Accueil Politique Burkina: « Gérer les temps de crises nécessite une grande diplomatie », dixit Rosine Coulibaly

Burkina: « Gérer les temps de crises nécessite une grande diplomatie », dixit Rosine Coulibaly

0

Le nouveau ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’extérieur, Hadizatou Rosine Sori/Coulibaly, a signifié le vendredi 17 décembre 2021, que « gérer les temps de crises nécessite une grande diplomatie », voulant impulser « une diplomatie d’influence forte » pour le rayonnement du pays des « Hommes intègres » sur les plans régional et international. Elle a fait cette déclaration lors de sa passation de charges avec le ministre sortant, Alpha Barry, qui a passé six ans à la tête du département.

Madame Fatoumata Bénon/Yatassaye, le nouveau secrétaire général du gouvernement nommé, le 12 décembre, par le Premier ministre, Lassina Zerbo, est en train de procéder depuis trois jours, à l’installation officielle des nouveaux membres du gouvernement qui ont fait leur prise de contact dans la matinée du mercredi avec le chef de l’Etat, Roch Kaboré.

« Je mesure l’ampleur de la tâche et je suis persuadée que le succès de la transformation radicale de notre pays passe par le succès de la diplomatie. Je tiens à rassurer que ni rêveuse ni naïve, je ne serai », a déclaré Rosine Sori/Coulibaly qui a fait noter que « le contexte géopolitique actuel, nous impose d’avoir une diplomatie d’influence forte pour impacter l’agenda régional et international sur les questions relatives à la construction de la paix au Sahel notamment ».

La nouvelle cheffe de la diplomatie burkinabè veut imprimer sa marque à la tête du département qui fait partie des ministères de souveraineté. « Gérer les temps de crises nécessite une grande diplomatie (car) à situation exceptionnelle, solution spéciale », a-t-elle affirmé, estimant qu’« en période de crise, il faut une diplomatie des citoyens ».

« Si pour certains, la diplomatie est l’art de dissimuler la sécheresse des propos sous le sirop de la dialectique, pour d’autres comme moi la diplomatie surtout en période de crises devrait être la diplomatie des citoyens ou plutôt une diplomatie dite publique », a-t-elle martelé, soulignant que les populations doivent connaître les choix diplomatiques des autorités basés sur les intérêts du pays.

Elle a insisté que les amis du Burkina Faso « seront ceux à même d’aider (le pays) à faire face à (ses) ambitions de paix, de sécurité et de développement telles que affichées par les plus hautes autorités du pays ». Pour que cela soit concret, dame Rosine Coulibaly à sa petite idée. « Il faut que des réajustements soient faits pour réadapter notre politique étrangère et promouvoir l’efficience des actions dans nos représentations diplomatiques qui doivent être plus agiles et de véritables forces de propositions », a-t-elle révélé.

Les états généraux de la diplomatie en préparation permettront de tracer un « chemin vertueux de notre diplomatie », s’est-elle réjoui parce qu’« il sera nécessaire d’opérer une prise de conscience de la fonction de diplomate qui est synonyme d’un plus grand sens élevé de la responsabilité et bien plus, une autodiscipline ».

La nouvelle cheffe de la diplomatie burkinabè compte également ratisser large pour implémenter une nouvelle diplomatie. « Tous les leviers de la diplomatie seront actionnées, que ce soit les mécaniques de soft power ou de hard power avec des partenaires. En français facile c’est la diplomatie douce mais de temps en temps musclée », a-t-elle précisé tout en disant avoir à l’esprit que « l’utopie, c’est l’arme du rêveur et l’obstacle du diplomate contemporain ».

Elle a remercié le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré pour « la confiance placée » en sa personne pour relever les défis de la diplomatie à une période où le Burkina Faso doit faire face à divers maux qui pourraient moucheter son rayonnement à l’international.

« Je le (Roch Kaboré) félicite et le remercie au nom des femmes du Burkina Faso pour cette décision courageuse et historique qu’il a prise de nommer une femme à la tête de ce département. Les jeunes filles retiendront que tout est encore possible lorsque tout semble impossible », s’est-elle exprimée avant de demander que les agents de son département, à quelque niveau que ce soit, aient une franche collaboration avec elle.

Le ministre sortant Alpha Barry, dans ce sens, a invité ses désormais ex-collaborateurs à accorder à sa remplaçante tout l’accompagnement dont il a bénéficié durant ces six ans de service. M. Barry a exprimé sa « fierté » qui « est légitime » au vu des résultats engrangés malgré le contexte difficile dont il a hérité après la gestion du gouvernement de la transition. Il a signifié toute sa satisfaction de concrétisation du vote des Burkinabè de l’extérieur qui était une volonté politique forte tenant à cœur le président du Faso.

Quand Alpha Barry arrivait à la tête du département en début janvier 2016, le ministère des Affaires étrangères était amputé de ses meilleures cadres à la suite des affectations massives du personnel opérées par le gouvernement de transition. « La plupart des plus gradés étaient partis. Les ministres plénipotentiaires qui constituent la crème de la diplomatie étaient rares dans cette maison. Il a fallu se tourner vers les plus jeunes. Aujourd’hui nous pouvons mesurer ensemble le chemin parcouru », a-t-il rappelé.

« Nous avons engrangé des résultats notables et palpables de notre action commune. La reprise de toutes les coopérations suspendues, l’établissement ou le rétablissement des relations diplomatiques avec certains pays y compris la Chine, l’ouverture de nouvelles ambassades dans d’autres pays, le retour de certaines ambassades qui avaient fermé », a avancé le diplomate qui a ajouté « l’exemption de visa dans certains pays, la forte augmentation des bourses d’études étrangères offertes par des pays amis, le placement des hauts cadres dans des fonctions internationales, etc. ».

Par Bernard BOUGOUM