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Affaire “guérisseuse” de Komsilga: le Balai Citoyen condamne une «immixtion» de l’exécutif dans le judiciaire

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Le Balai Citoyen se prononçant sur l’affaire dite «guérisseuse de Komsilga», qui défraie la chronique au Burkina depuis quelques jours, condamne, dans sa déclaration datée du 1er août 2023, une «immixtion» de l’exécutif dans le judiciaire et dit exprimer son soutien «indéfectible, militant et agissant» à l’ensemble des acteurs de la Justice burkinabè.

«NON AU SACRIFICE DE LA JUSTICE BURKINABE SUR L’AUTEL DES BAVURES POLITICO-MILITAIRES !

Ces derniers jours ont été marqués au Burkina Faso par une succession de faits très graves qui ne peuvent laisser indifférent tout patriote sincère, intègre, mu par l’intérêt général et soucieux de notre vivre ensemble harmonieux et paisible. Jamais dans l’histoire politico-administrative de ce pays, comme lors du retour impuni de l’ancien président Blaise COMPAORE au Burkina Faso sous le MPSR de DAMIBA, nous n’avons été éprouvés et insultés jusque dans nos fondements par un groupuscule, à la solde d’un régime militaire qui n’en fait qu’à sa tête, en contradiction flagrante avec tous les principes de justice, condition sine qua non pour une paix durable.

En effet, entre la soirée du 28 et le petit matin du 29 juillet 2023, l’exécutif s’est dangereusement immiscé dans les affaires judiciaires en faisant barrage à l’exécution d’un mandat de dépôt délivré par le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Ouaga II (TGI Ouaga II) à l’encontre de dame NIKIEMA Amséto, « guérisseuse à Komsilga ». En encerclant d’abord le TGI Ouaga II dans la soirée du 28 juillet avec deux (02) pickups et un blindé contenant des militaires encagoulés et armés pour tenter d’extraire la prévenue des mailles de la justice, puis en la faisant libérer par des agents de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) sur instructions du Directeur général de l’administration pénitentiaire et du ministre la justice et des droits humains, à l’insu du Procureur du Faso près le TGI Ouaga II, le MPSR de TRAORE s’est rendu coupable d’un parjure inacceptable et contraire aux principes qui fondent le Faso, notre république.

Tout en exprimant son soutien indéfectible, militant et agissant à l’ensemble des acteurs de la Justice de notre pays, le Balai Citoyen condamne avec force l’immixtion cavalière et honteuse de l’exécutif dans le judiciaire. Ce forcing qui a reçu une désapprobation nationale des acteurs avisés et sincères est une forfaiture qui met à nue l’État d’exception latent en cours Burkina Faso.

Le contexte sécuritaire est certes complexe, mais cela ne doit en aucun cas constituer un passe-droit pour la négation des principes de l’État de droit et des libertés démocratiques chèrement acquis de haute lutte dans notre pays. C’est dans un État respectueux de ses propres règles que le combat contre tout ennemi peut se gagner durablement.

Nonobstant cette affaire de la « guérisseuse de Komsilga », force est de constater que la propension des princes du moment à faire taire toute voix discordante à la leur par l’enrôlement forcé dans le rang des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) est évidement une initiative qui favorise la clandestinité dont nous savons la dangerosité pour un État en guerre.

Aussi, le mutisme du pouvoir sur des scandales révélés par la presse tels que le rapport d’Inata, la mort suspecte du Lieutenant Namoro, les enlèvements et séquestrations rocambolesques de paisibles citoyens, les agressions et tueries liées au faciès, etc. constituent une attitude inadmissible qui instaure le doute et la méfiance sur l’engagement réel des autorités à positionner le pays sur des alternatives crédibles et meilleures.  

Au regard de ce qui précède, le Balai Citoyen, tout en saluant la mémoire de toutes les victimes de l’insécurité dans notre pays et en reconnaissant le sacrifice inestimable de l’ensemble de nos forces combattantes, prévient le MPSR du capitaine Ibrahim TRAORE d’avoir une pleine conscience de la nature du peuple Burkinabè dont le silence ne doit en aucun cas être interprété comme un blanc-seing.

C’est pourquoi, nous exhortons les autorités de la transition à prendre en compte les voix multiples, critiques et propositions de l’ensemble des burkinabè et à travailler dans le sens de l’unité, de la cohésion sociale chez les civils et militaires et du vivre ensemble au sein des communautés.

Nous exigeons par la même occasion : 

L’exécution du mandat de dépôt décerné contre la « guérisseuse de Komsilga » ;

La poursuite de toutes les personnes impliquées dans cette affaire de soustraction des mains de la justice de la « guérisseuse de Komsilga » ;

L’ouverture d’enquêtes indépendantes sur tous les enlèvements, séquestrations, assassinats révélés par la presse d’investigation de notre pays ;

L’ouverture d’enquêtes indépendantes sur les crimes économiques et autres biens mal acquis.

Le Burkina Faso doit rester et demeurer un état de droit en dépit du contexte sécuritaire très difficile. Force doit rester à la loi !

Notre nombre est notre force !

Ensemble, on n’est jamais seul !

Pour le Balai Citoyen, la Coordination Nationale».