Accueil Editorial Sierra Leone: après le vote, les angoisses!

Sierra Leone: après le vote, les angoisses!

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Les Sierra Léonais espèrent des résultats proches de la réalité (Ph. rfi.fr)

La deuxième partie du match électoral qui oppose le pouvoir à l’opposition a enfin eu lieu après une mi-temps un peu plus longue que celle qui était programmée. Ce second tour initialement prévu pour le mardi 27 mars s’est finalement joué le samedi 31 mars, dans une ambiance tendue et sous très haute sécurité. Si des incidents ont été signalés par endroits à Freetown, il faut reconnaître, à en croire les observateurs internationaux, spécialistes des élections devant l’Eternel, que s’est «déroulé globalement bien». La compilation des résultats a même commencé ce dimanche 1er avril, lendemain du vote, après la fin des opérations de dépouillement. Toutefois, elle a été arrêtée suite à des plaintes, avant d’être reprise ce lundi 2 avril. Qu’à cela ne tienne, les partisans de Julius Maada Bio le candidat du Parti du peuple de Sierra Leone  (SLPP) de l’opposition, et ceux de Samura Kamara, le champion du All People’s Congress (APC), le parti au pouvoir croisent désormais les doigts pour que le verdict des urnes soit favorable au candidat de leur coeur et de leurs raisons. Ils croient tous avoir les chances de vaincre, surtout que le premier tour n’a pas vraiment été décisif, la distance de voix entre les deux protagonistes étant très ténue, séparés qu’ils étaient par juste un petit point. Le suspense était encore plus accentué par l’attitude du 3è au premier tour, qui s’est officiellement refusé, officiellement en tout cas, de prendre position pour l’un ou l’autre camp. Pourtant, son statut de faiseur de roi aurait pu être déterminant dans la suite du jeu.

Tout s’est donc «déroulé globalement bien», selon les observateurs internationaux. La formule est consacrée mais n’en mérite pas moins d’être mise en doute. Car, nombre d’élections qui avaient reçu l’onction de ces experts des élections qui, en fait n’observent que d’un seul œil, souvent de leurs voitures de luxe, se sont révélées plus tard viciées, voire calamiteuses. Certes, à leur décharge, ils font confiance à la commission électorale sierra léonaise qui a géré le processus électoral mais ils portent également le péché originel d’être souvent complaisants avec le pouvoir en place qui les bichonne comme des chiens en plâtre. Qu’à cela ne tienne, il faut espérer que les Sierra Léonais eux-mêmes veillent à avoir des élections propres qui devraient mettre en place un pouvoir guidé par un mandat placé sous le sceau de la bonne gouvernance, gage de tout développement. Lassé et surtout ruinée par plus de neuf ans de guerre civile et deux mandats d’Ernest Baï Koroma qui n’ont pas réussi à redresser une économie à genoux, pour ne pas dire à terre, la Sierra Leone n’a plus droit à l’erreur. Du reste, c’est le souhait de la plupart des Sierra Léonais de retrouver la voie de la prospérité, eux dont le sous-sol regorge de richesses naturelles, surtout le diamant.

Maintenant, le pays doit surfer sur la bonne tenue de ce second tour et continuer dans cette dynamique pour que des résultats plus ou moins propres et sans trop de contestations criardes dues à des magouilles dont les politiciens seuls ont le secret, soient connus. Et dans un délai raisonnable! Car, c’est ce temps long, qui s’étire sur des jours et des semaines qui provoque toutes les suspicions possibles, car propice à toutes sortes de manipulations et de deals. Surtout que déjà, pendant le décompte des voix, le pays s’était retrouvé coupé du reste du monde pendant quelques heures, suite, dit-on, à des «perturbations» du réseau de télécommunication. La rupture d’un câble sous-marin entre Dakar, la capitale sénégalaise et Nouakchott, la capitale mauritanienne ayant été vite trouvée comme fautive de cette situation qui ressemble à s’y méprendre à une tentative de fraude à huis-clos. Mais bon, comme les Sierra Léonais, il faut garder l’espoir qu’à l’instar du déroulement du vote, la proclamation des résultats se fasse également dans des conditions «globalement bonnes», pour emprunter le terme à nos éminents observateurs électoraux.

Par Wakat Séra