Accueil Editorial Mutineries en Côte d’Ivoire : la pilule de Docteur Ouattara ne passe...

Mutineries en Côte d’Ivoire : la pilule de Docteur Ouattara ne passe pas !

0
Les mutins avaient mis la Côte d'Ivoire sous coupe réglée (Ph. lemonde.fr)

« Le vieux forgeron disait un jour que le feu n’a pas d’ami ». C’est la véritable leçon que doit tirer Alassane Ouattara de cette nouvelle épreuve à laquelle le soumettent ses anciens amis. Ex-rebelles injectés, la plupart sans formation adéquate, dans les effectifs de l’armée ivoirienne pour services rendus, ils ont encore pris les armes, tiré en l’air, bloqué les corridors, terrorisé les populations et mis à mal l’économie ivoirienne et celles de pays voisins comme le Burkina Faso et le Mali. Et malgré l’accord qui aurait été trouvé entre eux et le gouvernement, et dont on ignore tout de la nature,  les mutins ont affiché toute leur détermination à aller jusqu’au bout de leur action, c’est-à-dire, obtenir les 7 millions, reliquat des 12 millions de francs CFA des primes promises à chacun d’eux par Alassane Ouattara, au temps où celui-ci voulait se faire roi à la place de Laurent Gbagbo.

Visiblement, les temps ont changé et les promesses avec. Le chef de l’Etat ivoirien, prétextant la situation financière difficile à laquelle est confrontée la Côte d’Ivoire, entend passer par pertes et profits le pactole dû à ses anciens anges-gardiens. Mais ceux-ci, depuis vendredi dernier, ont remis leurs revendications au goût du jour. Ils ont surtout placé la Côte d’Ivoire sous coupe réglée, car de Bouaké, l’épicentre de la crise, la mutinerie a essaimé dans les autres villes, atteignant en toute logique Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Entre-temps, les mutins, sûrs de leur fait et en excellents maîtres-chanteurs réclamaient même 20 millions de francs CFA ou le départ de Alassane Ouattara de la présidence. Cette nouvelle revendication qui n’a pas été rendue officielle, vient du fait que les manifestants suspectent certains des leurs de les avoir trahis contre cette somme. Les « judas » de service, parlant au nom de leurs camarades, dans une mise-en-scène grotesque et irréaliste orchestrée sans doute par le pouvoir, avaient en effet reconnu devant le chef de l’Etat enterrer leurs revendications, notamment les 7 millions de francs CFA qui leur étaient encore dus. La pilule était trop amère pour passer du côté de Bouaké !

En tout cas, les mutins se sont fait entendre, et de la pire des manières pour une Côte d’Ivoire où en quatre jours de crise, tout commençait à manquer. Les armes se faisant menaçantes, peu de gens s’aventuraient dehors. Du coup, les écoles et commerces ont fermé. Pire les routes étant devenues dangereuses et trop coûteuses à cause du rançonnement systématique des transporteurs, le ravitaillement de certaines villes était devenu problématiques. Les tirs de mécontentement ont fait des dégâts ! Il est donc temps que Alassane Ouattara tienne ses engagements et pas en tant que président de la république. Son deal s’étant passé hors république ne saurait engager aujourd’hui l’Etat ivoirien. Loin de jouer les avocats d’anciens rebelles qui empêchent les populations de chercher leur pain quotidien en toute quiétude, il faut tout de même reconnaître que la parole donnée doit être respectée. Sinon au lieu d’amener la Côte d’Ivoire vers l’émergence serinée à toutes les tribunes par lui, c’est au chaos que Alassane Ouattara risque de conduire son pays.

Quelle espérance de vie pour le fameux accord du reste dénoncé aussitôt pas les mutins ? Le ver est déjà bien logé dans le fruit. Du reste, les mutins sont les grands gagnants de ce bras-de-fer qui n’a sans doute pas livré toutes ses facettes. A contrario, c’est le chef d’Etat-major général des armées qui doit être dans ses petits souliers, lui qui avait imprudemment et dans la précipitation, annoncé le feu sur les mutins, pour rétablir l’ordre à Bouaké. Quel sera le prochain épisode de cette mauvaise série du non moins piètre scénariste Alassane Ouattara qui ne fait que récolter ce qu’il a semé ? Question à une boule d’attiéké !

Par Wakat Séra