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Mali: la CEDEAO doit éviter le piège du colonel Goïta

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Le colonel Assimi Goïta engage le Mali dans un bras-de-fer avec la Côte d'Ivoire

Réunis en ce week-end du 12 décembre en sommet ordinaire à Abuja au Nigeria, les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont remis le couvert, en ce qui concerne le Mali où les putschistes sont en train de monter un traquenard pour confisquer encore pour longtemps, le pouvoir qu’ils ont arraché aux civils par deux coups d’Etat en moins d’un an. Alors que, sous la menace de mêmes sanctions qui devaient les frapper pour leur prise de pouvoir par les armes en pleine démocratie, les militaires de Kati, avaient accepté le chronogramme de la communauté internationale qui fixait les élections pour le 27 février 2022, par le biais d’une correspondance du nouvel homme fort de Bamako, demande qu’une nouvelle échéance soit fixée par les assises nationales.

Mais la CEDEAO a donné une fin de recevoir à cette lettre du colonel Assimi Goïta, exigeant, à l’unanimité, que le deadline des scrutins ouverts qui doivent ramener le Mali dans le giron de la démocratie soit respecter, sans autre forme de procès. On en attendait pas moins de l’organisation sous-régionale qui a banni de l’histoire des nations, la prise de pouvoir par les armes et par toute autre procédure que les urnes. Du reste, la transition malienne avait-elle pour mission d’organiser des assises nationales, ou de conduire le pays à des élections démocratiques? Certes, les sanctions prises dans la plupart des cas d’irruption des soldats sur la scène politique ont rarement produit les résultats escomptés, mais laisser faire aussi serait encourager les militaires à jouer, intempestivement les arbitres dans des situations politiques que des mécanismes ont, tel la sanction de la vox populi et autres ont été prévues pour déstabiliser un gouvernant indélicat.

Dans le même temps la Guinée qui est également aux mains des putschistes dirigés par le colonel Mamady Doumbouya, malgré les quelques gages de la part des nouvelles autorités et des actions comme la libération relative de l’ancien président Alpha Condé qui était dans les mains de ses tombeurs, demeure également dans le viseur de la CEDEAO qui exige un calendrier clair de transition. Les militaires guinéens, à leur décharge pourraient même être reconnus comme avoir fait œuvre utile, s’il existait des coups salvateurs et salutaires. Car, ils ont chassé du pouvoir, un Alpha Condé qui, lui-même, venait de se livrer, envers contre tous, et surtout dans le sang de ses compatriotes, à un coup de force constitutionnelle, tombant sous les charmes du Troisième mandat ; un acte foncièrement anticonstitutionnel.

Et c’est en cela que la CEDEAO s’est décrédibilisée, fermant mes yeux sur les dérives autoritaires des membres du syndicat des chefs de l’Etat qui ne sont, ni plus, ni moins que des coup d’Etat contre la loi fondamentale des pays. En tout cas, la Guinée, et surtout le Mali, restent constamment dans l’œil du cyclone de cette CEDEAO à laquelle il est reprochée de ne défendre que les intérêts des têtes couronnées, au lieu d’être une organisation au profit des peuples qui ploient sous le joug de la mal gouvernance et de la confiscation des libertés, qui sont devenus la marque de fabrique de nombre de dirigeants. Comme l’a si bien dit le Sénégalais Macky Sall, la sous-région en plein printemps de putschs militaires n’a pas besoin de militaires sur la scène politique. Sauf que l’Afrique de l’ouest n’a pas non plus, besoin de dirigeants qui n’ont pas le respect de la parole donnée et violent sans pudeur, dame Constitution.

Par Wakat Séra