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Niger: «Tout est donc terminé?»

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L'ancien, Mahamadou Issoufou (à droite) comme montrant la voie au nouveau, Mohamed Bazoum

Ceci est une tribune du Dr EZIN Abraham pour qui «le Niger, pour une fois en soixante ans d’indépendance a vécu le 2 Avril 2021, la première alternance démocratique de son histoire politique».

Le Niger, pour une fois en soixante ans d’indépendance a vécu le 2 Avril 2021, la première alternance démocratique de son histoire politique. A cette occasion, le passage de témoins entre deux civils démocratiquement élus  a eu lieu. Cette alternance a été unanimement saluée  de par le monde, à en juger d’ ailleurs par cette cérémonie d’investiture, qui a vu une affluence peu ordinaire, en comparaison aux  cérémonies similaires tenues dans la sous région. La fête finie, les délégations étrangères amies et tous les invités sont rentrés chez eux, tandis que les citoyens nigériens que nous sommes, sommes retournés à  notre train train quotidien. La vie a repris son cours normal. Tout est donc terminé?

Non justement, tout ne doit pas s’arrêter là. C’est un acquis démocratique qui là, a été célébré ce 2 Avril, et cet acquis doit être sauvegardé, consolidé, comme on dit. Il faut que le pas que le Niger vient de franchir soit suivi d’autres pas encore plus prégnants, plus soutenus et pour cela nous devons nous améliorer en faisant davantage en matière de gouvernance politique. On dit de façon courante que la politique est l’art de gérer la Cité, il faudrait alors nous engager de façon à faire que cette gestion de la Cité soit des meilleures.

Pour aller dans ce sens, il y a un évènement sur lequel nous nous devons déjà de  nous arrêter. Pour une fois au Niger, une élection a été suivie de vandalisme, de saccages de biens publics et privés, voire de pertes en vies humaines, ce qui n’est pas une pratique connue chez nous. Si nous avons souvenance, par au moins deux fois, il est arrivé au Niger, que suite à une élection présidentielle, le candidat qui a  perdu félicite  le vainqueur par l’opportunité d’une visite chez lui, dans la pure tradition africaine. Ces actes ne doivent donc pas passer par pertes et profit, si nous voulons nous  projeter dans une démocratie véritable. Il faudrait que nous  arrivions à dire  plus jamais ça!

Le «nous» doit s’entendre d’ abord ceux qui sont aux commandes de l’Etat et les politiques, ensuite toutes les autres couches de la société à savoir les Autorités religieuses et traditionnelles, la société civile, les syndicats etc. Pourquoi ne devons nous pas faire la politique autrement en mettant plus  en exergue ce qui nous réunit comme on dit, que ce qui nous divise, faire qu’une fois les élections passées, chaque formation politique range ses «armes» pour que tous, nous nous consacrions à l’effort national de développement?

N’est ce pas ahurissant de constater que ceux qui nous ont «imposé» la démocratie comme on dit, organisent leurs élections et choisissent leurs dirigeants sans écarts outranciers de langage, à plus forte raison mort d’hommes? Il est bien temps de faire un examen de conscience et faire en sorte qu’émerge dans nos pays, une meilleure gouvernance politique.

Il faut pour ce faire commencer déjà par analyser le paysage politique qui prévaut chez nous. Est-il vraiment celui qui nous convient? Sinon, pourquoi ne pas lui faire le toilettage nécessaire, déjà qu’existe chez nous une structure dénommée CNDP (Comité National de Dialogue Politique) Que faut il améliorer chez nous, que faut il laisser en l’état? Est-il par exemple normal que pour un pays comme le Niger on enregistre plus d’une centaine de partis politiques au bas mot, au point où on assimile ces formations politiques à des arrières boutiques ou des épiceries tenant lieu de fonds de commerce politique? Il faut donc une réorganisation de tout cela afin de mettre un peu d’ordre. Une fois cela fait, envisager alors tout ce qui peut contribuer à une bonne organisation des scrutins et ce qui y est inhérent, afin de faire de nos élections des élections les plus libres, démocratiques, les plus  propres et transparentes.

Pourquoi les perdants ne peuvent ils pas humblement reconnaitre leurs défaites quand ils ont perdu, plutôt que de vouloir faire la politique de la terre brûlée, parce que tout simplement ils ont perdu?

Mon souhait est de voir tout simplement  mon pays être un exemple parmi ceux qu’on cite, et qui  est véritablement tourné vers son émergence ! C’est tout le sens de cette tribune.

Citoyennement, vôtre.