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Procès Marcel Tankoano et autres: Lookmann, Alain Alain et Zaïda reconnaissent les messages, Lota nie

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Les leaders d'opinions, Lota, Lookmann Sawadogo et Alain Alain

Les prévenus, les journalistes Lookmann Sawadogo et Alain Traoré appelé affectueusement « Alain Alain », ont reconnu, ce vendredi 23 juin 2023, à la barre du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Ouagadougou, les messages accablants, lus hier par le parquet, au deuxième jour du jugement en rapport avec l’affaire de l’Appel à incendier la cour de sa Majesté le Moogho Naaba Baongho. Mais, leur co-détenu, Abdoul Karim Baguian dit « Lota », avec qui ils ont échangé essentiellement sur WhatSapp, a nié la paternité des messages qui lui sont attribués après avoir remis en cause l’expertise de ses téléphones.

Le procès de l’affaire des deux audios dans lesquels des individus non identifiés appelaient à aller incendier le palais royal du chef des Mossé de Ouagadougou, le Moogho Naaba Baongho, a repris, ce jour 23 juin 2023, avec la confrontation des prévenus dont Abdoul Karim Baguian dit Lota et les journalistes Lookmann Sawadogo et Alain Traoré dit Alain Alain.

Le président du tribunal a demandé à ces trois prévenus s’ils reconnaissaient les messages dont ils se sont échangés au cours de leurs conversations, notamment par messagerie ou whatsapp. Les journalistes Lookmann Sawadogo et Alain Alain ont reconnu la paternité de leurs SMS avant de donner des explications en ce qui concerne les circonstances et précisé la teneur de ces communications, considérée comme une commission d’actes visant la déstabilisation le pouvoir de la Transition dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré.

Contrairement aux deux personnes, poursuivies dans cette affaire qui n’a de cesse occuper la Une de l’actualité depuis sa révélation dans les médias, M. Baguian dit « Lota » a nié les faits. Il dit ne pas reconnaitre ces messages que le ministère public lui attribue.

Mais Lota, s’est dit « soulagé » car ce procès permet de laver son image parce qu’il avait été présenté par le parquet comme faisant partie de ceux-là qui auraient appelé à saccager le domicile de sa Majesté le Moogho Naaba Baongho avec qui, il entretient des liens familiaux.

Le journaliste Lookmann Sawadogo a dit à Lota sur une de leur conversation SMS: « Je suis d’accord avec toi. Mais une lutte se prépare ». « Il y a une organisation de base à faire (parce qu’) on doit gagner et on va gagner », a poursuivi M. Savadogo qui s’adressait à Lota qui aurait incité les autres à « lancer l’assaut » final.

Des messages accablants entre l’activiste Naïm Touré et le journaliste Alain Alain, ont fait également l’objet de confrontation. Dans les propos, M. Touré disait à Alain Alain qu’il « espère se lever un matin et sourire parce que le régime est tombé ». Et le prévenu de répondre que « rien ne peut empêcher que ça pète dans ce pays un jour ». Mais, pour sa défense, il a affirmé qu’il exprimait ses propres opinions sur la conduite des affaires de l’Etat et dans cadre privé.

Des conversations de Lookmann Sawadogo avec Lota, son oncle, et de Pascal Zaïda ont été auditionnées. Dans ces échanges, ces prévenus discutaient du mode opératoire à mettre en place pour mettre fin au règne du président Ibrahim Traoré. Ils étaient à la recherche des solutions, dont le rapprochement avec certains leaders de la société civile et politiques. C’est la conviction du ministère public qui a estimé que tout porte à croire qu’ils voulaient déstabiliser le pays.  

Mais ces prévenus interrogés vont préciser les circonstances dans lesquelles ils ont fait ces échanges pour tenter de convaincre le tribunal. A la demande du juge pour savoir pourquoi Lookmann Sawadogo n’a pas dénoncé Lota quand celui-ci a dit de « lancer l’assaut », le il a rétorqué qu’il n’avait pas compris la phrase comme le parquet l’a comprise. Sinon, il allait le « raisonner » et s’il persistait il allait le « dénoncer ».

Marcel Tankoano, cité par le parquet comme le présumé cerveau de l’affaire, a dénoncé des menaces que le patron des renseignements burkinabè aurait fait à leur égard, eux membres du Front uni pour le Faso (FUF). « Depuis la publication de notre premier communiqué sur la situation nationale, nous avons reçu toutes sortes de menaces », a-t-il signifié. « Nous avons même reçu des menaces de la part du capitaine Oumarou Yabré, le directeur général de l’Agence nationale de renseignement(ANR) », a-t-il déclaré.

Son avocat, Me Paul Kéré s’est lui, plus appesanti sur la paternité des « audio horribles » pour lesquels on poursuit son client. Mais le procureur a répliqué en ces termes: « Me, si vous étiez resté dans la salle, vous auriez entendu que c’est un certain Yamel Yago qui a fait les audios ». Le ministère a laissé entendre que l’auteur des audios incendiaires est toujours recherché car il est en cavale. « Nous n’avons pas encore mis la main sur lui », a lancé le ministère public.

L’audience a été suspendue vers 16H00 (GMT) et reprendra demain samedi 24 juin à partir de 9H00 avec les réquisitions et les plaidoiries.

Par Bernard BOUGOUM