Accueil A la une Burkina/Coronavirus: «Le gouvernement exploite le contexte pour réprimer les syndicats»

Burkina/Coronavirus: «Le gouvernement exploite le contexte pour réprimer les syndicats»

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Les responsables du mouvement syndical sur la table du présidium au 19e congrès du SYNATEL

Le secrétaire général du Syndicat burkinabè des télécommunications (SYNATEL), Souleymane So, a affirmé ce jeudi 8 avril 2021 que « le gouvernement exploite le contexte du coronavirus pour réprimer les organisations syndicales et faire reculer les libertés démocratiques ». M. So a fait cette déclaration à l’ouverture du XIXe congrès de son organisation syndicale qui se tient du 8 au 10 avril à la Bourse de Travail à Ouagadougou autour de la « dégradation du dialogue social et de remise en cause des libertés ».

Le19e congrès du SYNATEL se tient dans un contexte national et international marqué par une « double crise sécuritaire avec ses multiples attaques terroristes et autres bandits de tout genre et celle sanitaire avec la pandémie du coronavirus qui endeuillent les populations », a d’abord dit M. So dès l’entame de ses propos. « La maladie à coronavirus défie depuis son apparition, le monde entier qui peine à trouver une solution et met à genou les économies », a regretté le secrétaire général du syndicat des agents de la télécommunication au Burkina.

Le secrétaire général du Syndicat national des télécommunications (SYNATEL), Souleymane So

Le premier responsable du SYNATEL a poursuivi qu’en plus de cette double crise, le contexte national est aussi marqué par « des répressions contre des organisations syndicales, des atteintes graves aux libertés syndicales, un non respect des engagements pris par le gouvernement, une remise en cause même du principe du dialogue social dans notre pays ». Pour lui, cela donne « l’impression que le gouvernement exploite le contexte de la pandémie de la maladie à coronavirus pour faire reculer les libertés démocratiques dans notre pays ».

C’est ce qui pour lui justifie pleinement le thème du congrès intitulé : « Le SYNATEL face aux bouleversements du secteur de l’économie numérique dans un contexte de dégradation du dialogue social et de remise en cause des libertés : enjeux, défis, bilan et perspectives en vue du repositionnement et du renforcement de notre organisation ». « Pour un syndicat, les libertés sont fondamentales. Sans elles vous ne pouvez même pas parler de dialogue. Et les gouvernants doivent en tenir compte parce qu’il y a des conventions qui ont été ratifiées et donc on doit les respecter », a-t-il martelé.

« La survenue de la pandémie du coronavirus entraîne une grande sollicitation du secteur des télécommunications, tout se faisant maintenant à distance. Cela exige des opérateurs une mise à disposition de large bande passante », a indiqué Souleymane So selon qui « le gouvernement devait veiller à ce que cela soit respecté dans notre pays ».

Ce 19e congrès se tient à un moment où « la réaffirmation de l’engagement syndical, la solidarité et des valeurs jumelles et sociales revêt une importance capitale », a-t-il souligné avant d’ajouter que « cet engagement syndical est d’autant plus nécessaire car les nouveaux maîtres renforcent leur pouvoir avec le contrôle des entreprises. Une volonté farouche de dilapider le patrimoine dans certaines entreprises ».

Une vue des participants au 19e congrès du SYNATEL

Face à cette situation, pense Souleymane So, les membres du SYNATEL « sont contraints à un sursaut salvateur par une analyse sans complaisance des enjeux du moment et une prise de décision courageuse à même de nous permettre de faire face aux crises sociales au plan national et dans toutes les entreprises ». Ce rassemblement vise à dégager une plateforme revendicative, faire des recommandations et prendre des résolutions, « et certainement le bureau national qui va être mis en place va s’atteler à des négociations avec les autorités et cela peut conduire à de grandes luttes », a déclaré le SG du SYNATEL.

Sur le projet qui a mené au changement de dénomination de l’entreprise Onatel qui est devenue Moov Africa Burkina, le SYNATEL dit n’avoir pas été associé à ce changement. « Il faut comprendre que la privatisation de l’Onatel qui est intervenue en 2006 avec une cession de 51% donne un certain nombre de prérogatives au partenaire qui est l’actionnaire majoritaire. Le pouvoir (politique) en place avait cédé encore 10% de ses parts ce qui fait que Maroc telecom détenait 61% des parts d’actions. A partir de là, on assistera à ce qu’ils fassent leur bon vouloir », a affirmé Souleymane So. « Sinon c’est sûr que nous ne connaissons pas les tenants et les aboutissants mais nous aurions recommandé que les autorités fassent dans la prudence parce que quand même Onatel était une identification nationale », a-t-il ajouté.

Pour M. So, à partir du moment où les autorités ont cédé le pouvoir aux Marocains, l’Etat « n’a que ses yeux pour pleurer et observer ». « Les travailleurs que nous sommes ne sont que des victimes qui observons. On ne nous a pas impliqués dans ce projet. C’est sûr que le changement a des aspects positifs du fait d’être maintenant dans un grand groupe où on peut parler peut-être le même langage. Mais, c’est sûr aussi que ça peut avoir d’autres conséquences que nous ne maîtrisons pas. C’est pourquoi nous aurions observé de la prudence », a conclu le SG du SYNATEL sur le sujet.

Par Bernard BOUGOUM