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Petite accolade pour Ouattara et Gbagbo, grand espoir de paix pour la Côte d’Ivoire!

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Laurent Gbagbo (à gauche) et Alassane Ouattara, main dans la main (Ph. d'archives)

Un peu plus d’une heure d’entretien dans des retrouvailles très attendues par les Ivoiriens. C’était dans la soirée de ce mardi 27 juillet, au palais présidentiel d’Abidjan, où, après 10 ans, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo se sont retrouvés dans une rencontre cordiale, amicale et fraternelle, pour emprunter leurs mots aux deux hommes. La dernière fois qu’ils se sont vus, c’était le 20 novembre 2010, à l’occasion du débat télévisé inédit avant la présidentielle qui les opposera la même année. Puis tout s’est emballé. Les vieux démons de la violence qui n’avaient jamais cessé de rôder autour de la Côte d’Ivoire depuis la guerre civile de 2002, se sont emparé d’un pays qui essayait toujours de panser ses plaies sociales. Comptabilité macabre de la crise postélectorale, 3 000 morts et beaucoup de dégâts matériels.

Arrêté en avril 2011, Laurent Gbagbo, accusé, entre autres, de crimes contre l’humanité se retrouve devant les juges de la Cour pénale internationale. Les mêmes hommes de droit prononceront, au terme d’une longue procédure judiciaire, l’acquittement de leur client en 2019 et le confirmeront en mars 2021. L’ancien président contraint à l’exil à Bruxelles en Côte d’Ivoire rentre finalement au bercail le 17 juin dernier, à la faveur du train de la réconciliation remis sur les rails par le chef de l’Etat. Le temps a fait son œuvre, et revoici Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, main dans la main, devant des Ivoiriens médusés, mais heureux de vivre ces instants qui pourraient bien être les prémisses d’une réconciliation, la vraie.

Certes, la fracture socio-politique est si profonde en Côte d’Ivoire, qu’il serait bien illusoire de penser qu’une accolade, deux sourires et des mots aimables pourraient recoller pour de bon un tissu social presqu’en lambeaux. Mais l’espoir est là et comme le dit l’adage, il fait vivre. En tout cas, «la crise est derrière», a affirmé Alassane Ouattara, en réponse aux propos de son «frère Laurent» qui, lui, a dû se reprendre dans une hilarité dont il a le secret, pour servir du «M. le président» à son hôte «Alassane». Et les deux stars de ce jour historique, n’ont pas manqué de se promettre, dans les prochains mois, d’autres rencontres du genre, auxquelles, sans doute en pensant à l’ancien président Henri Konan Bédié, ils comptent associer d’autres acteurs politiques et d’opinion, à même de servir la cause de la réconciliation.

Ce qui est certain, ces entretiens «qui détendent l’atmosphère», selon Laurent Gbagbo montrent, à en croire Alassane Ouattara qu’il «est important de rétablir la confiance et de faire en sorte que les Ivoiriens se réconcilient (…)-car- ce qui importe aujourd’hui, c’est la Côte d’Ivoire, c’est la paix pour notre pays». Le message est sans équivoque et purgé de la part de doute que suscite logiquement le discours politicien calculateur, il garde toute sa teneur d’espoir et d’espérance. Comme l’a dit le philosophe chinois Lao-tzu, «même le plus long des voyages commence par un premier pas». La machine est peut-être donc lancée pour de bon, car Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo sont bien ceux par qui cette crise dévastatrice est arrivée.

La libération des prisonniers politiques, notamment ceux de la crise de 2010-2011, dont Laurent Gbagbo a plaidé la libération, était à l’ordre du jour de la rencontre tant attendue par les Ivoiriens. Mais la question de la condamnation, par la justice ivoirienne, à 20 ans de prison, de l’ancien pensionnaire de Scheveningen, dans l’affaire dite du casse de la BCEAO», a-t-elle été déflorée par les anciens rivaux? Sinon, avec d’autres sujets qui fâchent, elle remontera certainement en surface. On ne saurait occulter le souci de l’avenir politique des deux hommes, dans la mesure de la forte probabilité que Alassane Ouattara fasse modifier la Constitution, pour imposer un âge limite de 75 ans pour la présidentielle de 2025. Tout compte fait, cette option aura le mérite de mettre à la retraite, le trio Ouattara-Gbagbo-Bédié qui n’a que trop régné sur la scène politique ivoirienne. Ils sont là depuis des décennies!

La fièvre de la rencontre historique retombée, la Côte d’Ivoire retournera à son quotidien, qui il faut l’espérer sera de sérénité, sans cette haine et adversité constamment nourries par des lieutenants va-t’en guerre qui prennent en otage le pays à travers la presse et les réseaux sociaux. La paix, ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement, disait Feu Félix Houphouët Boigny. Alors, tous doivent se comporter en hommes et femmes responsables, pour une Côte d’Ivoire de paix, réconciliée avec elle-même.

Par Wakat Séra