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Procès du putsch de 2015: «J’ai pris service au RSP 48 heures avant» le coup d’Etat (Sous-lieutenant Traoré)

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Des accusés dans le dossier du putsch de 2015

Le sous-lieutenant Siébou Traoré, né en 1988, a été affecté au niveau de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) après sa sortie de l’Académie militaire Georges Namoano. Il a pris service le 14 septembre 2015, soit 48 heures avant le coup d’Etat du 16 septembre 2015. C’est ce qu’il a laissé entendre ce lundi 3 septembre 2018 devant les membres de la Chambre de jugement du tribunal militaire.

Poursuivi dans le dossier du coup d’Etat de 2015, pour trois faits : complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures, le sous-lieutenant Traoré a dit ne pas reconnaitre les charges pour lesquelles il est appelé ce lundi 3 septembre 2018 devant la barre.

«Ce que je reconnais c’est que j’exécutais des ordres de mes chefs. Si exécuter les ordres de mes chefs est condamnable, je demande d’ores et déjà pardon», s’est exprimé l’ex-élément de l’ex-RSP, à l’entame de son audition, notant qu’il ne peut pas débuter sa carrière en refusant d’exécuter des ordres.

Selon le lieutenant Siébou Traoré, le 16 septembre 2015 vers 12h (GMT) le lieutenant Honoré Gorgo les a instruit d’aller se mettre en tenue car il y a un rassemblement en vue. «Je suis reparti à la maison me vêtir», a confié M. Traoré, déclarant qu’à son retour il y avait des mouvements et il se disait qu’il y avait quelque chose à la présidence. Après ces faits, il a reconnu avoir été au carrefour de la télévision BF1, mais, pour lui, cette sortie ne peut pas être considérée comme une mission. «Nous avons juste fait quelques minutes avant de repartir au camp», a-t-il précisé.

Cet officier nouvellement sorti de l’académie, au moment des faits, a eu à mener une mission de contrôle de la Place de la nation, du 17 au soir au 20 septembre 2015, sous les ordres du lieutenant Philipe Ouattara. «Le 17 septembre le lieutenant Gorgo m’a dit d’aller au Conseil de l’Entente. Arrivé là-bas, le lieutenant Ouattara m’a instruit de prendre des combattants pour aller empêcher tout rassemblement à la Place de la nation», a-t-il confié.

C’est le 20 septembre 2015, que le lieutenant Relwendé Compaoré lui aurait ordonné d’aller à la RTB «appuyer les soldats qui y étaient». «J’y suis resté jusqu’au 22 septembre avant de repartir au camp», a-t-il poursuivi.

Le présent accusé, lors de sa mission de contrôle à la Place de la nation, a affirmé avoir effectué des patrouilles dans le but de mieux assurer cette mission. «Je ne connaissais pas la Place de la nation. Il me fallait aller faire une reconnaissance», a-t-il expliqué devant le tribunal.

Les patrouilles l’on conduit entre le pont Paspanga et le marché de Sankar Yaaré, où deux de ses éléments ont tiré en l’air pour disperser des manifestants. «Ces missions que j’ai effectuées sont mes toutes premières missions au RSP», a déclaré le lieutenant Traoré.

Après l’audition de cet inculpé, le tribunal a appelé à la barre, le soldat de première classe Adama Kaboré, accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures, dégradation aggravée de biens et de complicité de dégradation aggravée de biens.

Le soldat Kaboré fait partie des militaires de l’ex-RSP qui se sont rendus chez l’ex-président de l’Assemblée nationale Salifou Diallo. M. Kaboré ne s’exprimant qu’en langue locale Mooré, le tribunal a fait recours à un interprète.

Selon sa narration des faits, après avoir manqué le rassemblement du 13 septembre 2015, ses chefs l’auraient puni à six jours de garde (du 14 au 19 septembre 2015.  «Le 17 septembre 2015, avec le sergent Zougnoma et le caporal Diessongo, nous sommes allés chez Salifou Diallo. Mais au départ on m’a dit qu’on va aller chercher des vivres», a affirmé le soldat Kaboré, faisant savoir que ce changement de cap est intervenu quand ils ont rencontré deux civils, sans autres précisions. Chez Salifou Diallo «nous avons retiré l’arme du tireur qui a indiqué avoir ouvert le feu pour disperser des individus qui étaient venus avec des gourdins pour l’agresser. Et nous l’avons amené au camp», a-t-il indiqué, notant qu’il n’a pas frappé quelqu’un.

Au cours de son interrogatoire il a remis en cause les Procès-verbaux d’audition du juge d’instruction. Il a laissé entendre qu’il a eu à signer des papiers sans savoir de quoi il s’agissait.

L’audience débutée à 9h a été suspendue vers 16 et reprendra demain mardi 4 septembre 2018.

Par Daouda ZONGO