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Côte d’Ivoire: ADO aussi ooo!

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Entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro, c'est la guerre ouverte (DR)

20 ans de prison ferme. 4,5 milliards de francs CFA d’amendes. Confiscation de sa maison. Et le plus important pour ses persécuteurs, la privation de ses droits civiques pour cinq ans. Cinq ans, le temps que Alassane Ouattara, par mascarade d’élection interposée, passe le fauteuil au candidat qu’il a choisi et imposé au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). C’est clair, Guillaume Kigbafori Soro (GKS), le «fils» de papa Ouattara, boira le calice jusqu’à la lie. Le seul tort de l’ancien chef de rébellion,  qui a offert, sur un plateau de sang, le pouvoir à son ancien mentor, Alassane Ouattara, aura péché contre le dieu actuel de la Côte d’Ivoire, celui qui fait la pluie et le beau temps, le constructeur de ponts devant l’Eternel, le mal nommé «ADO, la solution». Le sort de l’ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a été scellé en quelques heures, comme celui d’un vulgaire voleur de mouton, au tribunal correctionnel d’Abidjan, en l’absence de ses avocats qui ont logiquement boycotté cette parodie grotesque de justice qui cache mal un règlement de compte. Bien évidemment le poignard a été planté dans le dos du téméraire GKS, qui doit actuellement son salut de humer encore l’air frais de la liberté-est-il vraiment libre?- à un si long exil qu’il vit en Europe afin d’échapper au serres de l’homme fort d’Abidjan.

«ADO, la solution» ou «ADO, le problème», c’est selon, un opposant devenu président par la force d’une rébellion dont Guillaume Soro a été le chef, a oublié hier, comme on le dit chez nous au Burkina. Alors que son bilan économique peut encore plaider en sa faveur, celui que certains qualifiaient, à tort ou à raison, de parrain des rebelles a encouragé la mise en lambeaux du tissu social, entretenu la persécution de quiconque ne rentre pas dans ses plans ou va contre ses ambitions de monarchisation du pouvoir et éloigné de leur propre terre natale tous les potentiels candidats à sa succession. C’est la seule voie de sortie pour lui, celle pouvant lui ouvrir les portes d’un troisième mandat, synonyme de présidence à vie lui ayant été fermée grâce à la vigilance de ses opposants et de la société civile. Certes, la constitution qu’il a fait recoudre selon ses mesures à lui, lui permet encore de se présenter pour sa propre succession, mais le peu d’intelligence qui est encore nôtre nous fait penser qu’il n’osera pas le faire. En attendant, ADO balaie et nettoie la route pour son candidat, son actuel Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly qui, sauf retournement de situation, sortira des urnes de la présidentielle, prévue pour fin octobre 2020. Comme pour couper l’herbe sous les pieds de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) qui vient pourtant d’ordonner à l’Etat de Côte d’Ivoire de surseoir à l’exécution du mandat d’arrêt émis contre Guillaume Kigbafori Soro et de surseoir à l’exécution des mandats de dépôt décernés contre les proches du même Soro, Alassane Ouattara a actionné sa justice.

Tout est-il accompli? Guillaume Kigbafori Soro et les siens vont-ils baisser les bras et laisser Alassane Dramane Ouattara demeurer le seul maître à bord qui connaît celui qui peut être le président des Ivoiriens? La fameuse communauté internationale continuera-t-elle à se taire sur ces dérives, prémices véritables de crise socio-militaire dont les Ivoiriens ne veulent plus entendre parler? L’«aîné» de Ouattara, Henri Konan Bédié qui ploie sous le poids de l’âge, Laurent Gbagbo immobilisé à Bruxelles par la Cour pénale internationale (CPI) qui voudrait rouler pour ADO, qu’elle n’agirait pas autrement, et maintenant Guillaume Kigbafori Soro, acculé par la justice de son propre pays, tout semble concourir au bonheur de Amadou Gon Coulibaly. En tout cas, il fera encore la preuve au monde entier qu’«à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire». Sauf que GKS continue de clamer qu’il reste candidat à la présidentielle. «Et je gagnerai»! Foi de l’ancien chef de la rébellion ivoirienne. Les prochains épisodes du feuilleton politico-judiciaire qui passionne actuellement la Côte d’Ivoire risquent d’être bien pimentés. En tout cas, il est temps que ADO soit vraiment la solution et libère l’Eléphant d’Afrique dont les populations n’aspirent qu’à manger l’APF* en paix.

Par Wakat Séra

*APF: Attiéké poisson fumé