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Peut-on sauver South African Airways ?

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South Africa Airways

L’Afrique du Sud est certes très fière de sa compagnie aérienne nationale, mais quand on connaît ses déficits que les Sud africains sont obligés de prendre à leur charge à travers l’impôt, on ne comprend plus trop la source de cette fierté. Dans son article (initialement publié en anglais par la Free Market Foundation)publié en collaboration avec Libre Afrique, Terry Markman, consultant et membre du comité de déréglementation des compagnies aériennes, explique la gouvernance chaotique de la compagnie aérienne South African Airlines (SAA) et pointe du doigt l’impact délétère sur les finances publiques. Il fait alors une série de propositions réalistes qui permettraient au pays de garder son rayonnement tout en arrêtant l’hémorragie financière.

Oui, il existe une vraie solution pour les problèmes de la compagnie aérienne nationale South African Airways (SAA). Il existe bien un plan qui pourrait mettre fin aux renflouements par les contribuables et satisfaire aussi le « stupide » désir des politiciens de voir flotter le drapeau national et conserver ainsi leur fierté nationale. Mais, il faudra vraiment beaucoup de courage.

Une gestion chaotique

Les conseils d’administration successifs de la SAA ont constamment mené à des échecs. L’ingérence politique, la corruption, la mauvaise gestion et le manque de prévoyance expliquent pourquoi la SAA reste bloquée dans des stratégies complètement dépassées. Combinez ceci avec des pertes financières croissantes, des fonds propres négatifs, pas de fonds de roulement pour acheter de nouveaux avions économiques en carburant, un manque de compétences à tous les niveaux, une lourde main-d’œuvre surmenée, des systèmes internes chaotiques, aucune gestion des stocks, un besoin incessant de renflouement des contribuables, une rotation aléatoire de nouveaux dirigeants et des stratégies tournant en rond, une ingérence politique constante et une incapacité à saisir les réalités de l’évolution rapide du marché de l’aviation signifient que la SAA ne s’en remettra plus jamais. D’aucuns pensent que la solution au problème de la SAA est de la fusionner avec une autre compagnie aérienne dans le même état lamentable (SA express). C’est tout simplement absurde. Comment penser que la combinaison de deux échecs sera couronnée de succès!

Un gouffre financier

Le gouvernement devrait retrouver le sens des réalités quant à la nécessité de disposer à tout prix d’une compagnie aérienne nationale. La SAA est en faillite et ne peut être sauvée sous sa forme actuelle. Chaque année, c’est plus de 5 milliards de rands de l’argent des contribuables qui s’évade en fumée. Il faudrait un financement gouvernemental de 21,7 milliards de rands juste pour atteindre son seuil de rentabilité d’ici 2021. En 20 ans, la SAA a absorbé 42,6 milliards de rands (sans compter les garanties de 19,1 milliards de rands), prélevés sur d’autres priorités nationales plus importantes que subventionner les voyages aériens des riches.

Comment s’en sortir ?

Ceci dit, il y a une solution possible pour sortir de l’impasse. S’il faut coûte que coûte une compagnie aérienne nationale, il ne doit pas nécessairement s’agir de la SAA en sa forme actuelle. Alors, pourquoi ne pas utiliser une autre compagnie aérienne qui porte les couleurs de la SAA avec une incitation commerciale à attirer des touristes, des hommes d’affaires et des investissements directs étrangers en Afrique du Sud, tout en garantissant la croissance et l’emploi et en remboursant les dettes et les engagements de la SAA en cessant de torturer et d’épuiser le contribuable. Trop beau pour être vrai?

Appelons la nouvelle compagnie aérienne «South African International Airways Company, SAIAC». Les activités internationales de la SAA devraient être séparées des activités domestiques, et la SAA deviendrait uniquement une compagnie aérienne nationale.

Par ailleurs, nous pourrons inviter des compagnies aériennes internationales à soumissionner pour exploiter la SAIAC. Les fonds pourraient être utilisés pour rembourser les emprunts et les autres engagements de la SAA. L’incitation résiderait alors dans la reprise de l’accord bilatéral existant de la SAA et les très précieux créneaux d’atterrissage. La SAA n’a pas utilisé de nombreux accords bilatéraux alors que des compagnies aériennes étrangères en demandent un maximum en Afrique du Sud et en souhaitent toujours plus.

La compagnie soumissionnaire retenue reprendrait le personnel et les actifs nécessaires à son activité ainsi que le programme «international» de miles. Les autres actifs seraient vendus séparément. Les employés, non repris par la SAIAC, seraient licenciés. Un juriste spécialisé dans le droit du travail estime que la majorité des membres du personnel pourrait profiter de l’offre d’un package d’un an pour se recycler. Le gouvernement serait responsable de toutes les obligations et garanties, mais cela serait financé par les fonds de l’appel d’offres.

Fin de l’ingérence étatique

La législation actuelle exige que cette nouvelle compagnie aérienne ait un actionnaire majoritaire sud-africain. Le gouvernement ne jouerait aucun rôle dans la nouvelle société, il n’y aurait donc pas d’ingérence politique qui pourrait embourber la SAA dans la corruption et la mauvaise gestion. Les pertes financières et les incessantes ponctions sur les contribuables prendraient fin. Ainsi, tout le monde vivrait soulagé, le drapeau national flotterait dans les cieux, plusieurs emplois seront sauvés, le programme des miles aériens se poursuivrait, des milliers de touristes et des hommes d’affaires visiteraient l’Afrique du Sud, des emplois seraient créés, des investissements étrangers importants seraient drainés, et les dettes et engagements de la SAA seraient purgés.

De toute évidence, de nombreux détails devraient être réglés, mais le principe demeure intacte: une nouvelle société, arborant les couleurs de SAA, capable de rivaliser avec d’autres compagnies aériennes internationales et de réaliser des bénéfices. Quelque chose que la SAA ne pourra jamais faire, quel que soit le nombre de renflouements futurs.