Accueil Société Violences inter-communautaires en Côte d’Ivoire: l’Ouest s’embrase

Violences inter-communautaires en Côte d’Ivoire: l’Ouest s’embrase

0
Ph Duékoué

A Duékoué et Zouan Hounien, deux villes de l’ouest ivoirien, des affrontements inter-communautaires ont fait des morts et causé de nombreux dégâts matériels. 

Les affrontements inter-communautaires s’enchaînent à un rythme effréné dans ce qui est devenu le «Far west» de la Côte d’Ivoire depuis une semaine. Zouan Hounien, ville située à 700 km à l’ouest d’Abidjan, a été, le mercredi 21 novembre 2018, le théâtre d’affrontements violents entre les autochtones yacouba et les allogènes malinké.

Le bilan est lourd: quatre morts, de nombreux blessés et des biens détruits dans le camp des Malinké qui ont dÜ fuir la ville pour échapper à la furia de leurs hôtes. D’aucuns affirment que les Yacouba ont fait appel à des mercenaires libériens (le Libéria est situé à un jet de pierre de Zouan Hounien) pour attaquer les Malinké.

Si cette information est confirmée, cela montre que cette région de l’ouest a besoin d’être sécurisée pour éviter les incursions des mercenaires libériens comme ce fut le cas pendant la crise post-électorale de 2010-2011.

Les feux ne se sont pas éteints à Zouan Hounien que Duékoué, situé à 501,6 km de la capitale Abidjan, toujours dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, s’est embrasé à son tour ce lundi 26 novembre 2018. Des «gnambros», ces apprentis-chauffeurs et autres bandits qui rackettent les conducteurs dans les gares routières, ont effectué une descente musclée sur le lycée de Duékoué, pour disent-ils, se venger des élèves qui auraient cassé leurs véhicules.

Ces «terroristes» ont saccagé l’établissement public, brûlant au passage l’administration et le foyer ainsi que plusieurs salles de classe. Selon des témoins, trois mini-cars remplis d’individus animés de mauvaise intention, ont fait irruption au sein de l’établissement.

«Ils étaient armés de gourdins, de machettes, de pieds de biche et de plusieurs armes blanches de tous genres», affirme le proviseur du lycée, Gaston Djaty Yao. Selon lui, les assaillants étaient devenus maîtres des lieux, pendant près de 2h.

«J’ai 2 549 candidats au Bepc et au Bac, pour lesquels je lance un appel aux autorités car tout le matériel informatique est détruit», a-t-il plaidé.

Duékoué garde encore les stigmates des affrontements entre autochtones Guéré et allogènes malinké qui ont fait plusieurs morts au cours de la crise post-électorale.

En représailles des attaques des mercenaires libériens appelés en renfort par les Guéré contre les Malinké, les chasseurs traditionnels dozo soutenus par des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) fidèles au président Alassane Ouattara, avaient lancé un raid contre les quartiers des autochtones Guéré.

On avait dénombré plusieurs morts dans les quartiers Guéré. Ces soubresauts font craindre la résurgence des ces pires moments de l’histoire de la Côte d’Ivoire.

Mahamadou Doumbia

(Correspondant de Wakat Séra en Côte d’Ivoire)