Accueil Communiqué de presse Université Norbert Zongo: l’ANEB/Koudougou appelle au renforcement de sa base pour des...

Université Norbert Zongo: l’ANEB/Koudougou appelle au renforcement de sa base pour des luttes incisives

0

Ceci est une déclaration du comité exécutif de l’Association Nationale des Etudiants Burkinabè (ANEB) Section de Koudougou, à l’occasion de la rentrée académique 2021-2022. Dans son message, il revient sur les manquements constatés, notamment à l’Université Norbert Zongo et appelle au renforcement de sa base en vue d’engager des luttes incisives.

DECLARATION DE RENTREE DE L’ANNEE ACADEMIQUE 2021-2022

Le Comité Exécutif de l’ANEB/Koudougou, en cette rentrée académique 2021-2022 souhaite une bonne rentrée académique et pédagogique à l’ensemble de la communauté universitaire de l’Université Norbert ZONGO (UNZ) de Koudougou. Il adresse ses vives et sincères félicitations d’une part, aux étudiants ayant validé leurs semestres ou année et d’autre part, aux nouveaux bacheliers pour l’obtention du baccalauréat et leur souhaite la bienvenue à l’Université Norbert ZONGO. Il réitère ses encouragements pour la suite du chemin à parcourir aux étudiants n’ayant pas pu valider leur semestre au regard des multiples difficultés qui nous assaillent. 

Camarades étudiantes et étudiants ;                                           

L’année académique 2021-2022 s’effectue dans un contexte national extrêmement difficile. Il est marqué par l’approfondissement de la crise du système néocolonial et la faillite totale du pouvoir  du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) et ses alliés, incapable d’apporter des réponses concrètes aux préoccupations des masses populaires. Cette faillite se manifeste par :

  • la dégradation à l’extrême de la crise sécuritaire. Notre territoire est devenu le théâtre de sanglantes et meurtrières attaques terroristes occasionnant de nombreuses victimes civiles et militaires, l’abandon de régions entières et leurs populations à leur triste sort, de milliers de déplacés internes (plus de 1 400 000 personnes), la fermeture des services sociaux (plus de 2500 écoles, des centres de santé). Ainsi de milliers d’enfants sont jetés hors du système éducatif (la fermeture des établissements d’enseignement de Diapaga illustre amplement cette situation);
  • la détresse des populations des villes et campagnes liée à la cherté du coût de la vie et de l’augmentation des produits de première nécessité (haricot, huile, savon, etc.) ;
  • la clochardisation à l’extrême de la jeunesse. La grande majorité des jeunes des couches populaires est davantage confrontée au chômage endémique lié à la réduction drastique des postes à pourvoir au niveau de la fonction Publique. En effet, de 2016 à 2021, les postes à pourvoir sont passés de 11 537 à 4 625 soit une réduction de 59,91% en six (06) ans ;
  • la poursuite des scandales financiers, de la corruption (selon le rapport 2019 du REN-LAC sur l’état de la corruption au Burkina Faso, 75.7% des personnes estiment que le phénomène est fréquent), de la gabegie au sommet de l’Etat (achat d’un véhicule de ministre à plus de 96 millions de francs), l’écroulement d’infrastructures publiques souvent même en phase de construction (l’exemple de l’écroulement de la dalle sur le chantier de construction de la cité de 1.008 lits à l’UNZ ayant occasionné quatre morts dont trois étudiants, l’atteste amplement).

Cette crise sociale, économique, sécuritaire et politique chaotique que traverse notre pays, importe peu à la bourgeoisie réactionnaire de notre pays, elle est plus préoccupée par des arrangements politiques au détriment des vraies préoccupations des populations. La nomination d’un ministre d’Etat chargé de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale en la personne de l’ex-CFOP Zéphirin DIABRE rentre dans cette logique.

Camarades étudiantes et étudiants

Depuis la souscription aveugle de notre pays au Programme d’Ajustement Structurel (PAS), notre système éducatif traverse une crise jamais égalée.

L’Université Norbert ZONGO, à l’instar des autres universités subit les graves répercussions de cette crise du fait de l’application hasardeuse du Système Licence Master Doctorat (LMD) sans mesures d’accompagnement.

L’université manque de façon criarde d’infrastructures obligeant les étudiants et leurs enseignants à opérer par moment des « fouilles » de salles. Le peu d’infrastructures existantes sont inadaptées, mal équipées et manquent d’entretien. C’est le cas des salles PSUT et de la SAP Olympique. La salle polyvalente quant à elle, louée à environ 40.000.000 FCFA par an ne dispose pas de table-bancs, obligeant chaque étudiant à trouver un moyen pour prendre ses cours avec les risques de malformations physiques que cela pourra entrainer chez certains. Les infrastructures en cours de réalisation qui devront abriter de milliers d’étudiants s’écroulent en construction déjà pour certaines, comme cela a été mentionné ci-dessus avec la cité 1.008 lits.

Au plan académique et pédagogique, aucune promotion à l’Université Norbert ZONGO n’a une année académique normale. On assiste à l’accentuation du retard académique, des chevauchements d’années et de semestres. Par exemple les années 2017-2018, 2018-2019, 2019-2020 et 2020-2021 se suivent et se chevauchent. Du coup, le calendrier universitaire devient insaisissable occasionnant un grand retard. Certaines promotions peuvent passer six mois sans programmation de cours ni d’évaluations, c’est le cas des promotions du département de SID à l’UFR LSH.

Dans les UFR SEG, S.T et LSH par exemple, les promotions de SEG, SVT, Lettres Modernes etc. (BAC 2019), après trois ans peinent à clore avec la Licence I. A cela s’ajoute les taux d’échecs et d’abandons massifs liés à l’arbitraire dans les orientations des nouveaux bacheliers par la « plateforme campus Faso ». De plus, l’application du nouveau régime d’étude consacre désormais la suppression de la double inscription, la note éliminatoire de 07/20 pour le cycle Master et le renvoi en cas de redoublement dans les filières dites professionnalisantes comme l’IUT. Quant aux Masters, ils demeurent inaccessibles à l’ensemble des étudiants avec leurs conditions ultra sélectives (moyenne, frais de formation, contingentement du nombre à recruter etc.) Ces conditions démontrent clairement la volonté des autorités universitaires et politiques d’exclure bon nombre d’étudiants qui désirent poursuivre leurs études après la licence. Cette situation est incompréhensible au moment où notre pays souffre de l’insuffisance d’enseignants dans nos universités et de ressources humaines qualifiées dans bien de domaines. A ce tableau sombre, la solution miracle trouver par la Présidence de l’UNZ en vue de résoudre la crise est la suppression des sessions de rattrapage et la fixation de la moyenne de passage à 08/20. C’est le lieu pour nous de saluer la vigilance et la mobilisation des étudiants au cours de l’année écoulée pour faire barrage à cette forfaiture.

Au plan social, c’est la  poursuite de la clochardisation de l’étudiant par nos autorités universitaires. En effet, les œuvres sociales (restaurants, cités, santé, aides) sont pratiquement  inaccessibles à la grande majorité des étudiants. Par exemple, sur une population estudiantine de plus de 51.500 étudiants, moins de 10 000 plats sont servis (déjeuné et diner confondus) soit environ 9.7% de taux de couverture. Pire, après l’échec cuisant de l’informatisation à travers la carte magnétique, nos autorités ont encore introduit une nouvelle réforme appelée « la digitalisation des restaurants universitaires » visant clairement à diminuer les charges liées à la restauration et restreindre davantage son accès aux étudiants. Cela n’est rien d’autre qu’une volonté manifeste des autorités d’affamer les étudiants afin de mieux préparer leur fuite des universités. 

Quant aux résidences universitaires, environ 5 % des étudiants y sont logés dans des conditions peu vivables. De ce fait, la majorité des étudiants sont logés dans des quartiers précaires (non lotis) qui n’offrent aucune commodité (eau, électricité, etc.) ou abandonnés aux mains de bailleurs véreux qui spéculent sur les loyers des maisons.

L’aide FONER quant à elle, en plus du fait qu’elle n’a pas de calendrier fixe, exclue une bonne catégorie d’étudiants sous le prétexte fallacieux des critères d’âge. Son taux actuel servi est dépassé au regard du coût élevé de la vie. De plus, on note également le rejet des dossiers des postulants pour des motifs fallacieux et inexplicables. Comme si cela ne suffisait pas, à l’atelier de relecture des textes du FONER tenu à Koudougou du 04 au 09 octobre 2021, les autorités en charge des universités prévoient ramener l’âge limite d’octroi de l’aide qui était à 26 ans à 23 ans et la moyenne de renouvellement de 05 à 08. Sans se faire des illusions, c’est la suppression de l’aide qui se retrouve dans le viseur des autorités.

Au niveau de la bourse, le contingentement se poursuit (environ 2300 bourses pour tout le pays). En effet, nos autorités veulent s’attaquer au droit à la bourse du fait de la  relecture unilatérale des textes du CIOSPB qui privent désormais les étudiants admis en session de rattrapage de postuler pour la bourse intermédiaire.

Au plan des libertés, on assiste à une remise en cause des libertés démocratiques et syndicales à travers les intimidations, les dénigrements et mêmes des manœuvres ouvertes de liquidation de notre section. Pire, à l’atelier de Ziniaré tenu du 14 au 16 juin 2021, les autorités ont davantage renforcé leur appareil répressif. Cet atelier tenu sans une concertation avec les structures combatives des étudiants comme nous l’avons toujours souhaité à travers nos plateformes revendicatives, a consacré la relecture des textes sur les franchises et libertés universitaires dont l’arrêté 2012-646, arrêté ayant servi de base pour l’exclusion de 14 étudiants en 2012 dans notre université. Elles sont allées jusqu’à remettre en cause l’existence des structures syndicales d’étudiants. Quel fascisme !

Camarades étudiantes et étudiants,

Dans une telle situation chaotique et ce sombre tableau dépeint, on comprend aisément la source des nombreux suicides d’étudiants de nos jours. Quand toute une classe politique et son pouvoir décident consciemment d’abandonner sa jeunesse dans la détresse et tournent le dos à son éducation, il n’ y a autre solution qui s’offre à la jeunesse estudiantine que le renforcement de son niveau d’organisation pour engager une lutte implacable pour l’amélioration de ses conditions de vie et d’études, et se ranger consciemment aux côtés de notre peuple dans sa lutte pour son émancipation et le progrès social véritable.

C’est pourquoi, loin de se laisser emporter par le découragement, le Comité Exécutif de l’ANEB/Koudougou vous appelle à :

  • renforcer sa base en vue d’engager des luttes incisives pour l’amélioration de nos conditions de vie et d’études ;
  • répondre vigoureusement à tout mot d’ordre que la situation viendrait à imposer ;
  • contribuer activement à la construction d’un vaste mouvement d’unité populaire pour le changement en faveur de notre peuple, conscient qu’aucune jeunesse estudiantine n’a d’avenir dans un pays dont la souveraineté est aliénée par des forces extérieures.

Non à la liquidation de l’éducation des enfants du peuple !

Non à la liquidation des universités publiques !

Pour une université populaire et accessible aux enfants du peuple, en avant !

En avant pour la défense ferme des intérêts des étudiants !

Bonne rentrée académique 2021-2022 dans le renforcement des positions sur les barricades de la lutte !

Vive l’ANEB Koudougou !

Vive l’UGEB !

Pain et Liberté pour le Peuple !

Koudougou, le 23 octobre 2021

Le Comité Exécutif.