Accueil Editorial Niger: que peut encore la CEDEAO?

Niger: que peut encore la CEDEAO?

0
Le président togolais, Faure Gnassingbé désigné par Niamey et la CEDEAO comme médiateur

Le Niger toujours au régime sanction! C’est l’une des informations importantes qui ressort du conclave des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) réunis à Abuja au Nigeria, ce dimanche. Cependant, une nouvelle donne est à considérer. Cette évolution de la situation constitue un véritable bémol, compte tenu des conséquences des mesures drastiques qui étouffent les populations depuis le coup d’Etat du général Abdourahamane Tiani: l’organisation sous-régionale qui compte agir en CEDEAO des peuples, maintient, à côté des sanctions, des couloirs de discussion avec le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) en place depuis le putsch militaire du 26 juillet 2023. C’est dans cette logique que la CEDEAO a désigné les présidents togolais, béninois et sierra léonais pour prendre langue avec les nouveaux hommes forts de Niamey.

Quand est-ce que Faure Gnassingbé, Patrice Talon et Julius Maada Bio débarqueront-ils dans la capitale nigérienne? Quel accueil sera-t-il réservé au trio de négociateurs qui doit ouvrir un dialogue qui aura pour fil d’Ariane la proposition au CNSP d‘une transition courte d’une année? Les militaires nigériens se résoudront-ils à libérer, comme l’exige la CEDEAO, le président Mohamed Bazoum et sa famille incarcérés tout comme d’autres ex-dignitaires nigériens aux arrêts? Les interrogations se bousculent dans toutes les têtes, surtout que désormais, le Niger fait partie de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), dont les trois pays membres fondateurs se sont définis des lignes communes de conduite, tant sur le plan de la défense du territoire, de la diplomatie, de l’économie, etc.

De plus, le CNSP n’a jamais caché sa proximité avec le Togo qu’il avait constitué d’office en médiateur dans le bras-de-fer qui l’oppose à la CEDEAO. Mais il n’en n’est pas de même pour le Bénin, dont le président, a été de ceux qui, en condamnant fermement le coup d’Etat au Niger, n’ont pas exclu, en son temps, la force comme alternative, en cas d’insuccès du dialogue pour déloger les putschistes du palais présidentiel. Il faut dire aussi que le président Faure Gnassingbé qui était déjà au centre des négociations entre le Mali et la Côte d’Ivoire dans l’affaire des «49 soldats ivoiriens» arrêtés à l’aéroport de Bamako le 10 juillet 2022, dispose d’un capital confiance important auprès des militaires qui ont pris le pouvoir par les armes dans la sous-région. Il a d’ailleurs reçu, chez lui au Togo, avant de se rendre à Abuja, le général Tiani dont il a certainement porté les préoccupations auprès de ses pairs de la CEDEAO.

Sans risque de se tromper, et tout en gardant l’espoir que les négociations connaissent une issue heureuse, il faut dire que ce n’est pas demain la veille du retour à l’ordre normal de la vie politique dans un Niger où les populations sont de plus en plus asphyxiées par les sanctions énergiques prises contre le pays suite au coup d’Etat du général Abdourahamane Tiani. Ce qui est certain, à travers la personne de Faure Gnassingbé, la CEDEAO tout comme Niamey, pourront compter sur un interlocuteur gage du maintien des fils du dialogue.

Par Wakat Séra