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Burkina: plus de 16 000 agents communautaires de santé réclament des arriérés de paiements

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Karim Kaboré, porte-parole des ASBC en rouge

Plus de 16 000 Agents de santé à base communautaire (ASBC), recrutés depuis 2016, attendent pour la majorité, au moins une année de paiements de leur prime qui s’élèverait à 20 000 FCFA/mois, a affirmé ce mardi 4 mai 2021, leur porte-parole, Karim Kaboré, face à la presse à la Bourse du Travail, à Ouagadougou. Les conférenciers ont égrené aux femmes et hommes de médias leurs doléances détaillées en une vingtaine de points, visant une amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

Cet échange avec la presse vise à prendre l’opinion publique et internationale à témoins des difficultés que rencontrent les Agents de santé à base communautaire (ASBC) dans leur travail.

Dès l’entame, Karim Kaboré et ses camarades ont précisé que les activités menées par les ASBC sont « la sensibilisation et la réalisation des campagnes de masse (distribution des milda, campagnes de paludisme saisonnières, les VPO) ». C’est à la suite de leur preuve en tant travailleurs bénévoles que le ministère de la Santé dans sa phase de recrutement les a intégrés, non sans la caution des villageois qui ont eu à apprécier leur travail de par le passé.

Une fois recrutés, les ASBC ont droit à une puce où leur responsable, c’est-à-dire le major ou le Médecin Chef de District (MCD), est sensé verser par mois, leur prime de motivation qui fait 20 000 FCFA.

Mais, a expliqué Salifo Tapsoba, un agent communautaire de santé dans la province du Zoundwéogo, la puce dont on dote les ASBC et sur laquelle on envoie leur motivation via le mobile money, se coupe par la suite si un changement intervient, entre un ancien ASBC et nouveau recru. Cela fait que certains « ASBC ont plus d’une année de retard de paiement, d’autres six mois, certains cinq ou quatre mois », a renchéri M. Tapsoba, ajoutant que pourtant « le travail a augmenté actuellement. On nous avait promis des vélos, mais rien. Actuellement on stocke le peu de matériel qu’on a chez nous ».

« C’est à partir de 2016 que l’Etat a fait le recrutement des agents de santé à base communautaire en raison de deux par villages. Les conditions étaient d’avoir un âge compris de 18 à 50 ans, un niveau minimum de CEP et accepter de résider dans les dits villages à savoir les Centres de santé et de promotion sociale (CSPC) », a expliqué M. Kaboré, ajoutant qu’en effet, le recrutement visait « les jeunes qui avaient obligation de demeurer dans les villages ».

La réalisation des activités des ASBC participe, entre autres, à la réduction de la mortalité maternelle et infantile, à la sensibilisation sanitaire, à la planification familiale, à la nutrition, à la lutte contre le tabagisme, à l’accouchement assisté, à l’hygiène et l’assainissement, aux dons de sang, aux dépistages et prise en charge du paludisme, au diagnostic de rougeole.

Malgré leur contribution salutaire à l’épanouissement de la santé des populations vivant essentiellement dans les zones rurales, les ASBC font face à de multiples problèmes dont des soucis de rémunérations. Sur le terrain ils font face à « la non-disponibilité de certains intrants (TDR), au manque de certains médicaments (amoxicilline dispersible), à la rupture fréquente de certains molécules (arthemeter + lumefentrine).

Les agents communautaires de santé rencontrent également des difficultés au niveau de la motivation. Il s’agit de « retard de paiement (notamment) la majorité a une année d’arriérés, de la prise en charge en dessous du SMIG, du manque de moyen de protection surtout dans le contexte de la Covid-19, du manque de site fixe pour les consultations dans les villages, du manque de points focaux chargés de gestion des carrières des ASBC dans les districts et de la non déclaration à la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) ou à la Caisse autonome des retraités et des fonctionnaires du Burkina (CARFO) ».

Et, c’est logiquement que ces représentants des ASBC du Burkina ont soumis des doléances à l’endroit de leur ministère de tutelle. Karim Kaboré et ses camarades, face à la presse ont demandé au ministère de la Santé, « un plan de carrière, l’apurement sans délai des arriérés de salaires, la déclaration de tous les agents à la CNSS ou à la Carfo, un paiement des ASBC à partir du SMIG, un paiement mensuel, la création d’un point focal dans chaque district qui va s’occuper des ASBC, trouver un site fixe pour les activités dans chaque village et rendre disponibles les intrants et les médicaments entrant dans le cadre des activités des agents communautaires de santé ».

Malgré ces difficultés, les conférenciers ont rassuré que les ASBC continuent normalement leur travail et comptent sur la bonne foi des autorités sanitaires pour traiter avec diligence, leurs préoccupations qui s’apparentent à une question de survie, à entendre le cri du cœur des conférenciers.

Par Bernard BOUGOUM