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Présidentielle au Sénégal: avec Khalifa Sall et Karim Wade mais sans Ousmane Sonko?

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Khalifa Sall et Karim Wade remis en selle? (Ph. France 24)

Ousmane Sonko vient d’enrichir son CV d’une nouvelle ligne: organisateur de concerts de casseroles. Ce n’est pas de la fiction encore moins un sujet pour amuser la galerie. Pour protester contre l’interdiction de son meeting d’investiture comme candidat à la présidentielle sénégalaise de février 2024, l’opposant a appelé ses partisans, à faire du bruit en faisant parler les casseroles. Dans certains quartiers de Dakar et d’autres localités du pays, comme Ziguinchor, ville casamançaise dont il est le maire et Mbacké, les casseroles sont effectivement sorties, non pas pour préparer le thiéboudiène, mais pour rappeler à Macky Sall que ses adversaires ne sont pas contents.

«Risques de troubles à l’ordre public». L’alibi est classique, régulièrement utilisé par les pouvoirs en place pour empêcher les militants des partis adverses de manifester. Sauf que, à moins de verser dans cet angélisme béat qui a toujours fait de l’opposant, un agneau sans défense face au loup vorace au pouvoir, dans le cas Ousmane Sonko, le leader du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique, et la fraternité (Pastef), l’argument n’est pas à écarter. Il milite même pour le pouvoir sénégalais qui a pris la décision d’empêcher cette activité de l’opposition.

Mis en cause et condamné par la justice de son pays à six mois avec sursis et deux ans par contumace, respectivement dans des affaires de «diffamation» et de «corruption de la jeunesse», l’opposant n’a eu de cesse d’appeler ses militants à des manifestations dont le bilan fait, déjà, état d’au moins 16 morts et de destruction de biens privés et d’infrastructures publiques. Les raisons ne manquent donc pas pour que l’homme soit privé de manifestation publique, lui qui dit être «séquestré» chez lui et qui risque une arrestation, qui peut intervenir à tout moment, selon le gouvernement sénégalais.

A quand la fin de ce feuilleton, à multiples épisodes, qui tient en haleine le Sénégal? Pour le moment, bien des acteurs qui jouent aux côtés d’Ousmane Sonko, héros ou zéro, c’est selon, sont en mauvaise posture à commencer par le numéro 2 du Pastef et président du groupe parlementaire de la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi, Birame Soulèye Diop, inculpé pour «offense au chef de l’Etat» et «actes de nature à compromettre la paix publique». De même, un mandat d’arrêt international a été lancé par le Sénégal contre Juan Branco, l’avocat français de Sonko, pour des «crimes et délits».

En tout cas, de grosses incertitudes continuent de planer sur la participation d’Ousmane Sonko à la course au fauteuil de Macky Sall. Contrairement à celles de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall et de l’ancien ministre Karim Wade pour qui sont plus que favorables les recommandations du «dialogue national» organisé par Macky Sall pour dégager le ciel socio-politique sénégalais où s’amoncellent d’épais nuages lourds à couper au couteau. En effet la session extraordinaire de l’Assemblée nationale qui s’ouvre ce jour, ne peut être que porteuse de bonnes nouvelles pour Karim Wade et Khalifa Sall qui ne seront plus loin des starting blocks de la prochaine présidentielle, dès lors que les élus auront fini de procéder à l’examen de projets de loi, au titre duquel la modification de la Constitution et le code électoral.

En rappel, l’ancien maire de Dakar avait été condamné à cinq ans de prison ferme pour «détournement de fonds publics», tandis que l’ancien ministre ramassait six ans ferme pour «enrichissement illicite». Si tous les deux avaient été graciés par le président de la République, il n’en demeure pas moins qu’ils étaient toujours privés de leur éligibilité et ne pouvaient donc prendre part à l’élection présidentiel de 2024, ni en tant qu’électeurs, encore moins comme candidats.

Macky Sall ayant signifié solennellement qu’il ne se hasarderait pas à une troisième candidature à sa propre succession, sauf revirement de dernière minute, cette présidentielle de février 2024, pour laquelle il n’a pas, pour l’instant un candidat déclaré, devrait jouer les arbitres, sera, probablement, bien ouverte. Avec ou sans Ousmane Sonko!

Par Wakat Séra