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Burkina: un agent communautaire au Sahel contre Wagner  

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Des éléments de Wagner (Ph. d'illustration)

Ceci est une lettre ouverte de Oumarou Sawadogo, un agent communautaire au Sahel adressée au président de la Transition. Il affirme être contre une arrivée probable des éléments du groupe privé de sécurité russe, Wagner, au Burkina Faso, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

« Excellence Monsieur le président, je suis agent communautaire ici dans la région du Sahel. Nous suivons avec beaucoup d’intérêt les réformes que vous êtes en train de mener sur le plan sécuritaire pour la reconquête intégrale du territoire, mais nous avons lu avec étonnement dans la presse, qu’il est possible que dans les jours à venir, les éléments de G-Wagner puissent venir combattre sur notre territoire du côté de l’armée.

Soucieux de l’avenir de mon pays, et au regard d’un certain nombre de précédents que ces hommes du G-Wagner ont menés notamment en Centrafrique, je me permets de vous adresser cette lettre.

Comme vous le savez la communauté internationale, est très hostile au déploiement des combattants armés mercenaires notamment de G-Wagner au regard de certaines exactions commises dans le passé.

Notre pays est un pays enclavé avec uniquement que des pays de la CEDEAO qui l’entoure, nous ne saurions pouvoir tenir à un mois d’isolement comme ce fut le cas au Mali. En ce sens, il est très souhaitable pour nous d’éviter d’aller à une diplomatie d’affrontement avec les pays de la sous-région car cela pourrait être très dangereux pour notre stabilité.

Deuxièmement, l’arrivée du G-Wagner dans le système sécuritaire va fragiliser la cohésion au sein de l’armée en donnant impunément des faveurs à ces combattants qui vont beaucoup plus se tabler sur la préservation du régime militaire en place que le combat des groupes armés terroristes.

Les questions de primes, de prise en charge et autres considérations risquent fortement de revenir et de semer la zizanie au sein des forces armées déjà assez divisées par l’histoire politique de notre pays.

En troisième lieu, il faut reconnaître que notre vivre ensemble est mis à mal par le fait que les groupes armés terroristes à travers les conspirations et les complicités nous entraînent souvent vers des stigmatisations d’ethnies ou de religion. En Centrafrique, les éléments de G-Wagner ont pris parti pour un groupe ethnique et ont pris part à des exactions dénoncées maintes fois par l’ONU.

Notre peuple malgré les difficultés sécuritaires arrive à être résilient et à résister tant bien que mal et nous devons éviter de créer nous-mêmes nos propres tombes.

En définitive, tenons que notre pays doit pouvoir résister à ces forces du mal avec le courage des fils et des filles, je suis de ceux qui pensent que ce n’est pas à des combattants de G-Wagner, ni aucun autre combattant d’ailleurs qui viendront nous sauver de la situation que nous vivons.

Excellence Monsieur le président, pensez à l’avenir de ce pays avant toute décision que vous viendrez prendre à cet effet. »

Oumarou Sawadogo

Agent de Développement Communautaire, Dori