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Burkina: Kémi Séba est désormais dans les mains de la justice (avocat)

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Me Prosper Farama, avocat des victimes

Le premier responsable de l’ONG Urgences panafricanistes, l’activiste anticolonialiste franco-béninois Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, est désormais dans les mains de la justice burkinabè qui l’accuse d’avoir «injurié» le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, selon son avocat Me Prosper Farama sur les ondes de RFI.  

Kémi Séba n’a pas été expulsé du Burkina Faso comme nous l’avons relayé, selon des informations de son entourage qui avait indiqué que des gendarmes sont venus l’enlever et le conduire à l’aéroport. Il est poursuivi par la justice qui le garde à vue depuis le samedi 21 décembre 2019 à Ouagadougou, où il avait animé une conférence publique sur le franc CFA dans la plus grande université publique du Burkina.

«Dès mon arrivée, l’agent enquêteur a signifié que sur des nouvelles instructions du procureur, désormais il faut considérer qu’il était retenu dans le cadre d’une procédure engagée contre lui pour injure à l’encontre du chef de l’Etat», a déclaré son avocat Me Farama qui ajoute qu’ «au-delà des injures, on lui reprocherait d’avoir incité les populations, notamment, la jeunesse à la révolte, d’avoir aussi tenu certains propos, notamment en disant que sous le régime du président (Blaise) Compaoré, la sécurité était mieux assurée au Burkina que sous le régime du président Kaboré».

Le leader de l’ONG Urgences panafricanistes, Kémi Séba, soutenu par une bonne partie de la jeunesse panafricaine, «avait par ce fait là tenter de démoraliser tous ceux qui se battent au Burkina Faso contre le terrorisme», selon les termes de l’agent enquêteur repris par l’avocat, qui a terminé en disant que c’est «essentiellement les reproches qui lui sont faits».

Un peu plus tôt, des sources sécuritaires avaient fait comprendre que Kémi Séba avait été exfiltré de crainte que des jeunes qui étaient remontés contre ses propos à la conférence publique ne s’en prennent à lui.

Plusieurs internautes s’étaient dits indignés et outrés par certains propos que l’activiste a tenus lors de sa conférence qui a mobilisé des dizaines de jeunes, notamment la jeunesse estudiantine. «Comment peut-on accepter que Kémi Séba qui a bénéficié de l’hospitalité de notre chef de l’Etat le traite de passoire politique», s’était offusqué un internaute sur le réseau social facebook avant qu’un autre tempère en notant qu’«il a aussi reconnu des mérites du président Roch Kaboré, mais personne n’en parle». Par le même canal sur la toile, d’autres s’étonnent que certains se disent indignés car, Kémi Séba «est bien connu ainsi pour son langage. Tant que c’est les autres présidents qu’il insulte vous le soutenez, mais maintenant que c’est ici, ça vous remonte», s’est exprimé un autre internaute.

Kémi Séba a présenté, le mercredi 22 août 2018 à Ouagadougou, son ouvrage intitulé «L’Afrique libre, ou la mort», un livre qualifié de «boussole» pour les générations futures et actuelles qui luttent contre la françafrique, une politique qui maintiendrait le continent africain dans la misère et le sous-développement. «L’Afrique est dans une dynamique globale où nous partons dans le principe que le franc CFA est le bras armé monétaire d’un appareil beaucoup général qui en réalité est en train d’asphyxier nos populations depuis la fin des indépendances», selon l’activiste franco-béninois qui a été empêché de tenir des manifestations publiques dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest.

En rappel, le 26 août 2018, Kémi Séba a été reçu en audience à Kosyam par le président Roch Kaboré.

Par Bernard BOUGOUM