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Tchad: le succès tourne le dos à Masra!

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Sale temps pour l'ancien Premier ministre et opposant tchadien, Succès Masra (Ph. d'archives)

Le succès tourne le dos à Masra! C’est le cas de le dire, au moment où l’ancien opposant, devenu Premier ministre à la suite de son exil d’un an, dont il est rentré après une facilitation du Congolais Félix Tshisekedi, et redevenu opposant, vient d’être inculpé et placé en détention provisoire. Il est accusé, sur la base d’une audio qui date maintenant de deux ans, d’avoir incité au massacre de 42 personnes à Mandakao, dans le sud du Tchad. Si ses avocats et les militants de son parti politique, Les Transformateurs, crient à la machination, Succès Masra, lui, derrière les barreaux, aura bien le temps de pousser la réflexion sur sa naïveté politique, lui qui a cru qu’un opposant et symbole de la contestation contre le père et le fils Deby, pouvait aussi facilement rentrer dans les bonnes grâces du pouvoir.

Le traquenard monté contre lui, avec l’implication, peut-être non voulue, du président congolais, pour le ramener à la maison et lui briser les ailes, et le zèle, se referme sur lui, sans aucune autre forme de procès. Et le leader des Transformateurs ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Nul ne pouvant se prévaloir de sa propre turpitude, ou de sa cupidité, comme dans son cas, Succès Masra, n’aurait jamais dû retourner sa veste, en opposant de conviction. Certes, comme le diront les pacifistes purs et durs comme Wakat Séra, et il en existe, du reste, très peu dans la jungle politico-politicienne, il y a un temps pour faire la guerre, et il y a un temps pour faire la paix! L’adage a fait long feu au Tchad, où, après avoir été utilisé pour avaliser le vote pour un referendum constitutionnel contesté et une élection présidentielle jouée d’avance, l’ancien Premier ministre connaît une descente aux enfers qui, même si nous nous refusons à jouer aux oiseaux de mauvais augure, ne fait que commencer.

Fait non étonnant, l’épidémie judiciaire qui fait des ravages dans le camp des anciens Premiers ministres et membres de gouvernement, est vieille comme le monde, et ne frappe pas qu’au Tchad. La justice des vaincus n’existant pas, celle des vaincus est sans limite et sévit également en République Démocratique du Congo où l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon vient d’écoper de 10 ans de travaux forcés, reconnu coupables, avec ses deux co-accusés, d’avoir détourné plus de 280 millions de dollars, dans le cadre du projet du parc agro-industriel Bukanga Lonzo. Au Sénégal, se sont trois ministres de l’ancien régime Macky Sall, qui sont dans la tourmente judiciaire. Egrener le chapelet des cas d’anciens dignitaires qui passent d’intouchables à simples justiciables, serait fastidieux en Afrique, même si le continent noir n’a pas l’apanage des procès et condamnations, justes ou arbitraires, d’ex-dirigeants. Le cas le plus emblématique actuellement en Europe est bien celui de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, contraint par la justice, dans l’affaire «Sarkozy-Azibert», au port du bracelet électronique, une parure dont il aurait bien voulu se passer. Il détient aussi la palme de premier président de la Ve république, condamné à de la prison ferme, notamment  pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Bismuth.

En tous cas, qu’elle soit aux ordres, comme le dénoncent ses détracteurs, ou en parfaite harmonie avec le droit, la justice tient bien son glaive, complément de la balance, prêt à frapper, ceux qui tombent, où qu’on fait tomber, dans ses filets! L’ancien Premier ministre Succès Masra pourra écrire un ouvrage en plusieurs tomes sur le sujet. Et ça sera, sans aucun doute, un best-seller!

Par Wakat Séra