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Procès dossier Thomas Sankara: « (…) du whisky pour me calmer », l’accusé Albert Pascal Belemlilga

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L’adjudant-chef à la retraite Albert Pascal Belemlilga, accusé de complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat, dans l’affaire dite de l’assassinat du président Thomas Sankara, à la barre le lundi 15 novembre 2021, a plaidé non coupable.

Appelé à la barre, l’adjudant chef à la retraite, Albert Pascal Belemlilga, a plaidé non coupable des faits de complicité d’atteinte à la sûreté de l’État à lui reprochés.

Il dit qu’il était au terrain de volley-ball du Conseil de l’Entente qui est à 75-100 mètres du bâtiment où se tenait la réunion à laquelle prenait part Thomas Sankara, pour faire le sport, quand les tirs ont commencé. « Nous avons fait plaquage au sol et après les tirs je suis allé rejoindre mon unité », a-t-il relaté.

C’est ainsi qu’il sera instruit de se mettre en tenue et rejoindre le camp CRS à Gounghin. Arrivé au camp CRS, selon l’accusé, il a appris que son unité a pris ces lieux. Le chef de peloton Bernard Kaboré lui aurait confié une mission de sécurisation de l’axe Rond-point de la Palestine-Kolog-naba.

Jusque-là, l’accusé dit qu’il ne savait pas ce qui se passait et il est allé à la mission sans aucune information.

C’est au cours de cette mission qu’il a rencontré Gaspard Somé, dit-il, qui l’a informé que le président Thomas Sankara est mort. « Cela m’a sonné et il m’a donné du whisky pour me calmer. Gaspard m’a dit qu’il a tué son chef de corps (Escadron de transport et d’intervention rapide ETIR) et qu’il se rendait au Conseil pour rendre compte », a déclaré l’adjudant chef Belemlilga.

Dans sa déclaration devant le juge d’instruction, selon le parquet, l’accusé avait déclaré que c’est son chef d’escadron Ouédraogo Tibo qui lui donnait les ordres de se mettre en tenue et de se rendre au camp CRS. A la suite des questions du procureur, il est revenu également sur sa déclaration en affirmant « que dès qu’ils ont entendu les coups de feu », il a « su que c’était un coup d’État et que cela pouvait réussir ou ne pas réussir ».

L’accusé en poste à Pô et qui était en mission à Tenkodogo est venu à Ouagadougou le 3 octobre 1987 pour la présentation de condoléances à la famille d’un de leurs éléments décédé le 2 octobre suite à un accident. Il dit qu’il est resté à Ouagadougou car il avait une compétition de volley-ball avec l’équipe de la présidence.

A la fin de son audition dans l’après-midi, l’adjudant chef Belemlilga en guise de dernier mot de son premier passage à la barre, a confié que « ça n’a pas été intéressant pour (lui) d’apprendre la mort » du président Sankara… « Pour moi, entre frères d’armes, ça ne devait pas arriver. aujourd’hui me voici confronté à une situation où je n’ai rien à voir », a-t-il soutenu.

A la suite de l’adjudant chef Pascal Belemlilga, c’est l’adjudant chef major Djakalia Démé d’être appelé à la barre pour relater sa version des faits.

Comme son camarade Belemlilga, l’adjudant chef major Démé est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. Le parquet pense qu’il a aidé à consolider le pouvoir des putschistes. Selon ses propos, il a été au Conseil de l’entente le 15 octobre 1987 à l’heure où les tirs ont commencé. Il affirme qu’il était avec l’adjudant Belemlilga au terrain de volley-ball pour un entrainement en vue d’une compétition à venir.

« Je ne reconnais pas du tout les faits », a-t-il répondu au juge à la suite de la lecture de ce pour quoi il comparait devant la Chambre de jugement du tribunal militaire. 

Il a relaté les mêmes faits que l’accusé Alfred Pascal Belemlilga. Mais selon le parquet, l’accusé, devant le juge d’instruction, avait signifié qu’il ne se souvient pas de celui qui leur avait donné les ordres d’aller se mettre en tenue et rejoindre le camp CRS. Mais pour sa défense, l’adjudant chef major soutient que cela fait longtemps que les faits se sont déroulés et il ne peut pas se souvenir de tout. « Maintenant ça me revient peu à peu. C’est le sergent Bernard Kaboré qui nous a instruit ce jour », a-t-il dit.

L’adjudant chef major Djakalia Démé a déclaré qu’une fois au camp CRS il a constaté que les gens étaient en alerte et l’ambiance était morose. Selon ses dires, le sergent Bernard Kaboré lui a donné l’ordre d’aller en reconnaissance derrière le camp. « Pour moi il était question d’aller sécuriser la population », a-t-il affirmé tout en reconnaissant avoir effectué des patrouilles.

A la question de savoir s’il était au courant que la Force d’intervention du ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité (FIMATS) était basée au camp CRS, il a soutenu qu’il ne savait l’existence de cette force. Il a affirmé également qu’il ne savait pas que c’était un coup d’Etat. « Avec les coups de feu on pouvait penser à un règlement de compte ou à des tirs de dissuasion », a-t-il poursuivi.

Son audition se poursuit demain mardi 16 novembre 2021.

Par Daouda ZONGO