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Mali: les dernières cartouches de Barkhane font mal!

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Barkhane en plein redéploiement dans le Sahel (Ph. illustration)

Barkhane vient de trancher, une fois de plus, une tête de l’hydre terroriste au Mali. Le scalp qui vient d’être ôté par les «Macron boys», est celui de Nasser al-Tergui, considéré comme un cadre important du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), proche d’al-Qaïda. Il figure désormais sur le tableau de chasse de la force française Barkhane qui est en train de faire son paquetage pour quitter le Sahel, mais demeure visiblement très décisive dans la lutte contre le terrorisme. Certes, ces coups meurtriers de Barkhane sont loin de mettre à genou les forces du mal, mais constituent la preuve que celles-ci subissent, tout de même, des pertes énormes, tout comme les armées et les populations civiles qu’elles endeuillent constamment dans le Sahel.

La neutralisation du numéro deux de la katiba du Gourma Serma et chef de la katiba du Gourma, sonne comme un signe de la détermination de Emmanuel Macron à ne pas négocier avec les terroristes. Selon la France, cette posture qu’elle adopte est également partagée par les pays européens qui rallient la force Takuba et même des Etats-Unis d’Amérique dont le service de renseignement, l’un des plus affinés de la planète, est au service des alliés dans la lutte contre le terrorisme.

Pourtant, le Mali, où la France, se bat, qu’elle agisse sous la bannière de Takuba ou comme force partenaire des Forces armées maliennes (FAMa) dans cette guerre asymétrique et comme sans fin contre les semeurs de la mort et de la désolation, est désormais dans une dynamique de négociations avec les terroristes, notamment les djihadistes du GSIM de Iyad Ag Ghaly. Et la neutralisation de Nasser al Tergui, l’expert en pose d’engins explosifs improvisés ressemble, à s’y méprendre à un nouveau signal de la France contre cette initiative malienne de tendre la main aux terroristes.

S’il faut reconnaître que c’est une ancienne pomme de discorde entre les deux pays, la volonté de Bamako d’engager des discussions avec Iyad Ag Ghaly et ses affidés ne datant pas d’hier, il ne faut pas non plus occulter le fait que la lutte armée, depuis maintenant plus d’une décennie n’a pas réussi à extirper le ver terroriste du fruit. Pire, la gangrène ne fait que progresser tant au Mali que chez ses voisins, notamment du Burkina et du Niger. Et cette limite de la riposte du canon pourrait bien justifier la décision des autorités maliennes de vouloir négocier la paix. Sauf qu’il faut toujours être en position confortable pour aller à ce genre de pourparlers. Ce qui est loin d’être le cas du Mali.

Pour le pays de Soundiata Keïta, négocier avec les groupes armés, c’est, sans autre forme de procès, aller à Canossa. Les prémices ont d’ailleurs été données dans l’accord de cessez-le feu, en souffrance, obtenu par les autorités de la région de Niono et dont le contenu révèle que les djihadistes ont fait très peu de concessions. En effet, contre la circulation sans limitation des habitants du cercle de Niono, y compris les chasseurs dozos, même armés, les djihadistes contraignent les femmes au port du voile, imposent à leur profit le paiement de la zakat par les populations et établissent une justice traditionnelle rendue par les kadis de la katiba Macina.

Tout ça pour ça, est-on tenté de dire en face de la maigreur des résultats engrangés au bout de la course aux négociations. Pire, le fameux cessez-le-feu a fait…long feu et les cuisiniers sont retournés au fourneau, pour essayer de le réchauffer. A moins que ces négociations, dont l’idée refait jour, comme par hasard, dans une ambiance de «je t’aime, moi non plus» entre la France et le Mali, ne soit qu’un moyen de glisser un autre caillou dans le soulier du président français qui est déjà bien embêté par le rapprochement entre le pouvoir de la Transition malienne et la Russie, par le biais de la société Wagner.

Pour que le sang des civils et militaires maliens arrête de couler et que la guerre cesse pour de bon, il faudra peut-être négocier, mais faire peser davantage d’arguments dans la balance pour l’infléchir du côté de la paix, mais la paix dans la liberté. Et ça c’est une autre paire de manches pour le Mali qui, en même temps, doit lutter contre la mal gouvernance de ses dirigeants civils et pour garder ces militaires dans les casernes et ne les faire sortir que pour la défense du territoire et la sécurité des populations.

Par Wakat Séra