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Burkina: les agents publics de santé ont 8 heures maximum de vacation par semaine

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Les agents publics de santé au Burkina Faso ont, au maximum, 8 heures de vacation par semaine dans les établissements privés de santé. Ainsi en a décidé le Gouvernement de Transition qui a par ailleurs adopté à cet effet, le 6 juillet dernier, en Conseil des ministres, un décret pour réglementer les prestations de service de ces agents publics de santé dans le privé, martelant que tout contrevenant aux dispositions dudit décret s’expose à des sanctions. Le Syndicat des Médecins du Burkina (SYMEB) a indiqué, dans une déclaration, le mardi 5 septembre 2023, que cette décision du Gouvernement «a le mérite de soulever» un débat de fond sur le système de santé burkinabè, mais a signifié que «l’absentéisme et le conflit d’intérêt qu’entretiennent certains médecins et autres professionnels de santé du public avec le privé ne constituent pas le principal facteur explicatif des dysfonctionnements hospitaliers constatés au Burkina Faso».

C’est une décision jugée audacieuse mais importante. Celle que le Gouvernement burkinabè de Transition a prise sur les agents publics de santé. Elle est contenue dans un décret adopté, le 6 juillet 2023, en Conseil des ministres, en vue de réglementer leur intervention dans les établissements privés de santé. Selon les termes de ce décret détaillés par le ministère en charge de la Santé dans une note publiée, le mardi 5 septembre 2023, sur sa page Facebook, les agents publics de santé ont désormais 8 heures maximum de vacation par semaine, soit en une journée, soit en deux demi-journées.

Et ce n’est pas tout. Les interventions de ces agents publics de santé sont autorisées pour une période transitoire. Ainsi, les spécialistes disposent d’une durée de deux ans maximum au bout de laquelle ils seront invités à choisir formellement entre être dans le public et être dans le privé. Pour le reste des corps de la santé, cette autorisation est d’une durée d’un an maximum au bout de laquelle ils devront opérer un choix pour l’exercice de la fonction.

En plus de ces périodes transitoires auxquelles les agents publics de santé sont soumis, des conventions devront être également signées, selon les termes du décret, entre ces derniers, les structures publiques de santé dont ils relèvent et les structures privées de santé où ils doivent intervenir.

Le Gouvernement de Transition a mis en garde contre toute violation des dispositions du présent décret. Pour ce faire, les agents publics de santé qui réalisent des vacations en violation de ces dispositions s’exposent à des sanctions disciplinaires conformément aux textes en vigueur. Et tout établissement privé de santé violerait les termes du décret, s’expose à une fermeture temporaire ou définitive.

Le ministre en charge de la Santé, Robert Lucien Jean-Claude Kargougou, avait précisé que l’adoption de ce décret va permettre «de clarifier l’intervention des agents publics de santé dans le privé, de minimiser les conflits d’intérêt, d’améliorer la disponibilité des agents dans les structures sanitaires publiques et d’améliorer l’accès équitable de la population au service de santé de qualité».

Le ministère en charge de la Santé a, quant à lui, indiqué que «des sessions d’information sont organisées à l’endroit des parties prenantes, notamment le secteur privé de santé, les acteurs des formations sanitaires publiques, les ordres professionnels, les partenaires sociaux, pour une mise en œuvre réussie de cette importante décision».

La réaction du Syndicat des Médecins du Burkina (SYMEB)

«Cette décision a le mérite de soulever un débat qu’il nous faut courageusement mener et assumer si nous voulons d’un système de santé fort et répondant aux besoins des travailleurs et des populations burkinabè. Car malheureusement, certains praticiens, toutes professions de santé confondues, exercent leur activité dans les structures privées de santé pendant ou en dehors des heures de service au mépris des textes législatifs existants», a réagi le Syndicat des médecins du Burkina  (SYMEB) dans une longue déclaration produite le mardi 5 septembre 2023.

«L’absentéisme et le conflit d’intérêt qu’entretiennent certains médecins et autres professionnels de santé du public avec le privé sont réels, préjudiciables à bien des égards et doivent être pointés du doigt et règlementés», souligne le SYMEB dans sa note. Mais, «ce n’est pas le principal facteur explicatif des dysfonctionnements hospitaliers constatés au Burkina Faso», poursuit-il, citant une panoplie de causes tout en formulant dans le même temps, des suggestions pour faire rayonner ce secteur stratégique dans la vie de la nation.

Par Siaka CISSE