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Expédition de charbon fin: accusée, Essakane rejette la thèse de la fraude et avance sa régularité

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Au terme d’une visite de presse sur le site de IAMGOLD Essakane SA avec en focus, le procédé de traitement du minerai, les responsables de la mine dont le directeur général, Mohamed Ourriban et sa directrice des affaires corporatives, de la communication et des relations communautaires, Marie Diop, ont répondu, le 31 mai 2019, aux questions des journalistes sur l’affaire du charbon fin qui fait couler actuellement beaucoup d’encre et de salive parce que la mine se serait adonnée à de la fraude. A la lumière des explications des conférenciers, la mine a «respecté» toutes les procédures légales nationale et internationale entrant dans le cadre de l’expédition du charbon fin en direction d’une société de fonderie pour l’extraction de l’or absorbé.

Depuis quelques semaines, un rapport d’enquête sur le charbon fin de Essakane, saisi le 30 décembre 2018 à Bobo-Dioulasso par la Brigade nationale anti-fraude (BNAF) suite à la demande du Procureur du Faso, pour des vérifications de conformité aux procédures réglementaires d’exportation de ce type de produit, mettrait en cause la société IAMGOLD qui n’aurait pas suivi les règles en la matière. Pour les responsables de Essakane, leurs « comportements, agissements et (leur) manière de fonctionner sont vraiment dictés par les plus hautes valeurs ».

Le 29 août 2018, la mine a demandé l’exportation de son charbon fin auprès du ministère des Mines. Le 10 octobre 2018, elle a obtenu l’accord de principe du ministère des Mines pour l’exportation. C’est ainsi que du 4 au 8 octobre et du 27 novembre au 4 décembre 2018, elle a procédé à la pesée, l’empotage, le colisage et la mise sous scellés des sacs de charbon fin sous la supervision de la direction générale des Mines et de la Géologie (DGMG), du Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina (BUMIGEB) et de la Douane. Alors le 18 décembre 2018, la direction générale des Douanes a autorisé l’exportation et le 29 décembre 2018, 30 conteneurs de ce charbon fin ont été saisis à Bobo-Dioulasso par la Brigade national anti-fraude (BNAF). C’est ainsi que Marie Diop a expliqué le processus suivi pour l’expédition du charbon fin au cœur d’une enquête qui n’a pas encore livré son verdict.

Le Directeur Général de IAM GOLD Essakane SA, Mohamed Ourriban face aux journalistes pour répondre à leurs questions à la fin de la visite

« Ceux qui nous connaissent le savent, nous imposons à nous-mêmes de très hautes valeurs en termes d’éthiques, de respect de droit au niveau national et international. Une compagnie comme la nôtre ne s’amuserait pas à s’engager dans des activités de fraude. On est côté à la bourse internationale et on n’entrerait même pas dans ce jeu-là », a déclaré la directrice de la communication de IAMGOLD, Marie Diop.

« Vous avez vu la quantité d’or en jeu, on parle aujourd’hui de moins de 500 Kg d’or, on parle d’environ 3% de la production annuelle de la mine, donc je ne vois pas l’intérêt qu’une compagnie comme IAM GOLD Essakane SA aurait vraiment à s’adonner à ce genre de pratique-là. On ne perdurerait pas si c’était le cas », a poursuivi Marie Diop qui, répondant à une question, a dit clairement qu’au stade actuel la mine n’allait pas « trop se prononcer d’abord sur ce qui est contenu dans les rapports d’enquêtes (en cours dont une partie s’est retrouvée dans la presse) ».

Elle a confié qu’il y a un cadre de dialogue établi qui a été mis en place notamment entre les autorités judiciaires et la mine afin que celle-ci travaille dans sa collaboration à fournir à la justice toutes les informations qu’elle demande. « On laisse vraiment les autorités gouvernementale et judiciaire faire leur travail et tout ça va se clarifier pour toutes les parties au finish ». Elle a précisé que la quantité d’or contenu dans le charbon fin « est estimée et non exacte » contrairement à ce qu’avancent certains. « L’autorisation de l’expédition de charbon fin est demandée à la base de la quantité estimée », a-t-elle signifié.

Si la mine a suivi toute la procédure quel est l’intérêt pour les experts de dire qu’il y a eu fraude, a demandé un journaliste. « Nous aussi nous nous posons la même question mais on ne sait pas. Honnêtement on se pose la question parce que c’est la réalité dans cette affaire qu’on vous a présenté », a affirmé le directeur général de IAMGOLD Essakane SA, Mohamed Ourriban qui s’est dit « très confiant » de ce que la mine a développé comme explication dans cette affaire.

M. Ourriban a fait savoir qu’après l’expédition du charbon fin bloqué à Bobo-Dioulasso, la mine n’a pas décidé pour le moment de faire d’autres expéditions car l’incinérateur arrive avec le renforcement de sa capacité de production, à traiter une bonne quantité du charbon fin. « L’incinérateur s’améliore et la mine est satisfaite de sa production qui accroît de mois en mois grâce à des retouches pour la rendre plus performante », a-t-il soutenu.

Toussaint Bamouni, Directeur exécutif de la Chambre des Mines du Burkina

Le directeur exécutif de la Chambre des Mines du Burkina, Toussaint Bamouni qui était de la visite a pris la parole à la fin de la conférence pour signifier que son institution marquait sa solidarité à la mine d’Essakane et encourage IAMGOLD pour son innovation servant au traitement du charbon fin que « beaucoup » de mines utilisent. Cette innovation de Essakane permettra de « récupérer le peu d’or que les mines perdent, et par conséquent, l’Etat burkinabè aussi », a poursuivi M. Bamouni qui demande aux acteurs de prendre cette nouvelle trouvaille de Essakane comme « une opportunité » pour améliorer leurs chiffres d’affaires.

Le secrétaire exécutif du Réseau national de lutte anti-corruption (Ren-Lac), Sagado Nacanabo, lors d’une conférence de presse animée le 27 mai dernier, a signifié que les conteneurs saisis par la BNAF « contenaient des sacs avec du minerai » et que « les teneurs déclarées ont été sous- estimées, elles sont anormalement élevées par rapport à celles rencontrées dans le charbon fin des autres mines et par rapport au minerai ». « La pesée des sacs a montré que les masses humides des sacs ont été bien souvent sous-estimées, induisant une forte minoration des quantités de matière précieuse. Le différentiel de poids sec déclaré est ainsi de 67,4 tonnes », avait continué M. Nacanabo qui avait conclu qu’en prenant en compte les teneurs déclarées par IAMGOLD Essakane SA pour l’or et l’argent, « on aboutit à 59,048 kg d’or et 24,11 kg d’argent non déclarés ».

Lors de sa conférence presse animée le mardi dernier, l’opposition s’était appuyée sur ces déclarations et les révélations de la presse pour estimer à entre « 300 à 500 milliards de perte » que la mine ferait subir à l’Etat burkinabè dans cette affaire. L’opposition qui clamait cette fraude de la mine d’Essakane accusait aussi le gouvernement de complicité.

Par Bernard BOUGOUM