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Zéphirin Diabré: le MPP « sert une gouvernance aux antipodes des aspirations » de l’insurrection

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Le président de l'UPC, Zéphirin Diabré

Le président de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC), Zéphirin Diabré, leader de l’opposition politique burkinabè, a affirmé ce samedi 21 juillet 2018 à Ouagadougou que le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP, parti au pouvoir), « est en train de servir au (pays) une gouvernance aux antipodes des aspirations qui ont nourrit le soulèvement de 2014 ». Pour ce parti qui a accueilli, pour son Congrès, plus de 5 000 militants et sympathisants venus de l’intérieur du pays et de l’étranger, le pouvoir dirigé par le président Roch Marc Christian Kaboré « a échoué » dans la mise en oeuvre de son programme qui « ne satisfait pas » les populations.

« Arrivés au pouvoir dans les fourgons d’une insurrection qui a fait rêver notre jeunesse, les dirigeants du MPP ont changé tous les maux que nous dénoncions, en pire! », a déclaré le président de l’UPC, Zéphirin Diabré au Palais des sports de Ouagadougou. C’était à la tribune de l’ouverture du deuxième congrès du parti du Lion, qui permettra aux membres de renouveler les instances dirigeantes pour se projeter pour les élections de 2020. Les dirigeants du MPP « ont désacralisé l’Etat, en tombant malheureusement dans cette dérive qui consiste à confier les responsabilités de l’Etat, non pas à ceux qui ont de la compétence à en revendre, mais plutôt aux copains qui ont la bonne carte politique ».

Les autorités actuelles « ont renoué avec leur arrogance d’antan, oubliant que tout a une fin, surtout le pouvoir », a poursuivi le leader de l’opposition burkinabè qui a renchéri qu' »alors qu’on attendait d’eux de l’imagination créatrice, ils se contentent finalement de terminer les projets initiés par l’ancien régime et la transition, tout en ayant du mal à reconnaître les mérites de leurs devanciers ».

Des représentants de délégations venues de l’extérieur dont Cellou Dalein Diallo de la Guinée en blanc au centre

Pour le chef de file de l’opposition, le Burkina Faso est « de nouveau gangrené par la corruption, dont l’étendue et la propagation ont été facilitées par les marchés octroyés gré à gré à la faveur des Partenariat Public Privé (PPP) ». Et à propos, a-t-il ajouté, « tout le monde a compris que le MPP ne cherche rien d’autre maintenant qu’à se constituer un trésor de guerre sur le dos des contribuables, parce qu’il est convaincu que les Burkinabè sont devenus des marchandises que l’on peut s’octroyer facilement en période électorale, à coût de billets de banque ou de sacs de riz ».

Sur ces termes, la transition est toute trouvée pour le premier responsable de l’UPC d’évoquer la question des consultations électorales de 2020 et le sujet des Burkinabè vivant à l’étranger qui a été à maintes fois, évoqué par le président du Faso, Roch Kaboré. A ce titre, il a indiqué que les « libertés sont en danger car ce pouvoir (MPP) voit des complots partout et n’hésitera nullement à utiliser soit la violence d’Etat, soit la fraude d’Etat pour se maintenir au pouvoir ». Sur ce dernier point, a dit Zéphirin Diabré, l’UPC reste « perplexe » au sortir des discussions auxquelles elle a été associée à Kossyam avec toute l’opposition, et qui portaient sur le code électoral et le vote des Burkinabè de l’étranger. « Zeph » a révélé que « sous prétexte de moderniser notre système d’enrôlement, ce pouvoir est en train de mettre en place un système de fraude électronique ».

Le MPP veut ramener le fichier électoral dans les « ordinateurs de l’Office national d’identification (ONI), placé sous le contrôle du ministère de la Sécurité, dont le directeur général (DG) est nommé en Conseil de ministres, et où ne siège aucun commissaire de l’opposition », a dénoncé le président de l’UPC.

Sur le vote des Burkinabè de l’étranger, le leader de l’opposition a signifié que « tout en proclamant haut et fort que les Burkinabè de la diaspora vont voter, il (MPP) multiplie les entraves subtiles, et invente les conditions pour que ce vote soit le plus minimal ». Pour lui, le « MPP a une peur bleue du vote des Burkinabè de l’étranger, surtout celui des nôtres en Côte d’Ivoire ». Mais, « s’il y a une seule bagarre que l’UPC doit mener, c’est cette bagarre-là, et nous la mènerons », a-t-il conclu sur la question.

Des militants UPCà l’ouverture du deuxième congrès de leur parti

Par ailleurs Zéphirin Diabré a informé les congressistes de la bonne santé de leur parti. « La vie de notre parti a été parfois tumultueuse, mais rien n’a pu ni nous ébranler, ni nous détourner de notre chemin », a clamé M. Diabré. « Récemment, certains des nôtres, instrumentalisés par des puissances occultes, ont choisi de vendre leur mandat à nos adversaires, en espérant faire carrière dans un gouvernement qu’ils n’ont pas contribué à installer », a relevé le président de l’UPC, pour qui, « la trahison est hélas devenue une manière de dire bonjour en politique. Celle que nous avons connue, qui est semblable à celle que beaucoup de partis ici présents ont connue, nous l’avons vécue avec un mélange subtile de calme froideur, de déception contenue, et de détermination renforcée ».

Cependant a rassuré M. Diabré, l’UPC « a pardonné! ». Le président de l’UPC a alors saisi cette occasion pour « féliciter et honorer tous ceux qui, au sein (du parti), ont préféré la fidélité à la félonie, l’honneur au déshonneur, et la constance au vagabondage politique. Notre maison commune reste ouverte et tous ceux qui en font partie sont toujours les bienvenus », a-t-il terminé néanmoins.

A l’ouverture de ce congrès qui prend fin ce dimanche 22 juillet dans la soirée, on notait la présence des délégations UPC de l’étranger. Il s’agit notamment de celles de la Côte d’Ivoire, du Niger, du Mali, du Sénégal, de la Guinée Conakry, du Gabon, de la Libye, de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Italie, de la Suisse, de l’Espagne, de la France, de l’Arabie Saoudite et de l’Angleterre. Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), chef de file de l’opposition guinéenne et vice-président de l’Internationale libérale, figurait parmi les invités d’envergure à ce congrès. 

La délégation de l’Alliance des mouvements pour l’émergence du Niger, conduite par son Président, Omar Tchiana, la délégation du MNSD Nassara du Niger de Séini Oumarou, conduite par Ali Sabo, Vice-Président du parti, la délégation du Modem Lumana, de Hama Amadou, conduite par l’honorable Issaka Issoufou, Vice président du parti et Président du groupe parlementaire, la délégation du Parti Démocratique du Sénégal du président Abdoulaye Wade, conduite par son Secrétaire national aux Affaires Extérieures Tafsir Thioye étaient également présentes. Aux dires de Zéphirin Diabré, le Président du réseau libéral africain, l’honorable Stevens Moglapaka et le Chef de file de l’Opposition du Mali, Soumaila Cissé, ont, quant à eux, fait parvenir des «messages de soutien» à l’UPC.

Par Bernard BOUGOUM