Accueil Editorial Prestation de serment de Raila Odinga: le cirque était presque parfait!

Prestation de serment de Raila Odinga: le cirque était presque parfait!

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Et si l'opposant historique, Raila Odinga, se retirait en toute sagesse? (Ph. newvision.co.ug)

Cinq petites minutes et Raila Odinga a enfin réalisé le rêve de sa vie: être président. Après avoir contesté la victoire de Uhuru Kenyatta, l’opposant a mis à exécution sa menace de prêter serment comme président de la république. Après ce cirque auquel ont assisté des milliers de partisans de quel Kenya, Odinga sera-t-il le chef, la Constitution ayant déjà consacré son rival, qui lui, a affronté un électorat et a vaincu par les urnes? Si le ridicule tuait, Raila Odinga ne serait plus de ce monde. Sauf que son acte pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour le Kenya.

«Si quelqu’un veut s’opposer à ce mariage, qu’il se manifeste maintenant ou qu’il se taise à jamais». La formule est légendaire mais jamais éculée. Si elle a pour particularité de s’adresser à des personnes connaissant des aspirants au mariage à l’église, elle pourrait aller comme un gant à Raila Odinga qui a prétend vouloir diriger un pays dont il a boycotté l’élection présidentielle. L’opposant historique aurait voulu entrer et demeurer définitivement dans l’histoire comme celui par qui le malheur est arrivé dans son pays, à partir de 2018, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Alors que la communauté internationale et ses compatriotes y compris ses partisans qui ont certes mal digéré le jet d’éponge de leur champion, croyaient que Raila Odinga allait sagement et patriotiquement se tenir à carreau pour permettre au Kenya de renouer avec la paix et les sentiers du développement, voici que le descendant des Luo refait surface. Et de manière la plus inquiétante que soit pour le Kenya! Après la décision courageuse et historique de la cour suprême, qui, contre toute attente, avait annulé la présidentielle d’Août 2917 que Raila Odinga avait dénoncée comme massivement entachée de fraudes, on attendait plutôt l’adversaire de Uhuru Kenyatta aux urnes le 26 Octobre pour la reprise du scrutin. Mais rien n’y fit. Comme le fils prodigue de l’Evangile dont les moindres caprices sont satisfaits, Raila Odinga, justifiant l’un de ses nombreux surnoms, «Agwambo», le «mystérieux», se dérobe et laisse Uhuru Kenyatta gagner presqu’en roues libres.

Pourquoi vouloir réveiller les vieux démons du chaos, eux qui ne dormaient que d’un seul œil, prêts à endeuiller de nouveau le Kenya, certes coutumier de la violence politique? Aujourd’hui, les populations, dans leur ensemble, aspirent à humer l’air de la prospérité économique que doivent pouvoir leur garantir les richesses naturelles d’un pays dont les atouts touristiques sont très prisés. L’opportunité a été offerte, presque sur un plateau d’or à Raila Odinga d’aller à la conquête du fauteuil présidentiel qui lui a toujours échappé. L’ancien premier ministre, ministre à plusieurs reprises et député, ne transformera donc jamais l’essai de la présidentielle par les urnes. Et voyant inexorablement sonner l’heure de la retraite politique, le septuagénaire veut forcer le destin, quitte à marcher sur des cadavres pour accéder au palais présidentiel. Mais quelles seront les conséquences d’un tel forcing, alors que Uhuru Kenyatta dont la victoire a été reconnue et officialisée par la Cour suprême a enclenché son deuxième quinquennat  depuis le 28 novembre 2017? C’est une certitude, le président réélu ne cédera pas son pouvoir pour les beaux yeux de son rival à qui il a déjà consenti une deuxième chance.

Et si Raila Odinga se taisait pour de bon? Il n’est nul besoin d’être prophète pour le prédire, les jours prochains s’annoncent incertains pour le Kenya. S’il est vrai que le pouvoir doit respecter la liberté d’expression et même de manifestation, il n’en demeure pas moins qu’il doit maintenir l’ordre et la paix par les moyens républicains qui lui sont conférés. Et les Forces de sécurité kenyanes ayant la gâchette très facile, le pire est à craindre! En tout cas, le Kenya a ses deux présidents, pour une seule république.

Par Wakat Séra