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Attaques au Niger: ils ont encore osé!

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L'armée nigérienne encore endeuillée (Ph. rfi.fr)

Ils ont encore frappés. Ils ont encore tué trois gendarmes. Ils ont encore endeuillé des familles et l’armée nigérienne. Ils viennent surtout de plonger tout le Niger dans la douleur, en ôtant la vie à trois de ses soldats, comme ils l’ont fait récemment au Mali et surtout à Ouagadougou où ils ont frappé l’armée burkinabè en plein cœur, faisant 8 morts dans ses rangs. S’ils n’ont pas attaqué l’ambassade de France et l’état-major comme ils l’ont fait le vendredi 2 mars dernier au Burkina Faso, les assaillants, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, n’ont pas moins osé en frappant ce poste de gendarmerie situé juste à 40 kilomètres de Niamey, la capitale nigérienne. Comme s’ils n’ont plus peur de rien, surtout pas de ceux qui sont censés assurer la défense du territoire, ces hommes sans foi ni loi alignent les attaques meurtrières mais font surtout montre d’une outrecuidance outrageuse. Au Niger, ont-ils bénéficié de complicité dans la Grande muette comme cela semble être le cas le vendredi noir au Burkina, où ils ont pénétré dans le Saint des saint de l’armée pour y faire sauter un véhicule bourré d’explosifs? Toutes les hypothèses sont plausibles, dans un Sahel africain où les terroristes ont réussi à infiltrer tous les secteurs de la vie. Même les populations qui, par peur de représailles mais aussi pour des raisons pécuniaires assurent une cachette presque sans faille à ces semeurs de mort à tout vent.

Les assaillants sont-ils désormais en terrain conquis dans un Sahel que n’a jamais pu sécuriser les armées nationales et les forces onusiennes, américaines et françaises?  Ou alors sont-ils inquiétés par la constitution de la force conjointe du G5 Sahel qui prend de plus en plus forme et dont ils comptent donc saper les fondements avant même qu’elle puisse s’implanter? Les armées de la Mauritanie, du Niger, du Mali, du Burkina Faso et du Tchad, membres du G5 Sahel, trouveront-elles le répondant nécessaire pour affronter des terroristes, là où Barkhane et autres GI’S plus discrets dans leur présence dans cette partie de l’Afrique, semblent se casser les canons? Autant d’interrogations qui ne sont pas pour rassurer des populations qui, sans vivre sous coupe réglée des assaillants, ne subissent pas moins cette phobie d’attaques qui tenaille constamment le ventre, réduit les déplacements au strict minimum et paralyse ainsi du coup les activités économiques. Certes, dans le village de Goubé, au Niger, comme à Ouagadougou au Burkina, où ils ne s’en sont pris qu’aux Forces de défense et de sécurité, les assaillants semblent donner du répit aux civils. Mais ce n’est sans doute pas parce qu’ils ont pitié de ces derniers, mais visiblement pour accentuer leur peur de ne plus être protégés. Car, comme à Ouaga avec l’attaque de l’état-major, les attentats aux portes de la capitale nigérienne, comme celui du village de Goubé, sont assez inhabituels depuis plus de deux ans.

D’où viendra le salut pour le Sahel si les forces qui en assurent la défense deviennent aussi vulnérables, malgré la bravoure des soldats, souvent dépassés par la puissance de feu et la parfaite maîtrise du terrain des assaillants?  L’écheveau ne sera pas des plus simples à dénouer, surtout que qu’en matière de renseignement, tout comme en stratégies de combat, les armées africaines semblent avoir une bonne longueur de retard sur les terroristes, experts dans une guerre asymétrique dont ils semblent avoir seuls le secret.

Par Wakat Séra