«Dans l’intérêt du parti, j’ai décidé de remettre entre vos mains, à vous les militants, mon mandat de président». C’est par cette expression dans laquelle le mot «démission» a été comme soigneusement, et à dessein, évité, que le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA, opposition), Tidjane Thiam, a annoncé sa…démission, ce lundi 12 mai. Si la déclaration a provoqué un séisme auprès des militants de base, et, surtout, au sein des populations, la décision, visiblement bien mûrie, en un temps record, ne fait que redonner la main à l’ancien banquier, qui vient de faire la preuve qu’il a fait des pas de géant en politique. Puisque, en rendant le tablier, il évite au PDCI-RDA de tomber dans les mains d’un administrateur provisoire que la justice aura choisi, si la cadre du parti qui a porté plainte contre Tidjane Thiam, gagnait son procès. En effet, la plaignante brandit l’illégitimité du président du PDCI, à qui elle reproche de s’être fait élire à ce poste, dans des conditions irrégulières, avec sa nationalité française.
N’étant plus président, Tidjane Thiam devrait, ainsi, ôter, tout grain à moudre à la justice. Qui plus est, s’étant défait de son statut de citoyen français, il pourra, pour le prochain congrès extraordinaire électif du parti, fixé au pied levé, pour ce mercredi 14 mai, se représenter et récupérer son fauteuil de président, demeurant le favori incontesté. La parade du PDCI contre l’élimination de son président de la course à la présidentielle d’octobre 2025 et les accusations en justice, semble, en tout cas pour l’instant, imparable. Surtout qu’en tant que président délégué, désigné par le président intérimaire, Tidjane Thiam, dans la réalité des faits, ne perd rien de ses attributs de président du parti. Car, il a pour rôle, selon la première disposition de la décision portant sa nomination, «d’assister le président par intérim du Parti, dans tous les aspects de la gestion et de la direction du Parti».
Comme du papier à musique, tout semble avoir été bien ficelé par les têtes pensantes du parti, pour que Tidjane Thiam, ait reculé pour mieux sauter! Sauf que, en dehors de ces rebondissements dont la politique possède seule, le secret, ça semble bien cuit pour Tidjane Thiam, qui ne figure pas sur la liste électorale, un document qui, à moins d’une décision politique, ne pourra être révisé, qu’après l’élection présidentiel d’octobre prochain. Pourtant, il n’y aura pas de plan B, ni de plan C, a prévenu le cheval du PDCI, qui, du reste, affirme qu’il sera, bel et bien dans la course pour le fauteuil de Alassane Ouattara, dont rien n’a encore, filtré d’officiel sur la candidature.
Plus elle approche, plus la présidentielle ivoirienne de cette année s’annonce bien pimentée! Avec l’épisode Tidjane Thiam qui est loin d’être fini, la température politique en Côte d’Ivoire ne fait que monter crescendo. Néanmoins, tous les Ivoiriens espèrent que les ressorts nécessaires seront trouvés, pour éviter, à la Côte d’Ivoire, l’ampleur morbide et sans précédent de la crise postélectorale de 2010-2011. Comme l’a chanté le célèbre groupe de musique Magic System, «premier gaou n’est pas gaou, c’est deuxième gaou qui est gnata», pour dire qu’on ne doit pas tomber deux fois, dans le même piège!
Par Wakat Séra
