Accueil A la une Ouagadougou: lettre des résidents de la Cité de l’Avenir au président Ibrahim...

Ouagadougou: lettre des résidents de la Cité de l’Avenir au président Ibrahim Traoré

0

Dans une lettre ouverte adressée au président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, des résidents de la cité de l’Avenir réunis au sein d’une association, l’interpellent pour qu’il se penche sur leur situation.  

« LETTRE OUVERTE A SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA TRANSITION, CHEF DE L’ETAT.

Objet : Rendre Propriétaire les logements révolutionnaires de la cité de l’avenir au quartier Bénogo de Ouagadougou.

Dans le cadre de sa politique de logements sociaux, et d’assurer un logement décent à chaque Burkinabè de l’époque, le Conseil National de la Révolution (CNR), sous l’impulsion de feu le Capitaine Thomas Sankara, avait fait son cheval de batail, le bien-être des Burkinabè.

L’on se rappelle le fameux décret instituant la gratuité des logements pour une année en faveur des nationaux en 1983-1984.

Pour être en phase avec ce qui prévalait à l’époque, « un Burkinabè, un toit » que sont nés les Cités du 4 août, dans les provinces, les 1200 logements, cité An 2, An 3, An 4 B y compris la Cité de l’Avenir dédiés aux travailleurs et aux masses populaires de notre pays.

En 1988 avec l’avènement de la gestion séparée de la Régie Abidjan Niger, ex RAN, les compatriotes cheminots frappés par la mesure, se voient contraints de rentrer au Bercail, et c’est dans cet esprit de solidarité et d’assistance, que le gouvernement dépêcha une mission à Abidjan, en vue de rencontrer les compatriotes travailleurs touchés par cette mesure. C’est alors que des propositions incitatives ont été faites à tous ceux qui voudraient de façon volontaire rejoindre la mère patrie, avec les promesses suivantes ; à savoir entres autres, qu’ils seront attributaires de logements sociaux dans des cités, et en location-vente, les conjoints qualifiés seront intégrés dans la fonction publique et les enfants inscrits dans les écoles.

La réunion s’est tenue au sein de l’ambassade, sous le magistère de monsieur Yéro Boli, alors ambassadeur.

Les répartitions suivantes ont été opérées ;

Les cadres supérieurs logés à la cité an 4 B, les cadres moyens à la cité de l’Avenir, et les autres aux 1200 logements.

C’est alors que les 1ers locataires de la cité de l’avenir, ont intégré leurs logements ainsi que ceux des 1200 logements courant 1988, compte tenu de l’urgence.

Les déflatés affectés à la cité de l’avenir ont récupéré leurs clés au niveau de la Direction des Ressources Humaines de la SCFB et non à la CNSS, car un quota de villa leurs étaient réservées, vinrent ensuite les autres attributaires suite à un tirage au sort organisé par l’état dès 1989.

Que ne fût la surprise de ces derniers de se voir notifier des contrats de location simple ? Sankara était déjà mort, une belle occasion pour remettre tous ses acquis en cause, et tout porte à croire que les nouveaux dirigeants d’alors ont dévoyé volontairement la destination de ce projet et en faire désormais leur boîte à sous !

Que de démarches auprès des dirigeants qui se sont succédés à la tête de cette institution qu’est la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), souvent avec des tentatives de cession, au moins par 2 DG (Directeurs généraux), qui voulaient vraiment rendre justice en toute connaissance de l’histoire de cette cité, mais hélas bloquer par la suite sans raison apparente, mais certainement par manque de volonté politique.

Comment expliquer, Excellence, cette politique de 2 poids 2 mesures ? Pour le cas des ex cheminots, le même contingent rentré en même temps en 1988, ceux affectés dans les autres cités étaient en location-vente, aujourd’hui propriétaires depuis une vingtaine d’années, et dans le même temps, ceux affectés à la cité de l’avenir toujours en location simple ?

La CNSS, s’est toujours réfugiée derrière l’argument qu’elle ne fait pas dans la location-vente, mais simple, et dans le même temps il lui arrive de vendre des villas ? Ex : des villas construite à l’occasion des festivités du 11 décembre et autres ? Si tant est que les terrains leur ont été offert gracieusement par l’Etat et ou ces démembrements, la cité de l’avenir rentre dans le même cadre !

La cité de l’avenir, à l’instar des autres cités coloniales gérées par la CNSS, a une histoire particulière, qui reste un des acquis de la révolution d’août 1983.

En rappel, le site sur lequel est érigé la cité de l’avenir était un vieux cimetière et les riverains ont été déguerpis, sans dédommagement, ce, dans un élan patriotique, le terrain offert également gracieusement à la CNSS conformément à sa mission première de promotion de sécurité sociale, pour construire des logements en vue d’une location-vente destinée aux travailleurs et aux masses populaires.

N’est-ce pas réhabiliter le Président Thomas Isidore SANKARA que de refuser, de voir des familles expulsées de leurs maisons parce que le père ou la mère de famille, signataire du contrat de bail, est rappelé un jour à Dieu, alors qu’il en est propriétaire dans l’esprit ?

Rendre propriétaires les locataires de cette cité à l’instar de ceux des autres cités construites dans le même élan, et la même politique c’est aussi leur rendre justice.

Enfin, Excellence Monsieur le Président, Président du Conseil des Ministres, prendre la décision courageuse de rendre ces locataires propriétaires, comme les familles des autres cités le sont depuis quinze (15) ans, c’est aussi rendre justice, à tous ces efforts consentis par ces locataires qui pour, la plupart ont financé des travaux d’entretien et d’amélioration de leurs cadres de vie, de leur poche, sans le concours de la CNSS et sans incidence sur le loyer, plus de 30 années, des villas ont connu des incendies du fait de la vétusté des installations et réhabilitée par les locataires, entièrement à leurs frais, tout cela dans la perspective de se voir un jour propriétaire !

Excellence, monsieur le président, l’avènement du MPSR2 vient donner une lueur d’espoir à cette frange et bien d’autres burkinabè qui ont été lésés à une certaine époque de leur vie, de se voir rétablir dans leurs droits, vu que vous marchez sur les traces du père de la révolution burkinabè que vous incarnez à souhait, quoi de plus normal que de le réhabiliter, lui et ses œuvres.

Excellence, monsieur le président, des témoins du cabinet de feu Thomas Sankara à l’époque de la pose de la 1ère pierre marquant le début du chantier de construction des logements de la cité de l’avenir, sont toujours en vie, Dieu merci et beaucoup d’autres témoins oculaires, pour des besoins d’enquêtes.

Excellence, La cité de l’avenir reste et demeure incontestablement une cité de la révolution, c’est l’œuvre de la Révolution Démocratique et Populaire sous la houlette de feu Thomas Sankara, où une villa témoin lui aurait été dédiée et jamais habitée depuis sa disparition jusqu’à ce jour, 36 ans après.

Comment imaginez une telle situation si feu Thomas Sankara était en vie ?

Excellence monsieur le Président, les villas de la cité de l’avenir sont amorties depuis belle lurette, et le retour sur investissement consommé depuis 20 ans.

Excellence Monsieur le Président, Président du Conseil des ministres, c’est là tout le sens de cette importante requête que nous, résidents de la cité de l’Avenir, avons l’insigne honneur de soumettre à votre très haute appréciation, ainsi qu’à celle de votre gouvernement, vu que nos différentes demandes d’audiences et autres lettres à vous adresser courant juin 2023 n’aient reçues d’échos favorables, toute chose qui explique le choix de cette tribune.

Dans l’espoir d’une issue favorable à cette requête, veuillez accepter monsieur le président, notre plus haute considération.

.

                                    La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Association des Résidents de la Cité de l’Avenir (ARCA)
09 Bp 892 Ouaga 09.

Téléphone :70100304 /55013325/70282975.

N Identification : PKAD/0024 du 15 février 2022.

                                                          Pour Le Président de L’ARCA absent,

                                                                      Le Secrétaire Général

                                                                            Abdoul Karim Baro