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Burkina: le MBDHP dénonce une remise en cause des «principes essentiels des droits humains»

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Dans ce communiqué parvenu à la rédaction de Wakat Séra ce lundi 3 septembre 2018, le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) dénonce une remise en cause des «principes essentiels des droits humains» au Burkina Faso « ces derniers temps ».

La situation nationale est marquée ces derniers temps au Burkina Faso par une succession de faits préoccupants. Ces faits, qui remettent en cause des principes essentiels des droits humains, inquiètent légitimement plus d’un Burkinabè et sont lourds de dangers pour la paix sociale et la tranquillité publique.

Sur le plan sécuritaire, l’on assiste à une multiplication d’attaques perpétrées par des groupes armés non identifiés dans plusieurs localités du territoire national. Au cours du seul mois d’août 2018, ces attaques ont causé la mort de dix-huit (18) personnes, dont huit (8) militaires, cinq (5) gendarmes, trois (3) civils, un (1) agent de police et un (1) agent de douane.

Outre ces lourdes pertes en vies humaines, ces attaques cruelles et barbares ont également causé de nombreux blessés et fait des dégâts matériels importants.
En ces circonstances particulièrement douloureuses, le MBDHP présente ses condoléances aux familles éplorées, ainsi qu’aux forces de défense et de sécurité durement éprouvées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.

La multiplication de ces attaques et leur extension à diverses parties du territoire national montrent clairement aujourd’hui, l’incapacité du gouvernement à garantir aux populations le droit à la sécurité de leurs personnes et de leurs biens. La sécurité constitue pourtant, un droit fondamental et un préalable indispensable à tout développement économique et social. C’est pourquoi, le MBDHP appelle une fois de plus le gouvernement à trouver des voies et moyens adéquats pour sortir notre pays de cette impasse.

Hélas, le développement de l’insécurité ainsi que la psychose qu’il entraîne, donnent lieu à des bavures policières inacceptables. A titre illustratif, le 15 août 2018, à Bobo-Dioulasso, un agent de police, en mission de régulation de la circulation, a ouvert le feu sur un tricycle transportant des personnes, au motif que le conducteur aurait violemment tenté de se soustraire au contrôle, blessant alors l’une de ses passagères.

 Deux semaines plus tard, à Ouagadougou, soit le 30 août 2018, un jeune homme a également été blessé par balle par des éléments de la Police nationale tenant un périmètre de sécurité, au niveau de la Direction générale des Transports terrestre et maritime (DGTTM), au motif que la victime et son compagnon auraient tenté de forcer ledit périmètre.

C’est dans un tel contexte peu rassurant, que madame Safiatou LOPEZ /ZONGO, a été interpellée le 29 août 2018, par des éléments de l’Unité Spéciale d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (USIGN), après une mobilisation de forces et de moyens militaires, rarement vu pour pareille mission : près d’une dizaine de véhicules d’intervention, bouclage de zone, drone, fermeture de commerces, etc.

Même l’opération anti-terroriste menée par l’USIGN à Rayongo le 22 mai 2018 n’avait pas donné lieu au déploiement de tels moyens, qui ont traumatisé la famille et les proches de madame ZONGO, ainsi que les populations de la zone d’habitation de celle-ci.

Selon le parquet près le Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou, cette interpellation est liée à une implication possible de madame LOPEZ dans une tentative de faire évader des détenus de la Maison d’arrêt et de Correction des Armées (MACA).

En tout état de cause, bien que la lutte contre l’insécurité constitue une préoccupation majeure pour l’ensemble du peuple burkinabè, de telles méthodes d’interpellation aux allures guerrières mettent en péril les libertés individuelles et collectives et violent les règles procédurales concernant la présomption d’innocence et les droits de la défense.

Pourtant, sans le respect des droits et libertés individuelles et collectives, la contribution utile et nécessaire des populations à la lutte contre le terrorisme pourrait être vaine.
Au regard de ce qui précède et soucieux d’une meilleure protection des droits humains au Burkina, le MBDHP :

– condamne fermement les attaques récurrentes contre notre pays orchestrées par des groupes armés non identifiés ;

– réitère ses condoléances aux familles des victimes de ces différentes attaques cruelles et souhaite un prompt rétablissement à l’ensemble des personnes blessées ;

– appelle instamment le gouvernement à prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer l’effectivité du droit à la sécurité sur toute l’étendue du territoire national ;

– condamne également les bavures policières et appelle les forces de défense et de sécurité à agir de façon professionnelle dans le strict respect des règles de l’Etat de droit;

– appelle les autorités politiques et judiciaires au strict respect des libertés individuelles et collectives et de façon particulière au respect de la présomption d’innocence et des droits de la défense dans la procédure en cours contre madame Safiatou LOPEZ/ZONGO.

Ouagadougou, le 03 septembre 2018

Le Comité exécutif national