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Procès du putsch manqué de 2015: «Je n’ai jamais tiré de roquette» (soldat Soulama)

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Le soldat de deuxième classe Seydou Soulama, accusé de quatre chefs d’accusation (meurtre, coups et blessures volontaires…) dans le dossier du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina, a soutenu à la barre ce mardi 17 juillet 2018, qu’il n’a «jamais tiré de roquette» sur quoi que ce soit lors des événements comme ce qui a été dit dans les procès-verbaux (PV). Il a souhaité que le tribunal mette à l’écart les différents PV, qu’il affirme les avoir signé sous le coup de menace, et le juger sur la base de ce qu’il dit devant lui.

M. Soulama qui a été radié en 2017 pour désertion et condamné à 10 ans de prison dans le dossier de l’attaque de la poudrière de Yimdi (à la sortie Ouest de Ouagadougou), a d’entrée de jeu demandé au tribunal de le juger par ses propos devant la barre et «non par les propos de quelqu’un d’autre». Il a rejeté les PV du juge d’instruction, notant qu’il n’a «jamais bénéficié de confrontation», alors que certains accusés lui prêtent des actes.

Poursuivi pour des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et dégradation aggravée de biens, le soldat de deuxième classe de la promotion de 2012, Soulama qui a moins d’un an de carrière dans le Régiment de sécurité présidentielle (RSP, auteur du coup d’Etat de 2015), dit ne pas reconnaitre les faits qui lui sont reprochés. Il a confié que le 16 septembre 2015 vers 17h, il a été appelé, à la demande de son binôme, par le sergent-chef Roger Koussoubé pour qu’il se rend immédiatement au camp Naba Koom II (camp du RSP).

«Quand je suis arrivé au camp j’ai vu des éléments de ma promotion. Tout le monde était là sauf ceux qui avaient des missions. Mon binôme m’a dit que comme tout le monde est là et qu’il ne me voyait pas, c’est pour cela qu’il a demandé au sergent-chef Koussoubé de m’appeler car il n’avait pas d’unité. Nous avons passé la nuit là-bas», a relaté le soldat de deuxième classe Soulama, du groupement d’intervention.

Selon Seydou Soulama, c’est le 17 septembre 2015 que le sergent-chef Lahoko Mohamed Zerbo est venu à leur niveau demander trois personnes pour une corvée. «Je fais partie de ces trois personnes désignées. Il nous a dit de laisser nos Kalachnikov que nous tenions», a affirmé le soldat Soulama qui dit qu’ils ont embarqué pour Zorgho (Plateau Central). «Au cours du trajet, c’est moi qui était désigné pour dégager les barricades qu’on rencontrait. Arrivé à Zorgho, le chef Zerbo m’a donné un secteur à surveiller», a poursuivi M. Soulama, notant qu’il ne sait pas ce qui s’est passé là-bas.

Après l’étape de Zorgho, le soldat de deuxième classe s’est rendu, avec le sergent-chef Zerbo, au studio de l’artiste burkinabè Smockey. «Là également on m’a confié la même mission de surveillance. De là où j’étais, j’ai vu une fumée qui sortait et j’ai rendu compte», a déclaré M. Soulama. Répondant à une question du parquet, il a fait savoir qu’il n’a «jamais tiré une roquette» sur le studio et qu’il ne sait pas non plus celui qui l’a fait.

A la barre il a affirmé qu’il n’a pas fait de patrouille ni de maintien d’ordre au moment des événements.

Le soldat Seydou Soulama, 27 ans, recruté dans l’armée burkinabè en 2012 et affecté au RSP en 2014, dit qu’il ne cherche pas à camoufler quoi que ce soit et que c’est ce qu’il a fait qu’il relate. Il a affirmé qu’il est venu dans l’armée par amour et la dissolution d’un corps ne le regarde pas. «J’ai seulement exécuté des ordres et c’est ce qu’on m’a appris lors de la formation», a-t-il confié accusant l’armée de ce qui lui arrive car, dit-il, «l’armée savait que le RSP n’est pas loyaliste, c’est un corps rebelle et elle m’a affecté là-bas».

L’audience de ce mardi 17 juillet 2018 qui a débuté avec l’interrogatoire du sergent-chef Ali Sanou, a été suspendue à 17h et reprendra mercredi avec la poursuite de l’audition du soldat de deuxième classe Seydou Soulama.

Par Daouda ZONGO