Accueil Editorial ONU: New York si loin et si proche du Sahel

ONU: New York si loin et si proche du Sahel

0
Les chefs d'Etat du G5 Sahel autour du Français Emmanuel Macron (Ph. lemonde.fr)

Depuis le Sahel où ils sont confrontés au quotidien aux attaques terroristes qui endeuillent sans distinction de pays des familles innocentes et plombent tout espoir de développement, les populations ont les yeux et les oreilles très proches de New York. En effet, le sort de millions d’Africains est suspendu au bon vouloir des grands de ce monde qui rechignent encore à mettre la main à la poche pour faciliter l’accouchement de la Force du G5 Sahel. Pourtant, le but de cette structure qui connaît un accouchement difficile est de traquer le terrorisme et le banditisme dans cette bande sahélo-saharienne prise en otage par ces individus sans foi ni loi qui l’écument presqu’impunément, justifiant leurs actes barbares par l’argument fallacieux de la religion. C’est donc conscients que la victoire dans cette guerre asymétrique qui les oppose aux terroristes, ne peut se dessiner que dans une vision unitaire, que le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Tchad et le Niger, avec le fort soutien de la France, ont décidé d’unir leurs forces au sein du G5 Sahel. Mais le nerf de la guerre fait défaut, car pour déclencher, au plus tard en octobre prochain, la machine de traque contre les djihadistes, bandits et trafiquants dont le Sahel est devenu le repaire imprenable, il faut rassembler 432 millions d’euros. Le pactole est loin d’être réuni malgré les 10 millions d’euros que comptent de mettre dans l’escarcelle chaque pays membre, les 50 millions d’euros promis par l’Union européenne et les 8 millions des mêmes euros que la France entend débloquer au titre de 2017 accompagnés d’aides opérationnelles et techniques.

Le casse-tête reste entier pour le déploiement de plus de 5 000 hommes prévus pour le démarrage et l’opérationnalisation de la force du G5 Sahel qui, bien qu’étant une initiative africaine servira davantage à protéger les intérêts occidentaux sur le continent. Plus que jamais, les Etats Unis et la Grande-Bretagne, les plus frileux dans ce financement de la force du G5 Sahel doivent mettre la main à la poche. Mieux, ce serait plus judicieux de leur part de se joindre à la locomotive française pour doter cette force des moyens idoines pour son fonctionnement. Il y va de l’équilibre de la planète et non du de la protection du seul continent africain dépecé et délesté de ses richesses naturelles et matières premières par ces mêmes puissances. Pire, bien des soucis de l’Afrique et plus particulièrement du Sahel tirent leurs origines de l’explosion par la France et ses alliés au titre desquels la Grande Bretagne de la Libye, dont les immenses stocks d’armes ont renforcé l’arsenal des djihadistes, augmentant leur puissance de feu face à des armées africaines démunies. Les Etats Unis, au lieu de rapatrier leurs ressortissants comme ils l’ont fait au Burkina Faso en faisant partir de ce pays les volontaires du Corps de la paix, pour des raisons sécuritaires feraient mieux d’encourager l’ONU, dont ils sont les premiers contributeurs à venir au secours du G5 Sahel. Les Africains ne doivent pas servir que de réservoir de voix dans lequel les gendarmes du monde ont coutume de puiser à satiété lors des votes déterminants entrant dans leurs intérêts égoïstes et devant consolider leur hégémonie sur le reste du monde.

Il le faut, cette 72è Assemblée générale, en plus des réformes indispensables pour faire de l’ONU une véritable machine au service du développement équitable de tous ses membres, devrait offrir au G5 Sahel sa caution morale et surtout financière pour contrer le terrorisme, cette hydre sans frontières. En attendant la grande réunion technique de Berlin, New York doit constituer un tournant décisif pour le G5 Sahel. Mieux vaut tard que jamais!

Par Wakat Séra