pièces du puzzle pour mieux sécuriser nos approvisionnements en énergie électrique », a déclaré le directeur général de la Société nationale d’électricité du Burkina Faso (Sonabel), Souleymane Ouédraogo.

Les derniers développements sociopolitiques dans la sous-région commandent que les sociétés nationales des pays de l’Alliance des Etats du Sahel que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger se rapprochent davantage et collaborent plus étroitement parce qu’aucune société d’électricité ne peut assurer pleinement sa mission de fourniture de l’électricité aux populations sans un système d’approvisionnement fiable et sécurisé. D’où le choix du thème : « Quelles stratégies pour sécuriser l’approvisionnement des pays de l’AES en énergie électrique ? » de l’atelier de concertation des sociétés d’électricité nationales des pays de l’AES qui se tient du 20 au 22 février à Ouagadougou.

Le ministre burkinabè de l’Energie, des Mines et des Carrières, Yacouba Zabré Gouba

« (…) développer des solutions endogènes pour garantir l’électricité à nos braves populations éprouvées par le terrorisme »

Le ministre en charge de l’Energie au Burkina Faso, Yacouba Zabré Gouba dit ne pas douter un seul instant que le secteur de l’énergie saura prendre une part décisive dans l’œuvre de reconquête de « la souveraineté totale et entière » dans laquelle est engagée les pays de l’AES, notant que le thème qui sera disséqué par les techniciens traduit en filigrane, les grands défis que doivent relever les sociétés d’électricité en matière d’approvisionnement adéquat des pays de l’AES en énergie électrique.

« En effet, nos trois pays qui sont pourtant dotés de ressources en énergie fossile et de nombreuses autres potentialités éprouvent en temps ordinaire des difficultés pour assurer une alimentation sécurisée de nos populations en électricité », a-t-il dit, louant « les importants investissements réalisés pour renforcer (les) différents parcs nationaux de production d’énergie électrique ».

Mais, le constat général est que la fourniture électrique dans les pays de l’AES reste « fortement tributaire des importations d’énergie par le biais des interconnexions », a poursuivi le ministre de l’Energie, notant que « si cette option permet de disposer parfois d’une énergie électrique à des coûts relativement plus abordables, il n’en demeure pas moins qu’elle présente des limites notamment en termes de sécurité énergétique ».

Le présidium

L’approvisionnement des trois pays qui se sont retirés début janvier 2024 de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en énergie d’une manière générale et le contexte sociopolitique sous régional en particulier, les « oblige à repenser la stratégie d’approvisionnement » de leur pays en énergie, a insisté Yacouba Zabré Gouba qui a signifié qu’il s’agira pour les trois pays liés par le destin, l’histoire et la géographie de « développer des solutions et des stratégies endogènes pour garantir l’électricité à (leurs) braves populations déjà éprouvées par l’ennemi commun qu’est le terrorisme ».

« C’est pourquoi, je salue une fois de plus l’initiative de cette rencontre qui vise essentiellement à développer notre résilience énergétique en comptant d’abord sur l’optimisation et la mutualisation de nos ressources propres et en diversifiant le choix des partenariats stratégiques ; il y va de la survie de nos systèmes électriques respectifs », a-t-il affirmé, avançant que « la diversification des partenariats stratégiques est d’autant plus cruciale avec le retrait de (leurs) pays de la CEDEAO ».

C’est donc tout logiquement qu’il a dit attendre des réflexions de la brochette de techniciens réunis à Ouagadougou, des orientations « claires » à même de contribuer à l’élaboration d’une stratégie commune d’électrification des trois pays de l’AES. Il a traduit ses vifs remerciements aux directeurs généraux de la compagnie Énergie du Mali (EDM-SA), de la Société nigérienne d’électricité (NIGELEC) et de la SONABEL, des structures ayant la charge de la production, du transport et de la distribution d’électricité, pour leur « belle initiative ». Il a insisté sur la nécessité pour ces trois sociétés de travailler en bonne intelligence pour relever les « défis redoutables et urgents » qui leur attendent.

Le directeur général de la SONABEL, Souleymane Ouédraogo

Il s’agit pour la SONABEL, EDM-SA et la NIGELEC « d’avoir le nez creux pour pouvoir anticiper et planifier »

Cette rencontre de concertation des sociétés d’électricité des pays de l’Alliance du Sahel sur les stratégies de sécurisation de l’approvisionnement des pays membres, se veut un cadre d’échange, de réflexions et de partage d’expériences entre trois sociétés sœurs qui « vivent quasiment les mêmes réalités, c’est-à-dire les difficultés d’approvisionnement et d’exploitation », a indiqué le directeur général de la Sonabel, Souleymane Ouédraogo qui a rappelé que ces sociétés entretenaient déjà de bonnes relations marquées par la fraternité et la solidarité.

Pour lui, le thème est des plus interpellateurs. « Il interpelle à plus d’un titre, aussi bien les décideurs publics, les partenaires techniques et financiers que les techniciens que nous sommes surtout dans un contexte sous régional en profonde mutation », a affirmé M. Ouédraogo qui a précisé qu’en tant que techniciens, leur rôle est d’attirer l’attention de leurs autorités sur les enjeux économiques, sociaux et mêmes sécuritaires liés à l’approvisionnement des pays de l’AES en énergie électrique dans un contexte sociopolitique sous régional difficile.

Il s’agira pour les participants de « poser le diagnostic des contraintes et difficultés liées à l’approvisionnement de nos pays afin que l’autorité puisse en administrer la thérapie. Il s’agit aussi pour nous d’avoir le nez creux pour pouvoir anticiper et planifier », a-t-il enchaîné. Ce diagnostic, les participants à cette rencontre comptent le faire au cours de ces trois jours avec les experts en production, en transport, en distribution et en commercialisation de EDM-SA, de la NIGELEC et bien entendu de la SONABEL à travers des travaux de groupes thématiques.

Une vue des participants à la rencontre des sociétés d’électricité des pays de l’AES

« Tous les métiers de l’électricité sont pris en compte à cet atelier ce qui nous permettra dans un premier temps de dresser un tableau clinique de nos systèmes d’approvisionnement puis de rassembler les différentes pièces du puzzle pour mieux sécuriser nos approvisionnements en énergie électrique », a rassuré Souleymane Ouédraogo.

Le Burkina une capacité de production d’environ 300 MW et une demande tournant au tour de 500 MW

Selon les déclarations de Roger Ouédraogo, technicien de la Sonabel, le Burkina Faso a une situation équilibrée en matière d’offre et de production mais c’est un équilibre instable parce qu’à tout moment, le pays « peut basculer au déficit ». « Aujourd’hui, le pays a pour ambition d’investir beaucoup pour mieux sécuriser son approvisionnement en électricité », a rassuré M. Ouédraogo.

Pour lui, il y a la possibilité pour que le Burkina devienne autonome en matière énergétique car le pays regorge de « beaucoup » de potentiels énergétiques. « Il y a le solaire, la production thermique qu’on peut améliorer car actuellement le pays produit essentiellement au diesel. On peut envisager aussi pour la production qui utilise du gaz en plus du nucléaire qui est envisagé », a-t-il soutenu.

Des participants, notamment des employés de la Sonabel, à l’atelier

Il a indiqué que le Burkina Faso a une capacité de production qui « tourne autour de 300 mégawatts » contre une demande qui est évaluée « autour de 500 mégawatts ». « Les chiffres ne sont pas exacts mais globaux », a-t-il précisé.

Par Bernard BOUGOUM