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Burkina: trois sociétés d’Etat présentent des états financiers «déficitaires»

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29e AG des sociétés d'Etat

Trois entreprises publiques burkinabè sont «déficitaires», selon le rapport de performance des sociétés d’Etat 2020 présenté, ce jeudi 24 juin 2021 à Ouagadougou, à la 29e Assemblée générale.

Sur un total de 21 entreprises dont les comptes de 2020 ont été analysés, trois présentent des états financiers «déficitaires», indique le rapport de performance.

Il s’agit de la Société de Gestion de l’Equipement et de la Maintenance Biomédicale (SOGEMAB), l’Agence d’Exécution des Travaux Eau et Equipement Rural (AGETEER) et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie Universelle (CNAMU), avec un déficit cumulé de 1,119 milliard de F CFA en 2020 contre 704 millions de F CFA cumulé en 2019 pour les sociétés.

Des participants

Les 18 autres entreprises ont réalisé un bénéfice net cumulé de 195,350 milliards de F CFA en 2020 contre 192,345 milliards de F CFA en 2019.

De façon générale, les chiffres d’affaires des sociétés d’Etat ont baissé de 0,34% passant de 1 379,279 milliards en 2019 à 1 374,623 milliards de F CFA en 2020.

«Les fortes baisses de volume d’activités ont été enregistrées par la Société Nationale Burkinabè d’Hydrocarbures (SONABHY), la Loterie Nationale Burkinabè (LONAB) et la Société Nationale d’Aménagement des Terrains Urbains (SONATUR) dont les chiffres d’affaires ont respectivement diminué de 42,07 milliards, de 8,406 milliards et de 998 millions de F CFA entre 2019 et 2020», selon le rapport.

Il ressort également de ce document que «la contribution directe des sociétés d’Etat et des Etablissements Publics de Prévoyance Sociale (EPPS) au budget de l’Etat est passée de 334,687 milliards en 2019 à 317,237 milliards en 2020, soit une baisse de 17,450 milliards de F CFA».

La valeur ajoutée globale, qui mesure la contribution des sociétés d’Etat à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB) de notre pays, est passée de 205,303 milliards en 2019 à 188,601 milliards de F CFA en 2020, soit une baisse de 16,702 milliards de F CFA.

Les plus fortes baisses de la valeur ajoutée en 2020 ont été enregistrées par la SONABHY pour un montant de 14,592 milliards, la LONAB pour un montant de 2,458 milliards et l’ONEA pour un montant de 2,246 milliards de F CFA.

De même, l’excédent brut d’exploitation de nos sociétés d’Etat, qui mesure leur performance s’est détérioré en passant de 142,101 milliards de F CFA en 2019 à 124,095 milliards de F CFA en 2020, soit une baisse de 18,006 milliards de F CFA. Cette baisse traduit une contreperformance économique des sociétés d’Etat en 2020. (Rapport de performance)

Au total, les 21 entreprises ont fait un résultat net global de 194,231 milliards en 2020 contre 191,641 milliards de F CFA en 2019, soit une hausse de 2,590 milliards de F CFA. Les charges de personnel s’établissent à 76,655 milliards de F CFA en 2020 contre 74,555 milliards de F CFA en 2019, soit une hausse de 2,100 milliards de F CFA. Les plus fortes hausses de charges de personnel sont enregistrées par la SONABEL, la SONABHY et la CNSS qui sont respectivement de 1,268 milliard, 595 millions et 555 millions de F CFA avec des effectifs respectifs de 2 829, 346 et 879 agents.

«Malgré cette contre-performance financière de nos entreprises publiques, des motifs de satisfaction peuvent toutefois être notés en terme d’accompagnement des politiques du gouvernement en matière de création d’emplois à travers le recrutement de 1072 nouveaux agents en 2020», a soutenu le Premier ministre Christophe Dabiré. Il a par ailleurs exhorté les responsables des entreprises publiques «à faire preuve de dynamisme et de rigueur dans la gestion, à cultiver l’esprit d’innovation et surtout à développer d’avantage d’initiatives pour s’adapter aux exigences de la conjoncture économique peu favorable aux activités de bon nombre d’entre elles».

Le Premier ministre Christophe Dabiré

Pour M. Dabiré, vu l’importance que revêtent les entreprises publiques dans l’économie du pays, il faut «réagir vigoureusement pour augmenter la résilience (des) sociétés face aux chocs endogènes si nous ne voulons pas laisser à la postérité l’image de responsables qui ont contribué à la dégradation de notre patrimoine collectif».

Selon le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Harouna Kaboré, «2020 a été une année qui a fortement été impactée par la maladie à coronavirus mais aussi par des défis sécuritaires à relever, ce qui, forcement joue sur l’activité économique au plan national mais aussi au niveau des sociétés d’Etat».

Pour lui, cette situation «a contribué à dégrader les comptes des différentes sociétés d’Etat», qui sont tout de même «restées résilientes».

Des participants à l’AG des sociétés d’Etat

M. Kaboré a affirmé que «les questions posées et qui concernent ces sociétés d’Etat sont des questions qu’on peut résoudre» et ils vont travailler au cours de cette Assemblée générale «à résoudre, à donner des réponses nécessaires pour que les différentes sociétés d’Etat continuent à jouer pleinement leur rôle».

Les difficultés relevées au cours de l’exercice 2020, sont entre autres «l’insuffisance de portefeuille de projets au profit de la SOGEMAB; les difficultés de mise en œuvre de certaines conventions obtenues avec les tutelles techniques des MODP; la non-signature des contrats plans avec l’Etat; les difficultés de recouvrement d’honoraires sur des projets entièrement réalisés; les difficultés de recouvrement des créances de cotisations sociales dues par l’Etat, ses démembrements, les sociétés d’Etat, les collectivités locales, les ambassades et consulats du Burkina Faso à l’étranger; l’importance des impayés des prêts accordés par la CNSS à l’Etat et à ses démembrements; le difficile accès aux fonds de la CARFO logés dans le compte courant du Trésor Public; l’existence de machines à sou illégales dans les villes du Burkina Faso; la prise de paris en ligne non domiciliés au Burkina Faso mais dont les activités constituent une menace aux jeux de la LONAB et les lourdeurs dans les procédures de passation des marchés».

Par Daouda ZONGO