Accueil Société Procès putsch manqué: des milliers de «chiens» devraient entrer au Burkina

Procès putsch manqué: des milliers de «chiens» devraient entrer au Burkina

2

Le coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 dont sont accusés des éléments de l’ex-garde présidentielle burkinabè  a rencontré dès le départ une résistance menée par des civils qui ont été rejoints par la suite par des militaires venus des garnisons de l’intérieur du Burkina. La conjugaison des efforts de ces acteurs a permis de faire échec au putsch, obligeant les putschistes à remettre le pouvoir au gouvernement de la transition. Un procès a été ouvert, fin février 2018, en vue de situer les responsabilités sur cette affaire. Ce lundi 1er avril 2019, dans la présentation des pièces à conviction, il ressort que des «chiens» (mercenaires) devraient être recrutés et envoyés au Burkina pour aider les éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) à résister.

Le procureur militaire qui a débuté, le mardi 21 mars 2019, la présentation des pièces à conviction a terminé ce lundi 1er avril 2019, la lecture des éléments sonores qui mettent en cause plusieurs accusés et des personnalités de pays voisins.

Des éléments sonores auditionnés ce lundi, ceux qui ont retenu l’attention des parties aux procès, notamment du parquet et de la partie civile, c’est la communication attribuée à Fatoumata Diawara, ex-belle fille du général Gilbert Diendéré et au colonel ivoirien Zakaria Koné, celle de Dame Diawara et au caporal Saboué Massa de l’ex-RSP avec qui elle prenait des informations et donnait des ordres. Elle aurait incité des éléments de l’ex-RSP à sortir pour attaquer, quand la gendarmerie a mis aux arrêts, le 29 septembre 2015, celui qui devait leur donner de l’argent.

Il y a également une conversation supposée du capitaine Abdoulaye Dao avec un certain M. Ilboudou qui a été écoutée. Cette communication établirait le lien des putschistes avec des combattants à la frontière Nord du Burkina.  

De la conversation de Dame Diawara avec le colonel ivoirien Zakaria Koné, il ressort qu’il était prévu le recrutement de milliers de «chiens» qui devraient venir en renfort aux putschistes. «Mon patron m’a dit de chercher beaucoup de chiens. Même si c’est mille, tu sais que c’est bien», retient-on de ce que le colonel Koné aurait confié à Mme Diawara. Dans la même communication, Fatoumata Diawara a laissé entendre que «les Burkinabè sont des idiots» et qu’ «il faut les fouetter».

A la suite des éléments sonores, quelques éléments vidéo, en lien avec le putsch manqué, ont été projetés. Il s’agit, entre autres, des images des manifestations contre le coup d’Etat, à Ouahigouya (Nord), Fada (Est) et Dédougou (Boucle du Mouhoun). Il a été également visionné, l’arrivée des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), la rencontre entre le président sénégalais Macky Sall et des éléments de l’ex-RSP et la rencontre du général Diendéré avec les secrétaires généraux des ministères.

Pour le général Gilbert Diendéré, ces vidéos parlent d’elles-mêmes, du fait que selon l’accusé, elles corroborent ce qu’il avait dit devant le tribunal en ce qui concerne la présence de la hiérarchie militaire à ses côtés à l’aéroport pour accueillir les présidents de la CEDEAO venus pour la médiation.

Le général Diendéré qui, depuis la lecture des éléments audio, s’était abstenu de faire des observations, a fait remarquer qu’il a reconnu avoir communiqué avec des chefs d’Etat, le Moogho Naba, et plusieurs autres personnes, mais qu’il n’a pas compris pourquoi ces communications n’ont pas été mises à la disposition du tribunal. «Je n’ai pas entendu d’éléments sonores qui pouvaient me concerner entre la période du 16 au 25 septembre 2015», a dit le général Diendéré.

L’audience a été suspendue et reprendra demain mardi 2 avril 2019.

Par Daouda ZONGO