Hawa Traoré n’avait que 18 ans! Avant de donner la vie qu’elle portait en elle, la jeune fille aura, malheureusement, rencontré la mort sur sa route, impitoyable, atroce et horrible! Le seul tort de Hawa Traoré, enceinte, au moment de passer de vie à trépas, fut de s’être retrouvée sur le chemin d’un homme avec qui elle entretenait des relations. Que s’est-il passé dans cette chambre où a été retrouvé le corps sans vie de la victime et d’où a fui celui qui est suspecté de ces actes inhumains? Comment le présumé auteur de ce double crime en est-il arrivé à ces actes cruels?
En attendant que les fins limiers de la police ou de la gendarmerie mauritaniennes, apportent des réponses précises à ces interrogations, et donnent du grain à moudre à la justice, il urge de mettre fin à l’hémorragie qui n’a que trop duré en Mauritanie. Les populations indignées et encore sous le choc de ce viol meurtrier, commis de surcroît sur une femme porteuse d’une grossesse, doit servir de terminus à ceux qui ont fait de ce comportement barbare et d’un autre âge, leur sport favori. Car, loin d’être le premier cas, le viol et le meurtre de la pauvre Hawa, ne sont que le grain d’un long chapelet horrifiant. Souvent, la société, encore fortement phallique, reproche à la femme d’avoir provoqué son propre viol par l’indécence de son habillement! Rien que ça!
Les manifestants de ce lundi 2 juin devant l’Assemblée nationale de Mauritanie, pour dénoncer le viol suivi de meurtre de Hawa Traoré, exprimaient, en réalité, un ras-le-bol. Ce n’est pas la première, et sans doute pas la dernière fois, que la Mauritanie vit un pareil drame. Même les filles mineures y passent! Et dire son mécontentement devant la maison de ceux qui font les lois, est une manière, pour les organisations de lutte contre les violences que subit au quotidien, la gent féminine, et tous les hommes épris de justice, d’exiger davantage de protection pour la femme et une législature plus musclée pour dissuader tous ces bourreaux avec qui elle partage le lit.
Malheureusement, bien des traditions et des faits culturels, constituent encore un parapluie pour les hommes, le «sexe fort» dit-on, qui a tous les droits sur les femmes, naturellement affublées du qualificatif dégradant de «sexe faible». En dehors même de la brutalité physique et bestiale, que ça soit en France, aux Etats-Unis ou à Dakar, bien des moyens dont ceux de la position professionnelle dominante, ou de celui qui porte la culotte dans le foyer, donnent tous les droits à l’homme, dont celui d’imposer sa volonté à la femme. A la maison, à l’école, au bureau et même sur les terrains de sport, ou simplement dans la rue, l’homme a toujours fait sa loi. Pire, dès l’enfance, il est inculqué au petit garçon qu’il est au-dessus de sa sœur, qu’elle soit la petite ou la grande. C’est ainsi que devenu adulte, le jeune garçon en vient à ne pas considérer la femme comme un être humain plein, ayant les mêmes droits que lui.
La Mauritanie est loin d’avoir le monopole des violences sexuelles et sexistes! Hawa Traoré vit aussi au Burkina Faso, au Ghana, au Cameroun, en Afrique du Sud, en somme partout en Afrique. Même les continents dits développés et de droit, n’échappent pas aux mauvais traitements infligés aux femmes, malgré les discours emphatiques prononcés à toutes les tribunes officielles, notamment celle de l’ONU. C’est ainsi, que le 86Mars décrété journée internationale des droits de la femme a été transformé, presque partout en un simple folkore. La femme même en a fait juste une fête!
Jamais plus de Hawa Traoré, en Mauritanie ou ailleurs sur la terre!
Par Wakat Séra