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Maca : deux organisations dénoncent « les entraves au droit sanitaire de Djibrill Bassolé »

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Djibrill Bassolé (Ph. rfi.fr)

A travers cette déclaration datée du 2 mars 2017, le Cercle d’éveil (Cedev) et l’Observatoire de la démocratie et des droits de l’Homme (ODDH) dénoncent les entraves judiciaires au droit sanitaire de Djibrill Bassolé, incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction des armées.

La presse nationale et internationale a largement fait cas de l’état de santé délicat de M. Djibrill Bassolé incarcéré à la maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) dans le cadre du putsch du 16 septembre 2015.  Les informations recueillies sur la place publique assurent d’une dégradation inquiétante de l’état de santé du détenu qui souffrirait depuis longtemps d’un problème du cœur. En rappel, on l’a vu s’écrouler en direct à la télévision lors d’un communiqué officiel avec le ministre turc des affaires étrangères en 2014.

Malgré une période d’hospitalisation récente de 48 heures suite à un malaise cardiaque qu’il a subi le 23 janvier 2017, à la Polyclinique internationale de Ouagadougou, M. Bassolé a été une seconde fois victime d’un autre malaise le 25 février 2017 et fut réadmis en clinique pour des soins.

Des investigations plus poussées nous ont permis de savoir qu’un rapport médical sur l’état de l’électrocardiogramme fourni par le médecin–traitant concernant monsieur Djibrill Bassolé exige en urgence des examens approfondis qui ne peuvent se faire au Burkina à cause de l’inexistence d’un centre cardiologique plus outillé pour effectuer lesdits examens indispensables à sa prise en charge sanitaire appropriée.

Il est établi aussi que le cas est officiellement connu auprès de la délégation régionale du comité international de la croix-rouge  (CICR) sise à Abidjan dont un des médecins en charge des détenus après avoir constaté les sérieux problèmes de santé du concerné a eu accès aux informations techniques liées au dossier médical de ce dernier à la suite d’un entretien avec le médecin traitant en date du 17 février 2017.

Il ressort également qu’un contrôle que devait effectuer Monsieur Bassolé dans la clinique de son médecin-traitant le 1er février à 9 heures lui a été  refusé par la justice militaire qui a exigé que le médecin traitant se déplace plutôt à l’infirmerie du camp militaire,  malgré le fait que celle-ci n’offre pas le plateau technique requis pour y rencontrer son patient afin d’effectuer ledit contrôle.

En outre, à ce jour, six demandes de mise en liberté provisoire ont été rejetées par la justice tandis qu’une septième demande reste encore sans réponse, alors même que les délais légaux sont dépassés.

Comme conséquence de cette situation, il y a une quasi-impossibilité pour monsieur Djibrill Bassolé, en sa qualité de détenu, de bénéficier de soins adéquats pour des motifs que l’on ignore, en totale violation du droit humanitaire et des instruments juridiques pertinents en vigueur.

Pourtant, les exigences et les règles en matière des droits des détenus  appellent un respect scrupuleux de la part de ceux en charge de les appliquer. La règle est que la peine d’emprisonnement ne consiste qu’en la privation de liberté de mouvement (aller et venir librement). Aucun autre droit du détenu ne devrait souffrir de la détention. Surtout, ses conditions de détention ne doivent pas être moindres que celles auxquelles il se trouve au moment de son arrestation.

Bénéficier ou recevoir des soins de santé pendant la détention constitue un droit fondamental de la personne humaine relevant des droits de l’Homme qu’on ne peut réduire, violer ou aliéner de quelque manière que ce soit et pour aucun motif.

La question de la santé du prisonnier en général, et celle de monsieur Bassolé en particulier, pose avec acuité le principe sacro-saint du droit à la vie et à la dignité humaine dont bénéficie la personne placée en détention.

Face à cette situation beaucoup préoccupante de remise en cause des droits fondamentaux du détenu mettant en danger la vie de monsieur Djibrill Bassolé, le Cercle d’Eveil et l’ODDH en leur qualité de mouvements de protection et de défense des droits de l’Homme :

  • Dénoncent les multiples entraves qui conduisent à la violation flagrante des droits fondamentaux de monsieur Djibrill Bassolé notamment celui de pouvoir se soigner de façon appropriée ;

  • Exigent que le droit d’accès de monsieur Djibril Bassolé à des soins de santé appropriés lui soit reconnu et pleinement respecté et qu’il puisse être autorisé à se soigner dans les conditions jugées favorables par les spécialistes afin de sauvegarder sa vie et toutes ses facultés afin de lui permettre de pouvoir faire face à la justice dans le cadre de son procès ;

  • Interpellent les autorités de la justice militaire sur leur devoir ainsi que leur responsabilité de veiller sur la santé, la vie et la dignité des personnes détenues à la MACA en les épargnant des mauvais traitements, dégradants ou humiliants ;

  • Appellent la justice militaire à aller vite au procès sur le putsch en vue de l’établissement de la vérité et la justice sur cette affaire du putsch manqué aux dessous énigmatiques; de permettre d’alléger la souffrance des victimes qui attendent toujours justice ; de mettre fin à la détention préventive illimitée, qui dure depuis près de 18 mois, des présumés coupables, lesquels multiplient les appels à pouvoir être jugés;

En tout état de cause, nos deux mouvements se réservent le droit de continuer à suivre de près l’évolution et la gestion des questions récurrentes de santé de Monsieur Bassolé ainsi que de celle de tous les détenus incarcérés dans nos prisons.

                              Ouagadougou, le 2 mars 2017

Ont signé

Evariste CONSIMBO

Président du Cercle d’Eveil (CEDEV)

 

Lookmann SAWADOGO

Président de l’Observatoire de la démocratie et des droits de l’Homme (ODDH)