Accueil A la une Mariage d’enfants au Burkina: tous au GALOP pour y mettre fin

Mariage d’enfants au Burkina: tous au GALOP pour y mettre fin

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Les patrons de médias posent avec l'épouse du président du Faso, Sika Kaboré (veste jaune)

Le phénomène du mariage d’enfants n’épargne aucun pays, malgré les efforts entrepris par les gouvernants pour y mettre fin. Le Burkina Faso n’échappe pas à cette pratique dont les conséquences, tant pour les mariés eux-mêmes que pour les familles et le pays, ne sont plus à prouver. Au «pays des Hommes intègres», 10% des femmes sont mariées avant l’âge de 15 ans et 52% des femmes, avant l’âge de 18 ans. Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), a fait l’amer constat que «le mariage des enfants est un problème social grave au Burkina Faso». Prenant le problème à bras-le-corps, et engagée dans le combat quotidien pour le mieux-être des populations, et plus singulièrement des femmes et des enfants, l’épouse du président du Faso, Sika Kaboré, à la tête du Groupe d’action de lobbying et de plaidoyer (GALOP), a décidé de mener la lutte contre ce fléau.

Le directeur de publication de Wakat Séra, Morin Yamongbé (à droite), a engagé sa structure dans le combat contre le mariage d’enfants

Ces femmes et hommes, au galop-au propre et au figuré comme l’indique le sigle de leur regroupement-contre le mariage d’enfants sont déjà au front depuis 2015, mais entendent rendre leur action plus efficace, grâce à la presse. C’est dans cette dynamique que, lors d’une rencontre que le GALOP, a organisé, le jeudi 17 août 2020, il a enregistré l’engagement d’une cinquantaine d’organes de presse. Les patrons de médias, privés et publics, conscients de la portée de cet autre défi qui s’impose au Burkina, ont épousé cette ambition du GALOP, signant, hic et nunc, un engagement à l’accompagner dans son noble combat au profit de l’humanité. Par ce geste, les directeurs des organes de presse marchent dans les pas de l’UNFPA, et d’autres structures comme l’ONG Voix de Femmes, des partenaires de GALOP.

Et ensemble, ils se sont lancés dans un galop, que tous espèrent victorieux contre les violences faites aux femmes, en particulier contre le mariage d’enfants.

Par Wakat Séra

Encadré

Le plaidoyer de Sika Kaboré au nom du GALOP

«Mesdames et Messieurs les patrons des médias,

(…) Permettez-moi de rappeler qu’au niveau de l’Afrique, 30 ans après l’adoption de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, notre continent reste toujours confronté aux grands défis liés aux droits et au bien-être des enfants.  En effet, dans l’ensemble, le taux de prévalence du mariage d’enfants en Afrique est supérieur à la moyenne mondiale.

Avec un taux de prévalence de 52%, le Burkina Faso, comme vous l’avez noté, fait partie des pays de l’Afrique subsaharienne où le mariage d’enfants est le plus pratiqué. Le phénomène touche toutes les provinces et toutes les communautés dans notre pays.

Cela signifie qu’une grande proportion des enfants de notre pays est, du fait du mariage précoce, obligée de mettre un terme à leur éducation ou leur formation pour s’occuper d’un enfant et d’un ménage.

Il est reconnu que le mariage d’enfants prive bon nombre de nos filles et de nos garçons, du droit de vivre une vie saine et satisfaisante.

Malheureusement, les données déjà alarmantes dans notre pays pourraient augmenter considérablement en raison de la croissance démographique.

Mesdames et Messieurs les patrons des médias

Je voudrais rappeler qu’au regard de toutes ses conséquences sur la santé des femmes et des enfants, le GALOP a fait de l’élimination du mariage d’enfant dans notre pays son cheval de bataille. Ainsi depuis 2017, nous avons entrepris une série d’actions de plaidoyer, de renforcement des compétences dans neuf des treize régions de notre pays à l’adresse des leaders politiques, administratifs, communautaires ainsi que certains corps socio-professionnels spécifiques.

Ces différentes activités nous ont permis de toucher plus de 2000 personnes.

A titre indicatif, je citerai entre autres :

  • l’organisation en 2017, d’un panel de haut niveau sur le mariage d’enfants qui a connu la participation personnelle de SEM le Premier Ministre et de huit (8) ministres dont les missions gouvernementales prennent en compte le mariage d’enfants;
  • le plaidoyer avec les femmes corps habillé, les artistes, les journalistes;
  • le plaidoyer avec les forces vives des régions du Centre Sud et du Centre Est lors des activités commémoratives du 11 décembre ;
  • la participation au plaidoyer pour accélérer le processus de révision et d’adoption du code des personnes et de la famille à travers la pétition en cours;
  • la récente formation d’une cinquantaine journalistes et communicateurs.

Mesdames et Messieurs les patrons des médias,

En raison du rôle important que la presse joue dans la circulation de l’information et l’influence des opinions et face à la persistance du mariage d’enfants, il nous a paru urgent de mettre les médias au cœur de la lutte contre ce fléau dans notre pays.

La forte implication des médias dans la sensibilisation de la population sur les conséquences du mariage précoce au-delà d’être une nécessité apparait aujourd’hui comme une urgence. C’est au regard de cette conviction, que le GALOP a organisé une session renforcement des journalistes et communicateurs sur la thématique et encouragé la création d’un réseau.

La présidente du GALOP, Sika Kaboré

Mais comme vous conviendrez avec moi, l’ensemble de ces initiatives ne peuvent être porteuses d’espoirs sans une implication des patrons des médias. C’est pourquoi, nous sollicitons l’accompagnement, mieux l’engagement des patrons que vous êtes dans cet exaltant combat pour mettre fin au mariage d’enfants dans notre pays.

Certes, nous devons reconnaitre et saluer le gigantesque travail d’information et d’interpellation de l’opinion publique sur ces problématiques sociales qui est quotidiennement abattu par les médias. Toutefois, nous avons la conviction que vous pouvez faire plus pour informer et éduquer l’opinion nationale sur les conséquences du mariage des enfants. C’est l’engagement que nous sollicitons auprès de vous ce matin.

Mesdames et Messieurs les patrons des médias,

Il est certain que quand nos filles ne seront plus victimes de mariage d’enfants, de mariages précoces et de mariages forcés, elles pourront réaliser leur potentiel et seront plus susceptibles de réinvestir dans leur famille et leur communauté et de contribuer par conséquent, au développement du pays.

La fin du mariage des enfants est donc une des clés de notre développement, car mettre fin aux mariages d’enfants, aux mariages précoces et aux mariages forcés est fondamental pour réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.

Pour cela, nous saisissons cette occasion pour vous exhorter, à prendre des mesures spécifiques, pour encourager et faciliter la publication dans vos médias de toute information qui pourrait contribuer à changer les mentalités, les perceptions sur cette problématique.

Le GALOP sait d’ores et déjà compter sur l’engagement de chacun, de toutes et tous. Chaque composante, maillon de notre société singulièrement la presse a un important rôle à jouer pour la fin du mariage d’enfants.

Mesdames et Messieurs les patrons des médias,

Nous atteindrons plus facilement la fin du mariage d’enfants en travaillant ensemble qu’en agissant seuls.

Ensemble il est possible de mettre fin au mariage d’enfants au Burkina et dans le monde.»

le GALOP est sur le terrain de la lutte contre le mariage d’enfants, depuis 2015