Accueil Editorial Lutte contre le désordre climatique: quelle part pour l’Afrique?

Lutte contre le désordre climatique: quelle part pour l’Afrique?

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Il urge de sauver l'humanité de ce désordre climatique chaque jour plus menaçant (Ph. lemonde.fr)

L’heure n’est plus au discours mais à l’action. C’est la principale leçon à retenir du sommet sur le climat que Paris vient d’accueillir ce mardi 12 décembre. L’hôte de ce grand raout contre le désordre climatique, plus connu sous les qualificatifs pudiques de dérèglement ou de changement subit par le climat, s’est une fois de plus débarrasser de la légendaire langue de bois prisée en ces occasions pour dire combien la situation est alarmante. Le président français n’est pas passé par des fioritures pour dire que l’heure était grave. «On est en train de perdre la bataille». C’est le meilleur morceau d’un discours direct et très interpellateur de Emmanuel Macron qui prend ainsi le flambeau de son prédécesseur et mentor politique, François Hollande pour essayer d’attirer davantage l’attention sur la planète terre, menacée par le changement climatique. L’opportunité est du reste saisie par le premier des Français pour prendre la tête d’un combat noble pour l’humanité. La balle est d’autant plus à saisir au bond par Emmanuel Macron que Donald Trump a décidé de se retirer du jeu, pour des intérêts égoïstes et protecteurs des industries américaines. Sans forcément afficher un optimisme béat dans ce combat qu’elle est contrainte de mener alors qu’elle est la moins fautive, l’Afrique pourrait bien se réjouir de certains engagements que ce sommet a accouchés et qui le concernent au plus haut point.

S’il est temps de passer à la vitesse supérieure pour accélérer les mécanismes de financements, il n’en demeure pas moins que les pays africains doivent d’abord compter sur leurs propres initiatives en tournant par exemple le dos à l’exploitation à outrance de l’énergie fossile pour les énergies renouvelables. Le Burkina Faso, et les autres pays sahéliens fortement arrosés par un soleil trop généreux peuvent bien tirer un profit sans modération de cette chaleur pour produire de l’énergie à gogo. Certes, la tendance est en train d’être inversée mais c’est à se demander si les Africains, une fois de plus ne sont pas restés à la traine, dans l’attente que tout vienne encore des anciens colonisateurs. La preuve, c’est lors de sa dernière tournée en Afrique, que le président français a inauguré à Zagtouli au Burkina, la centrale solaire la plus grande de l’Afrique de l’ouest, un projet financé par…l’Agence française de développement (AFD). C’est dans la même logique de confier le sort du continent à l’Occident que les dirigeants africains ont encore répondu en masse au tocsin sonné par Emmanuel Macron dans le but de mobiliser des fonds pour accompagner les objectifs de la Cop21 abritée il a deux ans par Paris.

En tout cas, un florilège d’engagements vient d’être encore pris, au titre desquels il faut saluer celui du Gabon de jouer sa partition en tant qu’Africain, en crachant au bassinet de la lutte, la rondelette somme de 500 000 dollars. Question: combien de cop et de Sommets climat seront-ils encore nécessaire pour engager la limitation de la hausse des températures provoquée surtout par les hauts fourneaux occidentaux, américains et chinois? En tout cas, il sera temps que les résultats de ces rencontres et surtout les propres engagements que les Africains eux-mêmes prendront puissent se matérialiser dans l’urgence. Car nombre de pays du continent noir sont menacés par une crise alimentaire sans précédent, les saisons agricoles, fortement dépendantes de la pluviométrie n’ayant pas donné les récoltes escomptées.

Par  Wakat Séra