Accueil A la une Burkina/putsch de 2015: une organisation exige « l’indemnisation appropriée des victimes »

Burkina/putsch de 2015: une organisation exige « l’indemnisation appropriée des victimes »

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Ceci est une déclaration de la Coordination des Comités de Défense et d’Approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou, à l’occasion de la commémoration du VIème anniversaire de « la Résistance Populaire Victorieuse au putsch contre-révolutionnaire et de type fasciste de septembre 2015 ». Cette organisation de la société civile exige, dans son document, « l’indemnisation appropriée des victimes et le jugement du dossier de l’Insurrection Populaire » des 30 et 31 octobre 2014.

16 septembre 2015 – 16 septembre 2021, cela fait 6 ans que notre peuple, à travers toutes ses composantes socio-économiques, entamait, pour près de deux semaines, une Résistance patriotique, déterminée et digne au putsch que venait de perpétrer le défunt Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP). A la tête de cette action putschiste et aventuriste, qualifiée de «coup d’Etat le plus bête du monde» et qui ramait à contre-courant de la marche de notre peuple vers son émancipation sociale et économique véritable, on avait un certain Gilbert Diendéré, homme de main et l’un des architectes du long et sanguinaire règne du Capitaine Blaise COMPAORE.

A l’occasion de cet anniversaire, les CDAIP, nés justement sur les barricades de cette Résistance Populaire, saluent la bravoure, l’esprit de sacrifice et l’héroïsme de notre peuple, principalement sa jeunesse. Ils ont une pensée glorieuse pour les martyrs de cette Résistance et pour ceux de l’Insurrection Populaire. Ils renouvellent leur solidarité avec les familles des personnes tuées et blessées sur le champ de bataille contre la brutalité putschiste, la restauration du pouvoir des réseaux mafieux du Capitaine Blaise Compaoré et pour la liberté et l’espoir d’un changement révolutionnaire en faveur du peuple, gage d’une démocratie véritable.

Les CDAIP saluent la tenue du procès au pénal des putschistes qui a abouti à la condamnation de certains commanditaires et exécutants. Ils déplorent la non-indemnisation des victimes et exigent que toutes les dispositions soient prises pour que les victimes vivantes et les ayants-droits des personnes assassinées soient convenablement dédommagées conformément à la loi.

Le message politique de la Résistance populaire et du procès qui s’en est suivi est que notre peuple, dans sa large majorité, est anti-putschiste et n’hésitera pas à réserver le même sort aux clans putschistes toujours tapis dans l’ombre, piaffant de tenter d’autres aventures similaires face à la faillite consommée et irréversible des clans bourgeois et petits bourgeois (MPP et alliés) qui gèrent actuellement l’appareil d’Etat néocolonial. La faillite actuelle de ceux qui gèrent notre pays appelle à une alternative révolutionnaire et non à un énième coup d’Etat qui aggravera encore plus la crise que vit notre peuple.

La commémoration de l’anniversaire de la Résistance Populaire au putsch de septembre 2015intervient dans un contexte de crise généralisée des appareils d’Etat néocoloniaux dans la sous-région ouest africaine, notamment dans le pré-carré de l’impérialisme français. En effet :

  • Les Etats des pays de la sous-région sont dans une crise de faillite profonde, incapables qu’ils sont d’apporter la sécurité, la paix et bien souvent le minimum social (santé, éducation, emploi, …) aux peuples. Ceux-ci vivent sous le joug de l’oppression et de l’exploitation des puissances impérialistes auxquelles sont soumis les dirigeants, qui sont en réalité des valets patentés. Le divorce entre ces dirigeants corrompus, assoiffés de pouvoir et n’hésitant pas, pour ce faire, à réprimer dans le sang les luttes populaires, et les peuples est le fondement des crises multidimensionnelles (sécuritaire, cherté de la vie, confiscation des libertés d’expressions, tripatouillages constitutionnels, hold up électoraux, absence de perspectives pour la jeunesse, etc.) qui appellent à des changements profonds en rupture avec l’ordre néocolonial. Malheureusement, bien souvent, comme ce furent les cas au Mali entre août 2020 et mai 2021 (deux coup d’Etat en 10 mois) et récemment en Guinée (5 septembre 2021), ce sont des putschistes qui s’emparent du pouvoir d’Etat, se présentant comme des sauveurs des peuples. Ces putschs sont pourtant partie intégrante des moyens des fractions bourgeoises nationales pro-impérialistes et de leurs maîtres impérialistes pour sauvegarder l’ordre économique et social néocolonial exploiteur et oppresseur des peuples quand les luttes populaires culminent et créent de plus en plus les conditions d’une remise en cause fondamentale dudit ordre. Des pays comme la Guinée (3 coups d’Etat depuis 1984), le Niger (4 coups depuis 1974), le Mali (5 coups d’Etat depuis 1968), le Burkina Faso (7 coups d’Etat depuis 1966 dont 1 a été défait par la Résistance populaire du peuple en 2015), sombrent davantage dans des crises de gouvernance dont les peuples sont les principales victimes. Ce constat montre incontestablement que les coups d’Etat n’ont jamais été et ne seront jamais des voies de changement politique en faveur des peuples. Ils sont à combattre, au même titre que les mascarades électorales qui mettent à la tête des Etats des corrompus et des prédateurs à la solde de leurs propres intérêts et ceux des puissances impérialistes, notamment l’impérialisme français. Pour les CDAIP comme pour de plus en plus de démocrates et progressistes, dans ces pays et dans les autres pays néocoloniaux, le salut pour les peuples viendra des Révolutions nationales, démocratiques et anti-impérialistes portées par les forces progressistes et révolutionnaires qui existent ou qui sont à créer.
  • Dans notre pays en particulier, la crise sociale, politique, économique et sécuritaire qui frappe notre peuple a atteint des proportions sans précédent. Des portions entières et de plus en plus croissantes de notre territoire échappent de nos jours au contrôle de l’Etat. La vie chère, la prédation (deniers publics, foncier, mines) ont atteint des niveaux jamais égalés. Pourtant c’est avec l’espoir ferme d’un lendemain meilleur que notre peuple a réalisé l’Insurrection Populaire des 30 et 31 octobre 2014 et résisté victorieusement au putsch de septembre 2015. Il apparait clairement que le pouvoir MPP et alliés est dans une entreprise de liquidation des acquis et espoirs suscités par ces deux œuvres historiques de notre peuple. En effet, incapable d’assurer son premier rôle régalien qui est d’assurer l’intégrité du territoire national et la sécurité des citoyens, l’Etat entre les mains du MPP et ses alliés est un Etat aux allures fascisantes : répression tous azimuts des luttes des populations pour de meilleures conditions de vie et de travail (luttes des orpailleurs, des populations contre le pillage du foncier, des élèves contre les réformes antisociales et anti-éducation, etc.). Les simples dénonciations des cas de corruption ou d’expression d’opinions contraires à celles du pouvoir sont l’objet d’interpellation et d’arrestation policières (cas récents de Pascal Zaïda et de Karim Thiombiano).

Si en septembre 2015, notre peuple, de façon unitaire a résisté au putsch de type fasciste de l’ex-RSP, aujourd’hui, les différentes composantes du peuple qui aspirent à un changement véritable en leur faveur doivent organiser la résistance face aux politiques antisociales et destructrices mise en œuvre par le pouvoir MPP et alliés dans tous les secteurs de la vie sociale et économique sous les ordres des officines impérialistes que sont notamment la Banque mondiale et le FMI.

C’est pourquoi les CDAIP, à l’occasion de cet anniversaire de la Résistance Victorieuse au putsch de septembre 2015, appellent les populations, particulièrement la jeunesse de notre pays à :

  • Exiger l’indemnisation appropriée des victimes du putsch de septembre 2015 et le jugement du dossier de l’Insurrection Populaire ;
  • Dénoncer les mesures répressives et les velléités fascistes du pouvoir MPP ;
  • Combattre le putschisme qui ne saurait être une solution face à la crise révolutionnaire qui secoue notre pays ;
  • Fédérer les luttes sectorielles en cours en un vaste mouvement unitaire de lutte contre les politiques antisociales du pouvoir MPP et alliés et à poursuivre la lutte pour un véritable changement politique révolutionnaire en faveur du peuple.

Vive l’Insurrection Populaire des 30, 31 octobre et 1er et 2 novembre 2014 !

Vive la Résistance Populaire Victorieuse de septembre 2015 !

Vive les CDAIP !

La Coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou

Ouagadougou, 16 septembre 2021