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Sénégal: tic tac tic tac!

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L'opposant sénégalais, Ousmane Sonko (chapeau de couleur beige) a été ramené à Dakar par les forces de l'ordre (Ph. d'illustration)

Simple répit pour Ousmane Sonko ou ruse de Macky Sall pour en finir avec son adversaire politique? En tout cas, l’issue de l’audience en appel dans l’affaire de «diffamation et injures publiques» l’opposant au ministre du Tourisme sénégalais, Mame Mbaye Niang, a été fatale pour l’opposant Ousmane Sonko, qui, en première instance, avait écopé d’un sursis de deux mois. Bien que le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a brillé par son absence au procès, la Cour d’Appel a prononcé le verdict qui pourrait écourter, pour de bon, ou tout au moins la mettre entre parenthèses, la carrière politique du maire de Ziguinchor.

Condamné à 6 mois de prison avec sursis, l’un des champions de la plus grande coalition politique Yewwi Askan Wi, si les choses demeurent en l’état, sera aussi condamné à dire adieu à la présidentielle de 2024 pour laquelle il s’est aligné. A en croire certains bookmakers politiques et les friands de la jauge de popularité, Ousmane Sonko, embarqué dans une spirale de procès, serait, du reste, un favori incontestable de cette course au fauteuil de Macky Sall, le président sénégalais sur qui pèse de forts soupçons de vouloir tenter un 3e mandat.

Sauf que son ambition fort logique d’aller à l’assaut du palais présidentiel, par urnes interposées, est loin, pour l’instant en tout cas, de porter bonheur au fougueux opposant de Macky Sall. Car la Cour qui a également confirmé le montant des dommages et intérêts fixé en première instance à «200 millions francs CFA» et que Ousmane Sonko doit payer à la partie adverse, est, ni plus, ni moins, en train de sceller le sort de l’homme en pleine ascension politique, le conduisant vers l’inéligibilité, si la condamnation est définitive. Mais, l’opposition qui voit en ces procès un fouet tenu par le pouvoir de Dakar pour flageller son champion, et le sortir de la course au fauteuil présidentiel, n’a visiblement pas dit son dernier mot!

Malgré le dispositif sévère mis en place par le pouvoir pour la contraindre au silence, l’opposition n’entend pas baisser les bras face à ce qu’elle qualifie de montage judiciaire grossier. Elle annonce déjà une marche pour ce vendredi. Car bientôt, le poil à gratter de Macky Sall, qui refuse d’être transformé en locataire du palais de justice, évoquant, des risques d’insécurité pour sa personne, devra, une fois de plus, affronter la justice de son pays.

Cette fois-ci, Ousmane Sonko sera appelé à la barre, en principe le 16 mai prochain, dans cette affaire sulfureuse dans laquelle il est accusé de viols par une ancienne masseuse, du nom de Adji Sarr. Mais cette date est très redoutée, de Dakar à Ziguinchor, car pouvant accélérer l’explosion de la cocotte-minute qu’est devenu le Sénégal. En effet, le pays est plongé dans un cycle interminable de procès qui concourent à mettre les opposants de calibre XXL hors-jeu. L’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall et l’ancien «ministre de la terre et du ciel», Karim Wade, le fils de l’autre, peuvent en témoigner.

Dans le même temps, la terre de la Teranga est chauffée à blanc par les partisans du «non» au 3e mandat qu’ils accusent Macky Sall de vouloir briguer. Ce dernier ne faisant rien pour faire tomber cette intention diabolique, il faut craindre le pire pour le Sénégal, au fur et à mesure qu’approche février 2024, la date prévue pour la présidentielle. Comment désamorcer cette nouvelle bombe dans un Sénégal considéré comme le phare de la démocratie, mais qui s’est toujours amusé à se faire peur, quand s’annonce l’élection présidentielle?

Il ne reste plus qu’à compter sur les influents Serignes, ces leaders religieux musulmans incontournables pour faire tomber la pression des crises politiques. A moins que Macky Sall, s’il réussit à terrasser tous les opposants qui effraient le pouvoir, décide d’arrêter sa liaison dangereuse avec ce 3e mandat qui, du reste, a rarement porté bonheur à ceux qui tombent sous son charme!

Par Wakat Séra