Accueil Société Procès putsch manqué: le général Bassolé refuse de «parler des enregistrements sauvages,...

Procès putsch manqué: le général Bassolé refuse de «parler des enregistrements sauvages, illégaux»

0
L'ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé (Ph. rfi.fr)

Le général de gendarmerie burkinabè, Djibrill Bassolé, poursuivi dans le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015, pour des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et trahison, a laissé entendre ce lundi 7 janvier 2019, à la reprise de l’audience, qu’il ne «veut pas parler des enregistrements sauvages, illégaux, manipulés et instrumentalisés». Selon l’accusé, le seul élément que l’accusation a contre lui est la pièce sur les écoutes téléphonies dont on ne connait pas l’origine.

Suspendue le 21 décembre 2018, l’audition de l’unique général de la gendarmerie burkinabè s’est poursuivie ce lundi 7 janvier 2019, avec les questions et observations du parquet militaire. Sur les questions de ce dernier qui sont focalisées sur les écoutes interceptées, l’inculpé a fait savoir qu’il ne répondrait pas et a invité le procureur militaire à présenter d’autres éléments s’il en a car il n’entend pas se prononcer sur «ce qu’on appelle écoutes téléphoniques».

«J’insiste là-dessus parce que j’ai l’impression que le procès va tourner autour de ça (les écoutes téléphoniques)», a affirmé le général Bassolé qui dit que ces écoutes ont été «fabriquées, manipulées, instrumentalisées (et sont) illégales». Pour lui, «il n’y a rien qui soit vrai» dans ces enregistrements.

Selon le général Djibrill Bassolé, l’expert qui a été choisi par le juge d’instruction, dans son rapport, a indiqué que les écoutes proviennent de l’internet vu «la gamme» que celles-ci laissent apparaître. Il dit que l’expert a «clairement dit que l’enregistrement n’est pas un enregistrement classique». Le deuxième élément avancé par l’accusé pour étayer sa thèse, est l’ordonnance de demande d’expertise. Dans cette ordonnance, le juge aurait demandé à l’expert «de voir si (les écoutes qui sont dans une clé USB) sont exploitables judiciairement». Le juge aurait demandé également de faire une comparaison des voix des personnes concernées, «ce qui n’a jamais été fait», a soutenu l’inculpé.

«Je veux bien discuter des enregistrements, mais qu’on me dise comment ils les ont eus, qui les a faits», a dit M. Bassolé qui soutient qu’il ne veut pas s’engager dans la discussion des choses dont il ignore l’origine. Il a dénoncé le fait qu’avant la circulation de «ce qu’on appelle écoutes téléphoniques» sur les réseaux sociaux, il n’a pas été questionné sur ces «fameuses écoutes», notant que cela le conforte dans sa position, à savoir que ce sont des éléments fabriqués contre lui. Il a aussi indiqué que celles-ci se «baladaient sous des vestes des politiques» qui montraient à des chefs d’Etat qui s’intéressaient à son incarcération.

Pour le parquet, ce sur quoi le général se base pour dire que c’est la conclusion de l’expert, n’est autre que la description des méthodes que l’expert a utilisées pour faire son travail. Pour lever le doute, le parquet a lu «la conclusion» du rapport d’expertise qui dit qu’il «n’y a ni indice, ni trace d’un trucage ou montage». «Je comprends l’embarras du général car ce n’est pas facile de dire que tel élément est conforme ou pas. Ce n’est pas ce qui est contenu dans les écoutes qui est mis en cause par le général mais la manière dont cela a été obtenu», a poursuivi le parquet militaire qui a lu la retranscription de plus d’une quarantaine d’écoutes concernant l’accusé. Selon le procureur, même si l’accusé refuse de parler de ces écoutes, des personnes avec qui il aurait conversé ont reconnu avoir tenu ces conversations. Il s’agit notamment du commandant Bila, a soutenu la partie poursuivante.

L’audience a été suspendue vers 17h (GMT) et reprendra demain mardi 8 janvier 2019 avec la poursuite de l’interrogatoire du général Bassolé.

Par Daouda ZONGO